François Fillon dit adieu à la politique mais confie son parti Force Républicaine à son fidèle Bruno Retailleau. Le sénateur de Vendée, assis sur un petit trésor de guerre entend bien concurrencer Laurent Wauquiez pour le leadership de la droite, qui ne s’est jamais affichée aussi divisée.
A trois semaines du congrès des Républicains et du vote pour désigner son futur président (les 10 et 17 décembre), le constant est cinglant pour la droite. Jamais le parti ne s’est affiché aussi divisé : de l’émancipation des « Constructifs » à l’exclusion de ceux qui sont entrés au gouvernement ; des « ténors » (François Baroin, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand ou Gérard Larcher) qui n’ont fait ni acte de candidature ni apporté leur soutien à quiconque, en passant par les figures qui ont carrément quitté la vie politique comme François Fillon ou Luc Chatel ; jusqu’à Jean-François Copé qui prévient, dans une interview à Libération :« Ne nous payons pas de mots : il a été désigné président du parti », à propos du futur scrutin qui devrait couronner (sauf cataclysme) Laurent Wauquiez.
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Dernier exemple en date, symptomatique de l’état de délabrement dans lequel se trouve le parti de la rue de Vaugirard, la convention de Force républicaine, organisée dimanche 19 novembre à la Maison de la Chimie. Il n’est pas commun que la convention d’un micro-parti, dédié à l’origine au financement de la campagne de François Fillon à la présidentielle, et donc totalement inconnu du grand public, fasse autant l’événement. Non pas à cause de la nomination de Patrick Hetzel, député du Bas-Rhin, comme secrétaire général mais plutôt de la tenue du colloque à la thématique équivoque : « Quelle droite pour la France ? »
« Penser et peser à l’intérieur de notre famille politique »
L’enjeu est clair et détaillé sur l’invitation : « Réfléchir et agir, penser et peser à l’intérieur de notre famille politique, inscrire notre action et notre réflexion dans les grandes mutations contemporaines : ce sont les buts assignés à Force Républicaine par François Fillon. » Dimanche à la tribune, outre la nostalgie des adieux à la politique de l’ancien candidat de la droite à la présidentielle, il fallait écouter son successeur désigné, Bruno Retailleau.
Le sénateur de Vendée a prévenu : Force Républicain n’est pas « une association d’anciens combattants ». Pas plus que cette convention n’est « une veillée aux chandelles ». Difficile de lui donner tort en regardant la liste des intervenants censés débattre de l’avenir de la droite. Se sont succédé le politologue proche de Manuel Valls, Laurent Bouvet, Jérôme Fourquet de l’Ifop ; mais aussi le politologue canadien, chantre de la « renaissance intellectuelle du conservatisme » Mathieu Bock-Côté et le philosophe préféré de Sens Commun, François-Xavier Bellamy.
Le trésor de guerre de Force Républicaine
S’il n’a ni l’envergure ni un fichier d’adhérents aussi conséquent que celui de LR, Force Républicaine peut compter sur un petit trésor de guerre. Celui amassé lors de la campagne présidentielle a fait polémique durant l’été. Pour Daniel Fasquelle, trésorier de LR, le pactole ne devrait pas rester chez FR. A 20 minutes, il avait évoqué « une situation absolument incompréhensible » qui « doit cesser ». Le 26 juillet, FR a accepté de « rendre » 900 000 euros sur les 1.9 million qui restent dans le caisses sur les 3.3 millions récoltés en tout.
Un tel pactole peut aider pour peser dans le débat interne. Et ça, Bruno Retailleau l’a bien compris. S’il veut transformer FR en « un laboratoire d’idées et une pépinière de découverte et de formation de nouveaux talents », il n’entend pas laisser le champ libre à Laurent Wauquiez pour lequel il n’a pas eu un mot dimanche à la tribune. Et s’amuse même à s’essayer dans le costume de véritable chef de l’opposition.
Aujourd’hui nous reprenons le flambeau, celui de la fidélité tout d’abord mais aussi celui de la modernité ! #ConventionFR pic.twitter.com/sEmAOSuaRa
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) November 19, 2017
Le patron des sénateurs LR a axé son discours en direction d’Emmanuel Macron, plutôt que vers son rival de droite, Laurent Wauquiez : « M. Macron n’est pas un transgresseur, c’est un successeur. Il n’est pas moderne sur les solutions. Il n’est pas moderne sur les pratiques : le jacobinisme et l’hyper-personnalisation. Il confond la restauration de l’autorité de l’Etat avec l’exaltation de sa propre personne. » Avant d’annoncer la couleur et promettant de faire du « sentiment de dépossession culturelle et identitaire une priorité ». Pour cela, quatre axes sont prévus : « le grand basculement technologique », « le changement climatique », « le choc démographique » et « les nouveaux empires et les États continents ». Le costume sera-t-il à sa taille ?
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