Appelé à la rescousse pour remplacer Bruno Le Roux emmêlé dans une affaire d’emplois présumés fictifs, Matthias Fekl est le nouvel occupant de la place Beauvau depuis ce mercredi 22 mars au matin. Quel est son parcours ?
Une nomination de dernière minute pour un poste de courte durée. Elu du Lot-et-Garonne, Matthias Fekl remplace au pied levé, ce mercredi 22 mars, le ministre de l’intérieur Bruno Le Roux, empêtré dans une affaire d’emplois présumés fictifs. Lundi, l’émission de TMC, Quotidien, révélait comment le ministre aurait employé ses deux filles dès l’âge de 15 et 17 ans en tant que collaboratrices parlementaires, lorsqu’il était député.
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A tout juste un mois du premier tour de la présidentielle, Matthias Fekl sera principalement chargé d’assurer l’organisation de l’élection. Agé de 39 ans, il devient le plus jeune ministre de la Ve République à exercer cette fonction. Et ce n’est pas la première fois que l’élu est appelé à la rescousse puisque Matthias Fekl est entré au gouvernement en 2014 au poste de secrétaire d’Etat au commerce, après avoir remplacé Thomas Thévenoud, mis en cause dans une affaire de fraude fiscale.
Un Franco-Allemand au parcours brillant
Rare soutien de Benoît Hamon dans le gouvernement, il faisait jusqu’ici partie de l’équipe de campagne du candidat PS où il était responsable de « mission agenda 2017 » après avoir été pressenti comme directeur de campagne. « Il était chargé de la mise en place des premières réformes du futur quinquennat en cas de victoire du candidat socialiste », précise Le Monde.
Né à Francfort le 4 octobre 1977, il grandit auprès d’un père allemand et d’une mère française, tous deux professeurs de langues. Il a tout juste douze ans en novembre 1989, et assiste à la chute du mur de Berlin.
« Je me souviens (…) de scènes de liesse. C’était incroyable, tout s’est déréglé. Je me souviens qu’à la télé, un officiel est-allemand annonce la chute du Mur, c’est-à-dire la fin du XXe siècle (…). A cet âge on ne comprend pas tous les enjeux, mais on saisissait l’effervescence de la ville, on percevait qu’on était au cœur de l’Histoire « , raconte-t-il au JDD.
Le jeune Matthias rejoindra ensuite Paris pour faire ses études. Normal Sup (Lyon), Sciences Po, l’ENA, et deux maîtrises l’une d’allemand, l’autre de philosophie… Le nouveau ministre de l’Intérieur a un parcours brillant dont il sortira magistrat au tribunal de Paris, une fonction qu’il exercera jusqu’à 2010.
Un désir de renouveau
Fekl lancera ensuite sa carrière politique dans le Sud-Ouest. Il devient conseiller municipal à Marmande (Lot-et-Garonne) en 2008, puis conseiller régional de l’Aquitaine en 2010, et premier secrétaire fédéral au PS et député à partir de 2012. Un ancrage local cher à ses yeux : « Quand on veut faire de la politique, il faut avoir la légitimité au suffrage (…). Tout ce que je peux faire aujourd’hui vient du terrain », a-t-il déclaré en critiquant Emmanuel Macron qui considère au contraire que l’élection n’est pas une condition préalable à des hautes fonctions.
Membre du PS depuis 2011, il participe activement au club de réflexion « A gauche, en Europe », créé par Dominique Strauss-Kahn, Michel Rocard et Pierre Moscovici.
Matthias Fekl intégrera enfin le gouvernement en 2014 en tant que secrétaire d’Etat au commerce. A ce poste, il a lourdement œuvré pour donner du poids à la France dans le dossier du projet de traité de libre-échange avec les Etats-Unis (Tafta).
« Je me sens français et européen… avec une culture allemande, martèle cet européen convaincu. J’ai grandi à l’étranger, cela donne un autre regard. Penser à l’échelle d’un seul pays, ça n’existe plus. Sauf dans Astérix, ou Les Choristes. Mais c’est aussi ce qui m’a poussé à construire un ancrage local. «
Le 4 octobre dernier, jour de son 39e anniversaire, le jeune secrétaire d’Etat lançait son mouvement : Movida – le mouvement pour la vie des idées et des alternatives – qui vise à « porter la gauche de demain« , indique Le Monde. « Discrétion » et « professionalisme », sont les mots qui définissent le mieux le nouvel occupant de la place Beauvau, selon Jean-Pierre Bel, ancien président du Sénat dont Matthias Fekl fut directeur de cabinet puis conseiller entre 2010 et 2012.
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