Trois jours après les frappes militaires contre la Syrie auxquelles la France a participé, opposition et majorité ont confronté à l’Assemblée nationale leurs arguments quant à l’utilité et à la légitimité de ces frappes.
Une fois n’est pas coutume, les groupes parlementaires Les Républicains et France insoumise sont unanimes pour mettre en cause l’utilité et la légitimité des frappes de l’armée française en Syrie. Après une série de frappes ciblées menée dans la nuit de vendredi à samedi par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, deux débats simultanés, à l’Assemblée nationale et au Sénat, se sont tenus hier, lundi 16 avril. Devant l’assemblée nationale le chef du gouvernement, Edouard Philippe, a défendu la position de exécutif.
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Les arguments du gouvernement et de la majorité parlementaire
« Notre réaction à cette utilisation [l’utilisation des armes chimiques par le régime syrien] dit quelque chose de nous. La France a confirmé son statut de puissance politique et militaire. Ses armées, avec nos alliés, sont intervenus avec rapidité et efficacité tout en assurant des garanties nécessaires pour protéger les populations de la guerre« , essaye de convaincre le Premier ministre. Sur la même position défendue la veille par Emmanuel Macron, Edouard Philippe a insisté que « cette intervention n’est pas le prélude à une guerre. Nous n’entrons pas dans une logique d’escalade. Nous avons frappé les capacités chimiques du régime, et non les alliés du régime« .
Sans surprise, Richard Ferrand, président du groupe parlementaire La République en Marche, s’est aligné sur les positions de l’exécutif. Défendant la légitimité de cette intervention, il avance qu' »il ne fait aucun doute que les trois résolutions des Nations unies adoptées à l’unanimité fondent parfaitement l’action conduite ».
France insoumise
Jean-Luc Mélenchon, au nom du groupe France insoumise, a dénoncé l’intervention de l’armée française dans la mesure où celle-ci a eu lieu sans mandat de l’ONU. Il blâme également une intervention sans preuve. « Dans le droit international et dans l’action internationale on ne peut agir que sur la base de preuves affirmées par les organismes qui en sont responsables. Or, ceux-ci étaient en train de faire leur enquête au moment où sont intervenus les bombardement », a-t-il tenu à préciser avant de poursuivre son argumentation : « car la branche particulière de l’organisation d’interdiction des armes chimiques qui est préposée à cette tâche spéciale d’établir si oui ou non il y a eu une intervention, était en train de faire son enquête lorsque nous avons agi« .
Fort de son talent de tribun, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une attitude impérialiste de la coalition participant aux frappes militaires samedi dernier. Il leur reproche notamment de « continuer la vieille méthode des puissances impériales qui ne tiennent pas compte des peuples au nom desquelles elles prétendent agir« .
Les Républicains
C’est par un ton solennel, en rendant hommage aux soldats français, que Christian Jacob, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, a ouvert son allocution. Néanmoins, l’ex-sarkozyste n’a pas tardé à mettre en question toute la politique menée par la France au Moyen Orient.
« Est-ce raisonnable dans ces conditions [celles de la situation en Syrie, NDLR] de s’interdire par dogme de travailler pour une solution politique globale pour la Syrie avec la Russie. Tout le monde sait que rien ne s’est fait depuis 2015 et que rien ne se fera en Syrie sans la Russie » défend le Président de groupe. Très vite, Christian Jacob appelle le pouvoir exécutif à tirer les leçons du passé en se lançant dans un parallèle entre la situation syrienne actuelle et irakienne à l’époque de Saddam Hussein : « On devrait pourtant être instruit par le cas irakien. Comme en Irak, l’élimination d’un dictateur ne suffirait pas à poser les fondations d’une démocratie. Comme en Irak nous avons à faire à une guerre civile. Comme l’Irak, la Syrie est un pays complexe ethniquement et religieusement« .
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