Testé comme un antidépresseur dans les années 1950, le LSD était prescrit aux stars. Qui retrouvaient le sourire.
Des desperate housewives, Hollywood en a connu bien avant Eva Longoria. Dans les années 1950, actrices de seconde zone, femmes d’acteurs ou filles de patrons de studio déprimaient ferme, coincées entre obligations sociales, respect des convenances, mariages décevants et carrières médiocres… La solution à ces vies cafardeuses ? La prise de LSD, considéré à l’époque comme un médicament euphorisant, et nouvelle panacée des psychothérapeutes.
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Un passionnant article du Vanity Fair daté du mois d’août (paru en juillet) raconte comment le LSD s’est infiltré en toute légalité dans la gentry hollywoodienne, bien avant qu’il ne soit considéré comme une drogue hippie et un dangereux psychotrope.
Synthétisé en 1938 par Albert Hofmann, le LSD est, dans les années 1950, directement fourni à certains médecins par son fabricant, le laboratoire bâlois Sandoz, pour qu’ils en étudient les effets. Expérimenté sur des enfants autistes, utilisé pour combattre des addictions diverses (alcool, héroïne…), essayé sur des individus “normaux” – Oscar Janiger, un psychiatre californien, mena des recherches sur quelque 900 personnes entre 1954 et 1962 –, le LSD est aussi testé comme antidépresseur.
Un psychiatre, Arthur Chandler, et un ancien radiologue devenu psy par amour du LSD, Mortimer Hartman, ouvrent le Psychiatric Institute of Beverly Hills. Ils s’assurent un approvisionnement régulier en LSD auprès du laboratoire Sandoz, afin de mener à bien un programme d’étude de cinq ans sur ce qu’ils appellent des “névrosés ordinaires”. C’est ce cabinet que fréquentent des patientes comme l’actrice de télévision Sally Brophy. Elle le conseille à de nombreuses amies, dont Betsy Drake, alors mariée à Cary Grant.
Quelques années plus tard, celui-ci prendra ses premières doses au même endroit. Vanity Fair a retrouvé plusieurs de ces femmes soignées au LSD et qui, aujourd’hui encore, considèrent ces expériences comme un traitement médical et en aucun cas comme une prise de drogue. Betsy Drake raconte avec enthousiasme comment le LSD lui a “tant appris,” lui faisant notamment revivre sa naissance.
Toutes en parlent très candidement : l’actrice Polly Bergen y voyait “la possibilité d’une baguette magique” ; Judy Balaban, fille d’un ancien président de la Paramount, explique avoir “expérimenté la conscience d’un autre monde” ; la naïade Esther Williams, à qui Cary Grant avait présenté le docteur Hartman, raconte être “allée à l’endroit de sa psyché où se trouve le chagrin” et avoir ainsi pu surmonter la mort de son frère.
Mais dès 1962, la Food and Drug Administration, qui réglemente la commercialisation des médicaments aux Etats-Unis, commence à s’intéresser au LSD et confisque les stocks des médecins. En 1965, elle interdit à Sandoz d’en exporter aux Etats-Unis. Le LSD entre alors dans l’underground et trouvera ses nouveaux chantres dans la culture pop psychédélique.
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