Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, ment, dans son communiqué, sur l’hommage qui devait être rendu au Maréchal Pétain. La polémique s’en trouve renouvelée.
Un document du programme commémoratif dit oui, lui dit non. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, mercredi 7 novembre, a commis une bévue. Confirmant que, tout compte fait, « aucun hommage ne sera rendu à Pétain samedi », il affirme également – et c’est ici que le bât blesse – qu’il « n’en a jamais été question ». Malheureusement pour le chef de la communication, un document, publié le 18 septembre au sujet des cérémonies pour la commémoration du centenaire atteste du contraire.
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Aucun hommage ne sera rendu à Pétain samedi. Il n’en a jamais été question.
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— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) November 7, 2018
Le document, depuis, n’est plus trouvable sur internet, mais une capture d’écran, réalisée par France Inter, nous permet de nous faire une idée du programme de la journée. À 9 heures devait avoir lieu la « cérémonie d’hommage aux maréchaux de la Grande Guerre à l’Hôtel national des Invalides » : « Il s’agira de rendre hommage aux huit maréchaux qui ont dirigé les combats pendant la Première Guerre mondiale ». Le nom du maréchal Pétain n’est certes pas cité, cependant, il est mathématiquement bien présent : les maréchaux dont il est question – dont cinq sont présents aux Invalides – se nomment Joffre, Foch, Gallieni, Lyautey, Franchet d’Espèrey Fayolle et Manoury, ce qui fait 7, et Pétain. Le compte est bon.
8 maréchaux
Benjamin Griveaux clame pour sa part que « les maréchaux dont l’honneur n’a pas été entaché, ceux-là, et ceux-là seuls, recevront l’hommage de la République […] Pas Pétain, qui a été frappé d’indignité nationale pour avoir collaboré avec la barbarie nazie de façon odieuse et criminelle ». Du côté de l’Élysée, il semble bien, d’après Mediapart, qu’on ait découvert cette étape de la cérémonie avec le scandale, alors que « la moindre étape de l’itinérance du président a fait l’objet d’arbitrages extrêmement fins ».
Depuis la déclaration d’Emmanuel Macron, selon lequel « il est tout à fait légitime que nous rendions hommage aux maréchaux qui ont conduit aussi l’armée à la victoire, et que cet hommage soit rendu, comme il est rendu chaque année par l’armée française. Je ne fais aucun raccourci mais je n’occulte aucune page de l’histoire » ; à l’Élysée comme dans la majorité, on défend mordicus le président. Ce dernier, sur France 3 jeudi soir, a dénoncé une « fausse polémique » : « Je pense que le temps de l’information permanente qui a besoin de polémique quotidienne est mal approprié au sujet mémoriel ». Le président a ainsi clarifié sa pensée concernant le maréchal :
» Il est évident que le même Pétain, héros de 14-18, a été un dirigeant terrible, qui a pris des décisions impardonnables qui lui ont valu l’indignité nationale […] Et par cette indignité, il n’y aura pas d’hommage individuel, il n’en a d’ailleurs jamais été question depuis Chirac. «
Une gerbe sur sa tombe
Par « hommage individuel », le président évoque ici l’usage, auquel le président Jacques Chirac a mis un terme en 1995, de déposer une gerbe présidentielle sur la tombe du Maréchal Pétain à l’île d’Yeu, tous les 11 novembre. Le général De Gaulle l’avait fait une seule fois en 1968 pour les 50 ans de la fin de la guerre, à quelques mois de son départ du pouvoir. Le président Pompidou, en 1973, l’avait fait à l’occasion de la réinhumation de la dépouille du Maréchal après que des admirateurs l’avaient dérobée. Valéry Giscard d’Estaing, en 1978 avait poursuivi l’usage pour les 60 ans de la fin de la guerre. En 1986, François Mitterrand fera de même pour les 70 ans de la bataille de Verdun. Une première gerbe avait été déposée au nom du président socialiste en 1984, à l’occasion de sa poignée de main, devenue célèbre, avec le chancelier Kohl. Il renouvellera la pratique tous les 11 novembre de 1987 à 1991.
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