Gay, métis et jeune… A 38 ans, Leo Varadkar casse tous les codes en devenant le nouveau Premier ministre de l’Irlande. Ce progressiste, surnommé le « Macron irlandais », marque un tournant dans ce pays très catholique.
Il avait fait son coming out en plein direct: « I’m a gay man », lâchait-il sur RTE Radio 1, en 2015. Il était alors le premier membre d’un gouvernement irlandais à afficher son homosexualité. Deux ans plus tard, son nom est plus que jamais à retenir : Leo Varadkar vient de devenir le nouveau Premier ministre de l’Irlande. Un chef de l’exécutif gay, une première en Irlande.
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Le 2 juin, Leo Varadkar a été choisi pour prendre la tête du parti centre-droit Fine Gael. En accédant à ce statut, il devient automatiquement Premier ministre, puisque l’ancien leader Enda Kenny avait démissionné après six années d’activité.
Sa victoire a même été écrasante : il a récolté 60% des votes des députés, des élus locaux et des militants du parti, face à son concurrent Simon Coveney, l’actuel ministre du logement.
L’homme de 38 ans, ancien médecin généraliste, avait déjà porté plusieurs casquettes politiques : à 25 ans, il était déjà conseiller municipal. Avant ses 30 ans, en 2007, il faisait son entrée au Parlement. En 2011, il devinait tour à tour ministre des transports, du tourisme et des sports, puis de la santé et enfin de la protection sociale.
Minister @campaignforleo has been deemed elected as the new Leader of Fine Gael. #FGLE17 pic.twitter.com/JpWEUm1AeX
— Fine Gael (@FineGael) 2 juin 2017
Le symbole d’une révolution
Sa victoire phénoménale témoigne d’un profond changement dans le pays. Leo Varadkar incarne le nouveau symbole d’une révolution : en plus d’avoir été le premier membre d’un gouvernement irlandais en activité à afficher son homosexualité, il est le fils d’un immigré indien, par son père, et d’une mère irlandaise. Il est aussi le plus jeune Premier ministre jamais élu.
Avec ces trois particularités, Leo Varadkar n’aurait jamais pu être élu il y a encore quelques années. En Irlande, la tradition catholique reste très forte pour la majorité des 4,6 millions d’habitants.
« A travers le monde, les regards se tournent vers l’Irlande pour se rappeler que c’est un pays où peu importe d’où l’on vient, ce qui compte c’est là où vous voulez aller », a-t-il déclaré lors de l’annonce des résultats. « Mon père a parcouru plus de 8 000 kilomètres pour bâtir un foyer en Irlande, il ne se doutait pas un seul instant que son fils pourrait un jour grandir et diriger le pays », a-t-il poursuivi avec fierté.
En Irlande, l’avortement reste interdit, sauf si la vie de la mère est en danger, et l’homosexualité n’a été décriminalisée qu’en 1993. En mai 2015, pourtant, le pays commençait à marquer un premier tournant, en étant le premier à légaliser le mariage homosexuel par référendum, qui était demandait par plus de 60% des votants.
Pendant sa campagne, Leo Varadkar avait fortement milité en faveur de ces mesures, en affichant déjà son homosexualité. Pourtant, il refuse qu’être cantonné à l’image de « l’homme politique gay » : « Ce n’est pas quelque chose qui me définit. Je ne suis pas un homme politique moitié indien ou gay ou un médecin. Ce sont juste des aspects qui font ce que je suis. Mais aucun de ces termes ne me définit en tant que tel », expliquait-il lors de son coming out, sur RTE Radio 1.
La fin d’une politique de rigueur ?
S’il incarne un « renouveau politique », il ne devrait pas non plus changer fondamentalement la politique de rigueur menée par son prédécesseur et son parti. En 2015, alors qu’il soutenait le mariage gay, il défendait également des mesures d’austérité économique, exactement comme la majorité de son parti Fine Gael. Ses positions politiques sont « clairement conservatrices », rappelle même le journal local Irish Independent.
Il soutient des mesures très controversées en Irlande : il veut notamment baisser l’impôt sur les plus hauts revenus, et empêcher les travailleurs des secteurs publics « essentiels » de faire grève. Si le parti de centre gauche, avec qui Fine Gael dirige le Parlement, a beaucoup critiqué ses positions, certains spécialistes expliquent que Leo Varadkar pourrait profiter de cette nouvelle popularité pour organiser des législatives anticipées.
Le « Macron irlandais »
Pendant sa campagne « Campaign for Leo« ,Leo Varadkar disait défendre une politique « progressiste ». Un peu comme Emmanuel Macron, à tel pour que certains médias locaux le surnommaient déjà le « Macron irlandais ». D’ailleurs, l’homme ne s’était pas caché d’apporter son soutien au candidat En Marche ! dans l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, photo à l’appui.
.@finegael Bonne chance M. Macron For a stronger France is a stronger Europe @EmmanuelMacron pic.twitter.com/zmmGCf5Y1k
— Leo Varadkar (@campaignforleo) 1 mai 2017
Il lui empreinte aussi une autre méthode bien propre à Emmanuel Macron : l’art de la communication en images.
Thank you pic.twitter.com/qj04UVzIek
— Leo Varadkar (@campaignforleo) 2 juin 2017
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