Le 13 mars, Lady Gaga s’assurait un buzz international en se faisant vomir dessus lors d’un concert au festival SXSW à Austin (Texas). Loin d’être la conséquence d’un trop-plein d’alcool ou d’un début de grossesse, le vomi se faisait ici performance artistique. Qui, pourquoi, comment ? Explications. Emétophobes, passez votre chemin. Le 13 mars, Lady […]
Le 13 mars, Lady Gaga s’assurait un buzz international en se faisant vomir dessus lors d’un concert au festival SXSW à Austin (Texas). Loin d’être la conséquence d’un trop-plein d’alcool ou d’un début de grossesse, le vomi se faisait ici performance artistique. Qui, pourquoi, comment ? Explications.
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Emétophobes, passez votre chemin. Le 13 mars, Lady Gaga donne un concert sponsorisé par la marque de chips Doritos au festival texan South by Southwest (SXSW). Alors que la star, déchaînée, hurle dans un micro en tapant sur sa batterie, une jeune femme moulée dans un short noir pailleté s’enfonce les doigts dans la gorge à plusieurs reprises et lui dégurgite un liquide vert sur la poitrine. Puis, toutes deux perchées sur un taureau mécanique géant, Gaga se fait vomir un liquide noir sur le corps. La scène est filmée et fait le tour du Web:
http://www.dailymotion.com/video/x1gvd1w
Si on a d’abord cru que Lady Gaga avait demandé à une danseuse de pimenter son show, on a récemment découvert qu’il s’agissait en réalité de Millie Brown, une jeune artiste britannique de 27 ans qui utilise le vomi comme matériau artistique. Millie Brown a fait sa première scène à Berlin. Elle avait 17 ans. Derrière elle, étaient alignées sept bouteilles de lait, chacune teinte d’un colorant alimentaire différent. Elle a commencé par boire la rouge puis s’est fait vomir. Et ainsi de suite deux heures durant, jusqu’à repeindre la scène aux couleurs de l’arc-en-ciel. Interrogée par le Guardian à ce sujet, la jeune femme explique : « Je voulais utiliser mon corps pour créer de l’art. Je voulais que ça vienne vraiment de moi, créer quelque chose de beau, de cru et d’incontrôlable« .
Depuis, Millie Brown a co-fondé le collectif d’artistes londonien !WOWOW! et poste des vidéos de ses performances sur Youtube. Le principe est toujours le même: boire du lait coloré, s’enfoncer les doigts dans la gorge et vomir sur une toile blanche. Une Jackson Pollock du vomi en somme.
Utiliser son vomi comme peinture comporte des aléas. Millie Brown a du devenir vegan il y a cinq ans après s’être dégoûtée du lait de vache, qu’elle a depuis remplacé par du lait de soja. Elle souffre aussi régulièrement de migraines mais assure au Guardian que si elle se limite à deux ou trois couleurs, son « corps est parfaitement en forme après« . Point trop n’en faut.
Il y a aussi bien sûr la mauvaise réception. Sa performance au concert de Lady Gaga lui a valu d’être accusée de faire la promotion de la boulimie, notamment par Demi Lovato, qui en a souffert. La chanteuse américaine a tweeté: « Les jeunes qui cherchent à découvrir leur identité sont vraiment influencés par les choses que font leurs idoles« . Une pétition demandant à Lady Gaga « de mettre un terme à sa relation avec Millie Brown et d’arrêter d’utiliser une imagerie qui pourrait provoquer des troubles alimentaires chez ses fans » a même été lancée. Elle a déjà recueilli plus de 11 000 signatures. En réponse, Millie Brown a tweeté : « Je crois à la liberté d’expression absolue. Au fait de remettre en question les notions d’art et de beauté. Si l’art est votre moyen de communication, il ne devrait pas être censuré« .
I believe in absolute freedom of expression. Challenging perceptions of art & beauty. If art is your communication it should not be censored — Millie Brown (@Millie_Brown) 15 Mars 2014
Au Guardian, l’artiste s’est justifiée en invoquant le sexisme des remarques de ses détracteurs: « Je pense que c’est mal compris par beaucoup de gens. Mais ça n’a rien à voir avec des troubles alimentaires. Si j’étais un homme, personne ne ferait une telle association« . Pas faux.
Les performances de Millie Brown rappellent l’oeuvre Merde d’Artiste de l’artiste italien Piero Manzoni (des boites de conserve censées contenir ses excréments) perçue comme une critique de la société de consommation. On pense également à Wim Delvoye qui avait créé avec Cloaca un tube digestif humain géant avec sucs pancréatiques, enzymes, acides et tout le tralala (et qui produisait des excréments); ou encore à certaines performances extrêmes de Marina Abramovic.
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