Que sait-on du premier terroriste identifié, l’un des kamikazes de l’attaque du Bataclan, Ismaël Omar Mostefaï ?
Au fil de l’enquête, les identités des membres du terrible commando auteur des attaques qui ont touché Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre, commencent à être dévoilées. Depuis dimanche matin, on en sait un peu plus sur l’un des kamikazes de l’attaque de la salle du Bataclan qui Ia fait au moins 89 morts et de très nombreux blessés. Il s’agit, selon l’AFP de Ismaël Omar Mostefaï, un homme de 29 ans natif de Courcouronnes, dans l’Essonne, qui vivait ces dernières années dans le quartier de La Madeleine, à Chartres (Eure-et-Loir).
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Un séjour en Syrie pendant quelques mois
L’information a été dévoilée par le député et maire (LR) de Chartres, Jean-Pierre Gorges. Selon le quotidien Le Monde, Ismaël Omar Mostefaï a très probablement séjourné en Syrie durant quelques mois, à l’hiver 2013-2014. Les enquêteurs ont retrouvé la trace de son passage en Turquie, voie d’entrée privilégiée pour rejoindre le théâtre syrien. C’est un morceau de doigt arraché par l’explosion et retrouvé par les enquêteurs qui a permis d’identifier Ismaël Mostefaï – seul membre du commando identifié à ce jour.
Dans la soirée du vendredi 13 novembre, à 21h40, Ismaël Mostefaï fait partie de la « troisième équipe », selon les propos du procureur de la République François Molins samedi soir. Soit les trois hommes qui sont sortis d’une Polo noire et ont font irruption au Bataclan. Armés de fusils kalachnikov et vêtus de gilets d’explosifs, ils ont tiré en rafale en plein concert et ont pris en otage le public regroupé dans la fosse. Avant d’actionner leurs gilets d’explosifs, les hommes ont évoqué la Syrie et l’Irak lors de brefs pourparlers avec les forces de police.
Un homme bien connu des services de police
Né le 21 novembre 1985 en banlieue parisienne, ce « jeune père de famille aux racines algériennes » avait « deux frères et deux sœurs », selon le Journal du Centre. L’un de ses frères avait un bar à chicha dans la basse ville de Chartres. Il a été de nombreuses fois condamné : 8 fois pour des délits de droit commun entre 2004 et 2010, parmi lesquels « conduites sans permis, outrages, soupçons, mais non confirmés, d’être lié aux trafics locaux de stupéfiants », toujours selon le JDC. Il avait toujours échappé à l’incarcération.
Samedi, les unités de la sous-direction antiterroriste (SDAT) et les policiers de la force d’intervention du RAID ont perquisitionné les domiciles du père et de l’un des frères du terroriste présumé à Romilly-sur-Seine (Aube) et Bondoufle (Essonne), avant de placer les deux hommes en garde à vue à des fins de vérification. « Le frère du terroriste, âgé de 34 ans, s’est présenté à l’hôtel de police de Créteil avant d’être placé en garde à vue », a fait savoir une source proche de l’enquête à l’AFP.
Une fiche S depuis 2010
Malgré ce passif, l’homme surveillé par les services de renseignement depuis 2010, date à laquelle il a fait l’objet d’une « fiche S » pour sa supposée radicalisation islamiste. « Mais [il]n’avait jamais été impliqué dans un dossier de filière ou d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », a précisé le procureur de la République de Paris, François Molins. Jean-Pierre Gorges, le maire de Chartres, rapporte que « depuis 2012, il ne bougeait pas. Il ne faisait pas de bruit. Il n’avait pas d’activité professionnelle connue et, selon toute vraisemblance – mais c’est en cours de vérification –, était dans un logement social du quartier de La Madeleine ». Dans ce quartier, certains habitants incrédules ont confié au Journal du Centre qu’ils pensaient qu’Ismaël Mostefaï avait quitté la ville « depuis deux, voire trois ans ».
Selon les informations du Monde, le futur kamikaze du Bataclan s’est en effet absenté quelques mois de La Madeleine pour un séjour en Syrie. Une trace atteste de son passage par la Turquie à l’automne 2013, avant que les services de renseignement ne retrouvent sa trace au printemps 2014, en observant un petit groupe de salafistes à Chartres. Il était alors considéré comme un simple membre du groupe. Le Journal du Centre avance qu’Ismaël Mostefaï « aurait suivi un islamiste radical venu plusieurs fois en Eure-et-Loir pour faire du prosélytisme », un Marocain domicilié en Belgique. « Aujourd’hui, la question qui se pose, c’est de savoir s’il existe une filière à Chartres ou si Ismaël Mostefaï était un individu isolé en lien avec d’autres réseaux belges ou autres », questionne Jean-Pierre Gorges.
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