Difficile, vu de l’étranger, de comprendre l’ampleur du phénomène Johnny Hallyday. Ce matin pourtant, l’annonce du décès du chanteur à l’âge de 74 ans a été largement commentée dans les médias internationaux.
Chez nos voisins européens, les comparaisons vont bon train : il est le “Elvis français” pour The Guardian et le Berliner Zeitung, Dans El Pais, le rockeur se voit hissé au rang des plus grandes icônes françaises : Edith Piaf, Maurice Chevalier, Charles Aznavour, Brigitte Bardot ou encore Coco Chanel. Il est encore le “Victor Hugo de la rengaine” selon les mots du chanteur Carlos, ressortis dans The Guardian. Perspicace, le chanteur à la chemise à fleurs ajoutait : “S’il meurt, la France s’arrête”.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Parmi les réactions retenues, celles d’Emmanuel Macron et de Nicolas Sarkozy, dont il avait soutenu la campagne en 2007, ainsi que l’hommage rendu en anglais par la chanteuse canadienne Céline Dion.
I'm very sad to hear the news that Johnny Hallyday passed away. He was a giant in show business…a true icon! My thoughts go out to his family, his loved ones, and to the millions of fans who adored him for many decades.He will be sadly missed, but never forgotten.- Céline xx…
— Celine Dion (@celinedion) December 6, 2017
Un monument national
Difficile d’imaginer que Johnny puisse être aussi méconnu au-delà de nos frontières. Dans la longue nécrologie que lui consacre aujourd’hui The New York Times, le journaliste américain confirme pourtant qu’il était “peu connu en dehors de France” et que “ses efforts (notamment le fait d’enregistrer certains titres à Nashville ou de s’entourer de musiciens américains) sont restés peu appréciés des publics anglais et américains”.
La presse internationale peine aussi pour qualifier sa musique : si pour le New York Times il a su “adapter le rock en français”, le journal allemand Berliner Zeitung considère que son style “oscille musicalement entre Joe Cocker, Elvis Presley et Georges Brassens”.
Les chiffres peuvent alors permettre de donner une idée de l’ampleur de son succès au lecteur non-francophone : plus de 100 millions de disques vendus, 30 films et des dizaines de couvertures de magazines. Les hyperboles sont de rigueur. The Guardian rend hommage à “la plus grande rock star française”, La Stampa salue “une icône”, El Pais “un monument national”.
De sa vie artistique et personnelle, les journalistes étrangers retiennent surtout ses amours tumultueuse, son goût pour la bagarre et son amitié avec Nicolas Sarkozy.
Un passion si française ?
C’est avec curiosité que la presse étrangère s’est penchée sur l’artiste, mais surtout sur la relation presque fusionnelle que les Français entretiennent avec lui. Pour El Pais, le chanteur était “une authentique icône nationale, comme seule la France sait en créer, et en adorer”. Le quotidien espagnol analyse ainsi le succès du chanteur au prisme de la fascination-répulsion qu’ont pu exercer les Etats-Unis sur notre pays : “Ses succès, et surtout les jaquettes de ses disques prouvaient que la France a toujours entretenu une relation d’amour avec les Etats-Unis, parce qu’ils montraient que le rock’n’roll pouvait triompher de l’autre côté de l’Atlantique.”
En guise de conclusion, The Guardian cite le compositeur Arnold Turboust, qui se confiait en 2000 au journal The Independent :
“Il est difficile d’expliquer le phénomène Johnny à des étrangers. C’est un bon chanteur, mais il y a beaucoup de bons chanteurs. C’est un caméléon, un performeur, un acteur, plus qu’un grand musicien original ; c’est un pirate du style des autres. Mais pour nous autres Français, il fait partie de notre histoire, de notre psyché. On a tous grandi avec Johnny. On se souvient de sa première histoire d’amour, de sa première bagarre, de son premier mariage, de sa première moto. Il fait partie de notre famille”
Que les fans français se rassurent tout de même, ils ne seront pas les seuls aujourd’hui à pleurer leur idole : la société de transport belge STIB-MIVB a annoncé qu’en hommage à Johnny Hallyday, le métro bruxellois diffuserait toute la journée sa musique.
En hommage à Johnny Hallyday, aujourd'hui, nous diffuserons ses plus grands titres dans le métro.
Ter ere van Johnny Hallyday spelen we vandaag zijn grootste hits in de metro. pic.twitter.com/Cqk9x1NDTf
— STIB-MIVB (@STIBMIVB) December 6, 2017
{"type":"Banniere-Basse"}