Le journaliste Bruno Roger-Petit a été nommé aujourd’hui porte-parole de l’Elysée. Personnage hétéroclite à la personnalité clivante, il prend désormais les commandes de la communication présidentielle. Retour sur son parcours.
Le journaliste Bruno Roger-Petit a été nommé aujourd’hui porte-parole de l’Elysée. Personnage hétéroclite à la personnalité clivante, il prend désormais les commandes de la communication présidentielle. Retour sur son parcours.
Octobre 1997. « Et bonne nuit sur France 2″, débite Bruno Roger-Petit monotone, pour clore le journal télévisé. Le jingle débute, la caméra recule. Le journaliste fait mine de ranger ses fiches puis, regard espiègle, il décide de les jeter en l’air. La vidéo donne immédiatement le ton.
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Célèbre pour son impertinence, BRP s’invente régulièrement expert multitâche et enchaîne les déclarations polémiques. Chroniqueur et éditorialiste, il fait preuve d’une redoutable efficacité dans la stimulation du débat. Nommé ce matin « porte-parole » de l’Elysée à partir du 1er septembre, le poste semble impliquer quelques sacrifices. À peine l’annonce est-elle parue que les comptes Twitter et Facebook de BRP ont déjà disparu.
Encore plus simple : serein, Bruno Roger-Petit a supprimé son compte Twitter >> @B_Roger_Petit pic.twitter.com/NY9MlipOHH
— Thomas Vampouille (@tomvampouille) August 29, 2017
Percée médiatique tous terrains
Vaste CV que celui de Bruno Roger-Petit. Le journaliste enchaîne différents médias pendant presque 30 ans, fidèle aux polémiques qu’il aime susciter. Il effectue d’abord plusieurs grands reportages pour la chaîne Antenne 2 (anciennement France 2) avant de présenter Télématin puis Le Journal de la nuit. Pour avoir critiqué ouvertement la ligne éditoriale de la chaîne dans une interview donnée à Technikart, il est licencié en 1998 et passe sur France 5.
Pendant la campagne présidentielle de 2012, il anime Langue de P…, une émission politique sur les coulisses de l’élection. Recruté par le Plus de L’Obs, il écrit un billet politique quotidien jusqu’en 2014. Après un bref passage à TPMP en tant que chroniqueur, il enchaîne avec le magazine économique Challenges et quelques régulières interventions sur I-Télé.
Mitterrandiste confirmé, il tient les blogs François Mitterrand 2007 puis François Mitterrand 2008 sur lesquels il se livre à des dissertations politiques. Il publie anonymement François Mitterrand 2008, il revient, qui suscite la polémique, puis Le pire d’entre nous sur François Fillon en mars dernier. Fan de sports, BRP a également animé Langue de sport et Le Grand Journal du Sport chez Europe 1.
Grande gueule, il multiplie les audiences
« Il fait de l’attaque frontale sa marque de fabrique« , écrit Télé Loisirs en évoquant le buzz que suscitent la majorité de ses interventions. La polémique appelle le clic et BRP se rend rapidement indispensable. « N’importe lequel de ses papiers faisait au minimum 50 000 vues« , se rappelle Aude Baron, rédactrice en chef du Plus l’Obs de 2011 à 2014. « Il avait un profil qui correspondait parfaitement à ce qu’on cherchait« , relate-t-elle en désignant son tout premier chroniqueur comme « la Ferrari de l’écurie« .
N’en déplaisent à certains, pour qui les records d’audiences n’excusent pas les propos. « Il a un talent incroyable pour tricoter 15 000 signes à partir d’une demi-idée sur un coin de table Ikea », confiait un de ses collègues de l’Obs en 2014. « Mais il fournit un tel trafic sur le site qu’il est devenu indéboulonnable. »
Entre journalisme et politique
Ouvertement macroniste, BRP n’hésite jamais à prendre parti. « Éditorialiste imposé par l’actionnaire [Claude Perdiel – ndlr], il faisait beaucoup de sujets politiques très tranchés », renchérit un journaliste chez Challenges. « Il y a eu de nombreuses frictions avec la rédaction, notamment pour rééquilibrer la ligne éditoriale. Mais son départ va poser un problème d’audience pour le site. »
L’hebdomadaire Marianne dénonçait avant l’heure une connivence exacerbée entre le futur chef de l’Etat et BRP. Ce dernier est le seul invité à la Rotonde pour fêter la qualification d’Emmanuel Macron au second tour. Selon Le Figaro, il se livre à « des analyses » toute la soirée auprès du fondateur d’En Marche ! friand de « conseils« .
Ce n’est pas une surprise si le chroniqueur rejoint finalement l’Elysée, poste jusqu’ici uniquement tenu par David Martinon sous Nicolas Sarkozy. « Fin du travail au noir », ironise un compte parodique sur twitter.
Fin du travail au noir : Emmanuel Macron régularise ma situation. #BrunoRogerPetit #RentreePlusFun
— La Terre vue de Mars (@TerrevuedeMars) August 29, 2017
« Il y a Bruno […] puis il y a BRP »
Véritable personnage public, BRP n’en finit pas de diviser. « Il était injustement haï à l’Obs », raconte Aude Baron. « Il était connu, invité sur des plateaux, il en jouait et les journalistes étaient jaloux. »
https://twitter.com/Lipootoo/status/902463227065454592
L’ancienne rédactrice en chef de l’Obs ajoute garder un excellent souvenir de sa collaboration avec BRP. « Il y a Bruno, quelqu’un de foncièrement gentil. Et puis il y a BRP, un personnage public polémiste que Bruno assume complètement. »
« On travaillait extrêmement bien ensemble, on s’est beaucoup appris mutuellement. J’ai eu un paquet de chroniqueurs, certains avaient le melon sans avoir le talent. Lui avait le talent, et était très facile à gérer.”
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