Pour la nouvelle présentation de ses collections permanentes, Beaubourg a choisi de n’exposer que des artistes femmes. Geste politique ou opération séduction ?
Avec son sponsor prédestiné (Yves Rocher) et ce slogan en guise de préambule : “Au Centre Pompidou, les femmes représentent 17,7 % des artistes dans les collections du musée. La nouvelle présentation des collections leur est consacrée à 100%”, l’exposition Elles@centrepompidou est problématique à bien des égards.
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D’abord parce qu’elle résonne comme une séance de rattrapage après l’épisode Dionysiac il y a trois ans (une expo qui, au-delà de son maillage théorique pour le moins confus, fit surtout scandale pour son absence injustifiée de femmes et les propos ultrasexistes de la commissaire). Ensuite parce que le caractère exceptionnel de cette manifestation qui ressemble davantage à une opération de com contribue à cantonner les femmes artistes à la place qui leur est systématiquement assignée : précaire et marginale.
Bien que, comme le signalait récemment Annette Messager, “cet accrochage devrait permettre de donner l’exemple et inciter les institutions à acheter davantage d’oeuvres d’artistes femmes”, le système de ghettoïsation du projet du Centre Pompidou empêche le travail de réflexion nécessaire sur le déséquilibre persistant qui préside aujourd’hui entre la représentation des artistes féminines dans les écoles d’art (aujourd’hui majoritaires) et leur absence massive dans les expositions institutionnelles et les collections publiques. La triennale d’art contemporain La Force de l’art par exemple n’expose en ce moment au Grand Palais que 7 femmes sur 42 artistes. Toujours est-il qu’avec plusieurs expositions consacrées actuellement à la question de l’art féminin et/ou féministe (Elles@centrepompidou donc, mais aussi Les Formes féminines à la Friche de la Belle de Mai, Cris et chuchotements au Centre Wallonie Bruxelles et Cherchez la femme, un cycle de conférences organisé par Confluences), la question de la représentation des femmes dans l’art s’impose peu à peu comme un débat incontournable. Et devrait permettre d’accentuer, comme le rappelle la critique d’art Emilie Renard, “la percée en France des cultural studies qui ne dissocient pas les problématiques artistiques d’autres, sociales et culturelles, et tiennent compte du contexte d’apparition d’une oeuvre”.
Elles@centrepompidou, à partir du 27 mai au Centre Pompidou, Paris IVe
Tél. 01.44.78.12.33,
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