Le nom du géant minier Glencore est apparu dans l’affaire des »Paradise Papers ». Les journalistes de Cash Investigation ont enquêté sur des soupçons de corruption avec le pouvoir politique congolais. Ou comment Glencore s’est emparé de deux des mines de cuivre et de cobalt les plus rentables de la planète.
La gigantesque enquête des »Paradise Papers » fait la lumière sur le monde trouble de l’offshore, des détournements de fond et de la corruption. Menée durant un an par le Consortium des journalistes d’investigation (ICIJ) et 96 médias partenaires (dont Le Monde, Le Guardian, Le New York Times) issus de 67 pays, l’enquête révèle un vaste réseau d’évasion fiscale, et épingle de nombreuses entreprises.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Parmi elles, Glencore, géant suisse de l’industrie minière. Une fuite de 6,8 millions de documents appartenant au cabinet d’avocats anglo-saxons Appleby -spécialisé dans les activités offshores- expose les opérations monétaires secrètes de la multinationale. Et révèle le transfert de 107 de ses entreprises dans des paradis fiscaux. Mais également les mystérieux circuits financiers des mines de la province congolaise du Katanga.
Téléphones portables, voitures électriques ou encore tablettes : Glencore est le premier exportateur de minerais entrant dans la composition de ces objets du quotidien. Avec 130 milliards de chiffre d’affaire en 2016 et 150 000 employés, il s’impose comme l’un des principaux fournisseurs mondiaux. En sa possession, 150 mines, puits de pétroles et sites agricoles.
La nébuleuse Glencore
https://www.youtube.com/watch?v=GHuMcxLtghY
Dans l’émission du 7 novembre 2017, les journalistes de Cash Investigation dévoilent les relations opaques entre Glencore et le gouvernement de la République Démocratique du Congo. C’est au sud de la RDC, dans la région de Kolwezi que se situe l’essentiel des activités minières de l’entreprise. Le prix du cobalt a augmenté de manière exponentielle en janvier 2017; de quoi se réjouir pour la multinationale, qui a la mainmise sur Kamoto et Mutanda, les deux principales mines de cuivre et de cobalt du pays. C’était sans compter les soupçons de corruption qui se portent aujourd’hui sur elle : elle aurait usé d’un intermédiaire pour mettre la main sur ces deux mines les plus rentables au monde. Avec la divulgation des comptes-rendus des réunions de Katanga Mining (la compagnie qui détient les mines, détenue majoritairement par Glencore), les journalistes de Cash Investigation révèlent la manière dont la firme a obtenu l’accord de la RDC.
En 2008, l’Etat congolais avait décidé de renégocier tous les contrats miniers, réclamant 585 millions de dollars pour l’exploitation de ses gisements. Alors que Glencore générait le profit le plus extraordinaire du secteur, la compagnie n’avait pourtant versé qu’un quart de la somme à l’Etat. Pourquoi et comment un tel traitement de faveur a-t-il été possible ?
Dan Gertler l’intermédiaire
Pour éviter de payer ce »pas-de-porte » ou droit d’entrée réclamé par l’Etat congolais, le géant minier a fait appel à Dan Gertler, un milliardaire israélien ayant fait fortune dans le commerce de diamants. L’homme d’affaires avait, en 1997, investi dans les mines de la RDC, et s’était lié d’amitié avec Augustin Katumba Mwanke, surnommé »l’homme qui murmurait à l’oreille du président Kabila ». De quoi s’assurer, pour Gertler, une place influente auprès du pouvoir congolais.
Des faits de corruption ont été dévoilés entre Gertler et l’actuel président Joseph Kabila. Il aurait versé des pots-de-vin à tous les officiels au pouvoir à hauteur de 100 millions de dollars.
Glencore rejette les accusations de corruption
Interrogé par l’équipe de Cash Investigation sur le partenariat entre Glencore et Dan Glertner, le président du Conseil d’administration suisse, Tony Hawyardn, nie les faits : »Comme vous devez le savoir, nous avons passé des accords commerciaux avec des sociétés dans lesquelles Mr Gertler est impliqué. […] Et certaines de ces sociétés ont effectué des activités administratives, en RDC en notre nom. Aucune d’entre elles ne nous causent de souci, et nous ne sommes concernés par aucune enquête. » Il affirme que l’entreprise a procédé à des vérifications »étendues et approfondies » concernant le milliardaire.
Read our statement to the International Consortium of Investigative Journalists regarding the Paradise Papers: https://t.co/yj84HamiMy pic.twitter.com/6CCjFwF5kS
— Glencore (@Glencore) November 6, 2017
Si Glencore tente de minimiser le rôle de Gertler dans l’entreprise, elle a mis fin, en 2017, à 10 ans de collaboration avec l’homme d’affaires, suite à la déclaration de faits de corruption par la justice américaine.
{"type":"Banniere-Basse"}