Alors que l’élection présidentielle brésilienne d’octobre prochain se précise, le député Jair Bolsonaro compte bien profiter de la récente incarcération de l’ancien président Lula pour grimper dans les sondages.
Derrière la figure messianique qu’incarne Lula depuis plusieurs décennies, le populisme s’intensifie au Brésil. Surtout depuis que l’ancien président a été condamné en appel à une peine de douze ans et un mois de prison pour corruption. Le ras-le-bol est général, et le député d’extrême droite Jair Bolsonaro pourrait bien en tirer profit. Connu principalement pour ses frasques fascistes, il s’impose aujourd’hui comme le favori logique pour l’élection présidentielle d’octobre prochain.
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Car si la candidature de Lula da Silva était encore une hypothèse crédible il y a quelques jours, son incarcération le 7 avril dernier risque de sceller définitivement son sort, et doucher le soutien populaire dont il a presque toujours bénéficié jusqu’à présent. Derrière le « père des pauvres », qui caracolait en tête des sondages avec 36 % des intentions de vote, on retrouve le député extrémiste de Rio de Janeiro, qui pointe à 18 %.
L’échec de Lula
Alors forcément, il apparaît maintenant comme le favori pour la prochaine élection. Lui qui se présente comme « sauveur de la patrie », et se réjouit des malheurs de Lula. « Pas l’échec de Lula, mais la victoire de la justice ! », s’est notamment exclamé Jair Bolsonaro en conférence de presse lundi 9 avril. « Le citoyen est fatigué », avance-t-il, avant d’évoquer « le délabrement des valeurs familiales », le « chômage effrayant », la « violence » qui règne dans le pays. « On a donné, hier, une réponse positive au futur candidat qui prendra le Brésil au sérieux », a-t-il conclu.
Agé de 63 ans, l’ancien militaire ne souhaite pas laisser passer cette opportunité. Avec son discours conservateur au possible, il est devenu une réelle alternative pour les personnes les plus aisées du pays, mais aussi les désabusés des présidences successives de Lula et Dilma Roussef, marqués par des affaires de corruption à répétition.
Une réputation sulfureuse
Désormais affilié au Parti social-libéral (PSL), Jair Bolsonaro débute sa carrière de politicien en 1988. Année où il représente le Parti démocrate chrétien et est élu conseiller municipal de la ville de Rio de Janeiro. En 1991, il devient député fédéral. Un statut qu’il depuis presque 30 ans, mais au sein de partis différents.
S’il change régulièrement de camp, Jair Bolsonaro revendique des valeurs qui lui sont propre, et son discours n’a guère évolué depuis ses débuts. Toute notion de gauche le répugne, ainsi que tous les symboles qui s’y rapportent. Lui défend la peine de mort, la torture et le port d’armes. Et se dit « nostalgique » de l’époque où le pays était encore une dictature militaire.
« Le Brésil par-dessus tout »
Né à Campinas, dans l’État de São Paulo, d’une mère d’origine italienne et d’un père dentiste et alcoolique, Jair Bolsonaro est passé de singularité politique à représentant principal du courant d’extrême droite brésilien. Sur Facebook, sa page compte près de 5 millions de « j’aime ». Parfois comparé à Donald Trump pour son exubérance (et son hyperactivité sur Twitter), le député est très attaché aux intérêts de la police militaire, des églises évangélistes et de l’économie agricole. Et prône le retour « des valeurs traditionnelles brésiliennes ».
Depuis l’immense scandale « Lava Jato », il ne cesse d’accabler son rival historique Lula. En témoigne son slogan, « Lula nunca mais » (« plus jamais Lula »). En avril 2016, il avait voté en faveur de la destitution de Dilma Rousseff, en appelant « à la mémoire du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra », un des principaux tortionnaires durant la dictature. Chacune de ses déclarations se termine de la même façon, et traduise l’importance qu’il accorde au nationalisme et à la religion : « Le Brésil par-dessus tout. Et Dieu au-dessus de tous. »
Homophobie, machisme, racisme, torture…
Si dans le domaine économique, Jair Bolsonaro a su remettre en question sa ligne militaro-nationaliste pour adopter des ambitions bien plus libérales qui collent avec les idées d’un électorat plus vaste et plus jeune, les thèmes de société sont traités avec moins de pincettes. Ainsi, il s’est publiquement opposé à l’union civil entre deux personnes du même sexe, et a même affirmé que les violences corporelles contre des enfants qui présentent des tendances homosexuelles étaient « tolérables ». En plus de ses nombreux – et réguliers – propos sexistes…
Maintenant que Lula est quasi-définitivement éloigné de la course à la présidence, Jair Bolsonaro a une voie royale pour devenir le prochain dirigeant du pays. Et l’éventuelle élection de celui qui considérait les peuples indigènes et noirs comme « malodorants » et « non éduqués », pourrait radicaliser, encore un peu plus, un état déjà meurtri par les multiples scandales de corruption de ces dernières années.
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