A Copenhague, le C.I.O choisira la ville qui organisera J.O. d’été de 2016, entre Chicago, Madrid, Rio de Janeiro et Tokyo. Favori du cœur (et du bon sens) : Rio. Chouchou de la real politik (et du scrutin) : Chicago.
Si le Comité International Olympique (CIO) obéissait à des règles strictes, clairement identifiables, le grand oral, vendredi 2 octobre à Copenhague, serait comme une formalité administrative. Et Rio de Janeiro l’emporterait sans coup férir. L’Amérique du Sud n’a jamais eu les Jeux Olympiques en cent-seize ans d’existence, l’argument devrait valoir blanc-seing. Ce ne sera pas le cas.
Depuis toujours, les délégués du CIO se plaisent à jouer les chiffonniers, à troquer telle organisation de championnat du monde contre une voix lors du vote de la ville hôte, à faire les mijaurées pour que les puissants de la planète leur fassent du gringue afin d’obtenir le fameux sésame. Le roi d’Espagne Juan Carlos, le président brésilien Lula da Silva ainsi que le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama sont d’ailleurs à pied d’œuvre pour faire basculer les derniers indécis. En bonne superstar, qui connaît le sens du timing, Barack Obama ne séjournera qu’une demi-journée dans la capitale danoise. Tous se souviennent qu’à Singapour, il y a quatre ans, Tony Blair avait fait pencher la balance en faveur de Londres au détriment de Paris. Tout comme Vladimir Poutine pour l’obtention des J.O d’hiver de Sotchi en 2014, quelques mois plus tard, au Guatemala.
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Comme d’habitude, certains dirigeants, tel le vice-président Chiharu Igaya, expliquent qu’un grand nombre de membres du CIO ne se décideront qu’après l’ultime présentation de ce matin (la bonne blague) et qu’évidemment « les quatre villes sont au coude à coude ». « Cela se jouera à quelques voix » renchérit même Jacques Rogge, le président du CIO. Le lobbying s’est poursuivi ces dernières heures de façon intensive auprès des 105 délégués.
Organisatrice des J.O en 1964, Tokyo a bâti un dossier de candidature compact, où la quasi-totalité des sites est regroupé en 8 kilomètres. Outre un nouveau stade olympique flambant neuf (100 000 places), la candidature nippone bénéficie de la meilleure notation des experts d’un point de vue technique et d’un souci écologique omniprésent (« grâce à notre réglementation stricte sur les gaz d’échappement, l’air de Tokyo est pur » affirment-ils sans ciller). Seuls bémols : les Jeux attribués à Pékin, l’an dernier, qui pourraient conduire le CIO à attendre un peu avant de les redonner à l’Asie et le peu d’empressement du Parti démocrate japonais, vainqueur des dernières législatives, à soutenir la candidature.
Ce ne sera pas le cas des autorités espagnoles à fond derrière le Comité olympique local. Il y a quatre ans, le dossier madrilène aura du l’emporter s’il s’était retrouvé en finale contre Londres. Le système électoral à quatre tours qui élimine le moins bon candidat à chaque scrutin, l’a desservi. Devancé par Paris d’une voix lors de l’avant-dernier tour, Madrid l’aurait sans doute emporté s’il avait été en lice contre Londres en finale. Logique de blocs. Tout le sport espagnol (Nadal, Raul, Alonso, Gasol, etc.), assurément le meilleur d’Europe depuis cinq ans, et la grande majorité du pays (93% des sondés) soutiennent un dossier où 75% des sites préexistent déjà. Et puis il y a les réseaux de Juan Antonio Samaranch, l’ex-président du CIO. L’ancien ambassadeur de Franco dans l’URSS des 70’s, grand ordonnateur des J.O de Barcelone (en 1992), s’y connaît comme personne pour influencer, convaincre, échanger, menacer…
Aux championnats du monde d’athlétisme, en août à Berlin, les sacs promotionnels (en tissu écologique évidemment) « I love Rio » ont suscité l’affection des athlètes et des dirigeants présents. Outre un dossier brillant, la ciudad maravillosa peut compter sur le soutien de tout un peuple. Seule ombre au tableau, le pays accueillera en 2014, la coupe du monde de football. Mais c’était déjà le cas de Munich et de la RFA (en 1972 et 74) et des Etats-Unis et d’Atlanta (en 1994 et 96). L’option Chicago ne peut s’envisager sans les millions de dollars que versent les grands networks américains au CIO lors de chaque Jeux à l’occasion des retransmissions. A Pékin, par exemple, les finales de natation avaient été déplacées le matin afin que le public Yankee puisse suivre les exploits de Michael Phelps (huit titres au final). Aussi, une candidature US qu’elle quelle soit doit être prise au sérieux. A fortiori quand le président du pays vient de la Windy city…
Pourtant les quatre J.O (Lake Placid 80, Los Angeles 84, Atlanta 96 et Salt Lake city 2002) organisés sur le sol américain depuis trente ans devraient suffire aux délégués du CIO pour désigner un des trois autres candidats. Selon une loi non-écrite de l’institution de Lausanne, l’organisation des Jeux change de continent à chaque olympiade. La candidature de Madrid, qui ferait suite à Londres 2012, a donc peu de chance de s’imposer. Pareil pour Tokyo avec la proximité de Pékin 2008. Reste donc Rio de Janeiro pour une première historique. On sait hélas depuis le scandale de Salt Lake city (où les jurés avaient été achetés à coups de cadeaux ou d’avantages en nature) que les membres du CIO sont loin de n’être jamais sous influence. La crise économique pourrait aussi être le prétexte à donner les Jeux à Chicago, les Américains étant plus sûrs que les Brésiliens aux yeux de ces aventuriers du Comité International Olympique…
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