Le phénomène de “foodporn”, qui consiste à poster des photos de nourriture sur les réseaux sociaux, s’invite aujourd’hui à la table des plus grands restaurants et contribue à leur influence. Retour sur la perception de cette tendance par les chefs eux-mêmes. Même Vogue s’y est mis. Le Foodporn, phénomène des réseaux sociaux qui vise à partager sur Instagram, […]
Le phénomène de « foodporn », qui consiste à poster des photos de nourriture sur les réseaux sociaux, s’invite aujourd’hui à la table des plus grands restaurants et contribue à leur influence. Retour sur la perception de cette tendance par les chefs eux-mêmes.
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Même Vogue s’y est mis. Le Foodporn, phénomène des réseaux sociaux qui vise à partager sur Instagram, Twitter ou Facebook tout ce qui nous passe sous les yeux – avant d’en avoir le goût sur nos papilles – semble être de pris en considération de manière croissante par les grands chefs. Le changement est d’ampleur. Alors qu’auparavant, les plats étaient photographiés par des professionnels, tout convive peut maintenant dégainer son appareil, ou le plus souvent son simple portable, pour faire partager son assiette à plusieurs milliers, voire millions, d’internautes. Ce qui était classiquement pris selon des contraintes réglées – en plongée verticale pour mimer le panorama de l’hôte – est aujourd’hui capturé sous tous les angles, et les paramètres de la réussite d’un plat en sont d’autant changés. Les ouvrages se multiplient à ce sujet, autour de la référence de longue date qu’est le Digital Food Photography de Lou Manna, édité depuis 2005. Entre conseils pratiques, détails techniques et recommandations culinaires, le livre s’est ainsi transformé en un véritable réseau social d’amateurs du genre.
Mais ce type d’initiatives spécialisées n’est que le sommet de l’iceberg qu’est le grand partage de photos culinaires. Tapez « food » sur Instagram, et vous trouverez plus de 180 millions de clichés postés avec ce hashtag. « Foodporn », quant à lui, en revendique aujourd’hui plus de 56,5 millions. WIRED, le magazine américain prescripteur en matière de nouvelles technologies, a interrogé les chefs du monde entier sur l’impact de cette tendance, lors du symposium « Terroir » sur l’hospitalité organisé en mai dernier à Toronto. S’ils reconnaissent largement se soucier de l’aspect visuel de leurs compositions, ils soulignent néanmoins que cela a toujours fait partie du processus de création. Le chef Ned Bell, de l’hôtel Four Seasons de Vancouver, confie ainsi au journaliste Miguel Andrade : « Les chefs sont des artistes. Nous expérimentons et construisons l’assiette de telle manière à ce qu’elle soit belle (…). Est-ce que je pense à l’appareil quand je créé un plat? Non. Mais s’il a l’air beau, je prendrai même une photo ».
Côté français, quelques chefs à l’instar d’Alexandre Gauthier (La Grenouillère) ont décidé de bannir les photos de leur restaurant. L’objectif est d’inciter leurs hôtes à apprécier le plaisir gustatif plus que son apparence digitale, et à le partager entre convives plutôt qu’avec les internautes. Mais la majorité des grands chefs, comme Alain Ducasse et Joël Robuchon, possèdent leurs propres comptes Instagram et Twitter pour présenter leurs préparations. Au-delà de leur cuisine, certains sont même devenus de véritables stars sur les réseaux sociaux, tel Jean Imbert à la suite de sa victoire lors de la troisième saison de Top Chef, le concours de cuisine diffusé sur M6. Symbole d’une nouvelle génération de chefs digital-natives, il affirme en répondant à une question posée par Paris Match sur l’impact des clichés online : « Il n’y a pas de rôle, c’est que du plaisir, Instagram. (…) Comment partager une recette, un plat, quelque chose que l’on mange, une rencontre culinaire, un producteur, un gars qui fait de l’échalote au fin fond de la Bretagne aussi bien que De Niro qui va manger une pâtisserie… C’est toute cette vie culinaire qui est résumée, et c’est ça qui me plaît ».
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