Coup de théâtre : alors que le journaliste Christophe Hondelatte avait annoncé le 26 août dernier l’arrivée du frontiste Jean Messiha au poste d’éditorialiste sur Europe 1, la direction de la radio a démenti l’information mardi, invoquant certaines de ses publications jugés racistes sur les réseaux sociaux.
Coup de théâtre : alors que le journaliste Christophe Hondelatte avait annoncé le 26 août dernier l’arrivée du frontiste Jean Messiha au poste d’éditorialiste sur Europe 1, la direction de la radio a démenti l’information mardi, invoquant certaines de ses publications jugés racistes sur les réseaux sociaux.
Le verdict est tombé. Contrairement à Raquel Garrido, Jean-Pierre Raffarin, Roselyne Bachelot ou encore Aurélie Filippetti, Jean Messiha ne rejoindra pas la longue liste des politiques devenus chroniqueurs. Celui qui a rejoint le Front national en février 2016 devait pourtant intervenir régulièrement sur Europe 1, dans l’émission Hondelatte raconte. Mais au vu de certains tweets du frontiste qu’elle juge racistes et complotistes, la direction de la radio fait finalement marche arrière. « Christophe Hondelatte et moi avons échangé, et je lui ai dit que ce ne serait pas opportun, eu égard aux polémiques que lance monsieur Messiha, notamment par voie numérique” a déclaré le vice-président de l’antenne, Frédéric Schlesinger, aux journalistes de BuzzFeed News.
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#Europe1CensureMessiha
Une décision qui place Jean Messiha au cœur des polémiques 2.0. Sur la plateforme à l’oiseau bleu, un grand nombre d’internautes ont dénoncé un acte de censure de la part de la radio, alors que Christophe Hondelatte a défendu son choix au nom de la démocratie. Le hastag #Europe1CensureMessiha fait désormais florès et continue d’alimenter le débat.
Surpris que cela vous surprenne !! On ne serait plus en démocratie…et on aurait oublié de me le dire ???
— HONDELATTE (@hondelatte) 26 août 2017
D’accord ou pas avec @JeanMessiha, sa censure est une honte pour le débat démocratique. Ou sont les Charlie? @hondelatte #E1CensureMessiha
— Pierre ☨ (@pierrechrrn) 29 août 2017
Marine Le Pen, elle, a déclaré que la presse avait “visiblement un problème avec le pluralisme que suppose la démocratie”, tandis que le maire FN d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois a dénoncé les “tolérants autoproclamés”, qui restent d’après lui “les pires censeurs”. Enfin, le principal intéressé, lui, se présentait déjà comme insurgé face aux polémiques au cours d’un entretien avec Le Point avant même d’être officiellement poussé vers la sortie par Europe 1. « C’est scandaleux. La démocratie, c’est la pluralité des opinions. Ça ne me viendrait pas à l’esprit d’empêcher un mélenchoniste de parler alors que nos idées sont aux antipodes » proclame-t-il, amer.
.@JeanMessiha interdit d’Europe 1 : la presse a visiblement un problème avec le pluralisme que suppose la démocratie. MLP #E1CensureMessiha
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 29 août 2017
Les tolérants autoproclamés sont en fait les pires censeurs : un exemple éclatant avec la mise a l’écart de @JeanMessiha ! #E1CensureMessiha
— Steeve Briois (@SteeveBriois) 29 août 2017
Juste un quiproquo ?
Mais Jean Messiha devait-il vraiment officier en tant que bras droit de l’éternel présentateur de Faites entrer l’accusé ? Ou ne devait-il être invité que le temps d’une émission ? Le doute plane et les différents porte-paroles d’Europe 1 peinent encore à accorder leurs violons. Aussi, Frédéric Schlesinger a tenu à s’expliquer sur ce qu’il présente comme un malentendu. “Je crois que Christophe [Hondelatte] a parlé un peu vite. Moi, il ne m’a pas dit qu’il serait éditorialiste, mais seulement invité. Ses explications étaient recevables. Maintenant, c’est moi qui décide. Je ne crois pas qu’il sera invité […] Moi, je n’ai signé aucun contrat avec monsieur Messiha”, a assuré l’ex-dirigeant de France Inter.
Un « Français de souche »
Il faut dire que l’homme politique âgé de 46 ans n’a pas la langue (ou plutôt les tweets) dans sa poche. Conseiller de Marine Le Pen, passé par l’ENA quatre ans avant Florian Philippot, Jean Messiha était en charge du programme présidentiel de la candidate FN durant sa dernière campagne. Mais est également le porte-parole des « Horaces », un club de hauts fonctionnaires et de cadres du privé qui aliment régulièrement la présidente du parti extrémiste en notes et propositions.
Ouvertement anti-immigration (bien que né en Egypte dans une famille copte), celui qui se présente « français de souche par assimilation » sur Twitter (aucun lien avec le blog Fdesouche) n’a jamais cessé de partager à l’envi ses idées identitaires sur les réseaux sociaux, devenus sa tribune politique. Ne manquant pas de créer stupeur et tremblements auprès des internautes. Comme par exemple lorsqu’il évoque, au lendemain de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, sa stupéfaction quant au fait que les « 5 millions de musulmans » vivant en France ne soient pas fichés S.
Toujours sur le réseau social, le frontiste n’hésite pas à partager des théories complotistes sans preuves ou sources. En pleine campagne présidentielle, il avait ainsi assuré dans un tweet que les informations sur un attentat visant des policiers sur les Champs-Elysées avaient volontairement été retenues uniquement pour favoriser la candidature d’Emmanuel Macron.
Emulation intellectuelle
Ainsi, Jean Messiha ne fera pas sa rentrée sur Europe 1. Mais sa reconversion sur les ondes ou, pourquoi pas, la petite lucarne, n’est peut-être que partie remise ? En effet, si l’homme politique n’a pas fait part d’autres projets, il semble bien déterminé à « émuler nos cerveaux ». Même si, paradoxalement, les médias restent sa bête noire. « Je suis toujours remonté contre les médias du système, avouait-il au Point, toujours avant de se savoir écarté par la radio du groupe Lagardère. Je ne deviens pas journaliste, mais éditorialiste. Je suis là pour réfléchir. Mon but c’est de créer de l’émulation intellectuelle. » Ne lui reste plus qu’à trouver un médium assez « audacieux » pour l’accueillir donc.
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