L’artiste a affirmé à Libération, jeudi 13 février, être à l’origine de la publication des conversations privées, dont une vidéo à caractère sexuel, imputées à Benjamin Griveaux. Le député La République en marche a annoncé, ce vendredi, se retirer de la course à la mairie de Paris.
“[Il] veut être le chef de la ville et il ment aux électeurs.” C’est ainsi que Piotr Pavlenski, contacté par Libération ce jeudi 13 février, a justifié la diffusion sur internet des images intimes qui ont finalement poussé Benjamin Griveaux à renoncer à sa candidature à la mairie de Paris. L’artiste d’origine russe affirme avoir eu accès à ces documents par une “source” qui aurait eu une relation consentie avec l’ex porte-parole du gouvernement.
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Créateur du site à l’origine de la publication
Le site pornopolitique.com, sur lequel ont été publiées les conversations à caractère sexuel attribuées à Benjamin Griveaux, a été créé par Piotr Pavlenski en 2020. Sur la page de présentation, le site se revendique par ailleurs être la “première ressource pornographique avec la participation de fonctionnaires et représentants politiques”. On y retrouve alors les éléments de langage utilisés par l’artiste lors de son entretien avec Libération :
“Seuls les fonctionnaires et représentants politiques qui mentent à leurs électeurs en imposant le puritanisme à la société, alors qu’ils le méprisent eux-mêmes, intéressent pornopolitique. Le contenu pornographique diffusé n’est-il pas lié à la personnalité ni aux opinions politiques des fonctionnaires et représentants politiques mais à leur hypocrisie”.
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Contacté par LCI vendredi 14 février, Piotr Pavlenski, loin de regretter son geste, a indiqué vouloir aller encore plus loin. “Griveaux a été le premier, nous allons continuer. L’activité de mon site ne fait que commencer”, a annoncé l’artiste.
Des liens confirmés avec Juan Branco
D’après des informations récoltées par Mediapart, Piotr Pavlenski serait actuellement recherché par la police. Il est soupçonné d’avoir blessé deux personnes au couteau lors d’une soirée privée dans un appartement parisien le soir du 31 décembre 2019. Une fête co-organisée par l’avocat Juan Branco, qui se serait rapproché de l’artiste ces derniers mois, d’après le site d’information.
Interrogé par Le Point, l’avocat affirme avoir été consulté par Pavlenski concernant la mise en ligne de ces vidéos. “Il m’a consulté comme avocat. J’ai compris que, pour lui, c’était un acte politique” a-t-il déclaré, avant de poursuivre : “De la même façon qu’il s’était opposé au régime de Poutine, il était prêt à tout pour s’opposer au régime de Macron, qu’il considère comme tout aussi répressif”.
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Réfugié politique en France depuis 2017
Connu pour ses diverses performances artistiques dénonçant les actions du gouvernement russe, l’artiste, désormais âgé de 35 ans, affirmait être menacé de « dix ans de camps » dans son pays lorsqu’il est arrivé en France en janvier 2017. Quatre mois plus tard, ils avaient finalement obtenu le statut de réfugiés politiques auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
Artiste contestataire, il a notamment été condamné à un an de prison en 2019 pour avoir incendié une antenne de la Banque de France. Il avait aspergé d’essence deux fenêtres du bâtiment avant d’y mettre le feu, en octobre 2017. Une performance intitulée “Eclairage”.
https://twitter.com/sarahconstantin/status/919776800544346112
Avant son interpellation, il avait tout de même pris soin de distribuer un communiqué de presse aux journalistes présents sur place, comme le relate cet article du Monde. Ce dernier indiquait, entre autres : “La Banque de France a pris la place de la Bastille, les banquiers ont pris la place des monarques. (…) La renaissance de la France révolutionnaire déclenchera l’incendie mondial des révolutions”.
Lors de son procès, l’intéressé avait déclaré : “La seule chose que je veux, c’est déplacer la Banque de France de la place de la Bastille. Et vive les gilets jaunes !” , apportant ouvertement son soutien au mouvement.
En 2012, il avait témoigné tout son soutien aux Pussy Riots en se cousant les lèvres. A l’époque, deux d’entre elles avaient été condamnées à deux ans de détention dans des colonies pour femmes, pour avoir « profané » la cathédrale du Christ-Sauveur, à Moscou. Cette performance d’auto-mutilation lui a notamment valu d’être reconnu mondialement.
L’art politique au cœur de ses actions
Né à Saint-Petersbourg en 1984, il intègre une prestigieuse école d’art qu’il quitte avant d’avoir obtenu son diplôme. Très vite, il s’inscrit dans la ligne du groupe d’artistes-activistes-anarchistes Voïna, comme l’indique cet article des Inrocks.
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Oreille coupée, corps enroulé dans du fil barbelé ou encore testicules cloués au sol font partie de ses performances très médiatisées, dont le but est de dénoncer, toujours, la répression du Kremlin. En 2014, en hommage à la révolution ukrainienne, il avait brûlé des pneus à Saint-Pétersbourg. Un an plus tard, il mettait le feu aux portes du siège historique du KGB qui abrite désormais le FSB.
Sollicité, l’artiste n’a, pour le moment, pas répondu aux messages de notre rédaction.
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