Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, propose d’interdire les portables dans les écoles et les collèges. Une promesse de campagne du candidat Macron. Qu’en pensent les principaux intéressés ?
Au ministère de l’Education nationale, les idées fusent. Une dictée par jour, développement du chant choral, retour de l’uniforme… les trouvailles de Jean-Michel Blanquer pour repenser l’éducation fleurent bon la France des Choristes. L’ancien directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO) de Luc Chatel oscille entre nostalgie et « disruption » macronienne.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Sa dernière idée remontre au10 décembre dans le Grand jury RTL–Le Figaro–LCI : le téléphone portable sera officiellement interdit pour les élèves de primaire et de collège à partir de la rentrée 2018. Cette mesure vient compléter l’article L. 511-5 du Code de l’éducation qui dispose déjà que « dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l’utilisation durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d’un téléphone mobile est interdite ». Il s’agirait donc pour la rue de Grenelle de ne plus restreindre cette interdiction aux seules heures de cours.
« Mon portable, c’est la vie »
Chez les élèves, toucher aux sacro-saints smartphones ne laisse pas indifférent. « Mon portable c’est la vie, je peux écouter de la musique en récréation quand je suis toute seule. Je peux aussi téléphoner à mes parents si je suis perdue », explique Luana, douze ans, élève dans un collège du Val Saint-Martin (Lorraine). La possibilité de téléphoner aux parents constitue un leitmotiv inépuisable dans la bouche des élèves. « Il peut y avoir des urgences », renchérit son camarade Amir. La proposition du ministre ne semble pas faire l’unanimité chez les principaux concernés, surtout à l’heure où 82% d’entre eux possèdent un smartphone.
Plus conciliant, Sofiane explique utiliser son téléphone avec parcimonie. « Mon téléphone je ne le sors que pendant la récréation et en cas d’urgence. Par exemple aujourd’hui je quitte à 11 heures au lieu de 12 heures, et je n’ai pas pu prévenir ma mère. Sans téléphone je reste dehors », explique l’élève. Le ministre, devançant les critiques, avait évoqué la possibilité de laisser les téléphones portables dans « des casiers qui ferment ». Encore faudrait-il que tous les établissements soient équipés de casiers. « De toutes façons, les profs ne vont pas s’amuser à vérifier si on a nos téléphones sur nous à chaque fois », commente Marine, collégienne à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
Un outil pédagogique ?
Shéhérazade, quatorze ans, également élève au Val Saint-Martin, loue quant à elle les qualités pédagogiques du smartphone. « En classe c’est possible que le professeur nous demande de s’aider du téléphone et cela est plus simple que d’aller en salle d’informatique », abonde-t-elle. Jean-Michel Blanquer ne ferme d’ailleurs pas la porte à l’utilisation des portables dans un cadre pédagogique.
Camille, professeure de français dans l’Eure, confie utiliser occasionnellement les TICE (Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement).
« Au collège ou au lycée, ce sont des enfants nés dans les années 2000. Ils ont grandi avec des écrans, c’est une de leur façon d’aborder le monde. Il ne faut pas que ce soit systématique et que cela remplace les autres moyens de se cultiver, mais le numérique est selon moi un outil essentiel. Récemment, j’ai par exemple utilisé ‘Kahoot!’ (une application pour créer des quizz ndlr). On projette un questionnaire au tableau, et les élèves répondent chacun sur leur portable », confie la professeure certifiée de lettres modernes, en ajoutant que tous ses élèves sans exception disposent d’un smartphone.
Alors que les cahiers de textes sont numériques et que l’usage des tablettes est vivement encouragé dans les salles de classe, les portables devront-ils être relégués aux casiers ?
{"type":"Banniere-Basse"}