A l’occasion de la Semaine de la presse, la productrice des Nouvelles Vagues de France Culture, Marie Richeux, s’est installée dans un lycée parisien pour réaliser avec les élèves cinq émissions autour du thème du rêve. Reportage.
Ca chahute, ça blague, ça discute. Il est neuf heures en ce vendredi 11 mars et un atelier pas comme les autres débute dans le centre de documentation du collège-lycée Jacques-Decour, situé dans le IXe arrondissement de Paris.
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Dans le cadre de la Semaine de la presse qui débutera le 20 mars, Les Nouvelles Vagues se sont extraites du studio de France Culture qui les abrite en temps normal. Marie Richeux, la productrice de l’émission, prépare les sujets en compagnie d’un groupe de lycéens et de collégiens ; certains prendront la parole en direct.
« Deux journées de rêve au lycée”
Cela fait quelques années que l’animatrice illumine les ondes de France Culture. D’abord très tôt le matin en 2010, puis durant l’après-midi avec Pas la peine de crier, avant que l’émission ne change de nom pour devenir Les Nouvelles Vagues à la rentrée 2014.
Une heure pour explorer un thème précis toutes les semaines à travers un regard différent chaque jour : celui d’un chercheur, d’un auteur, d’un militant ou d’un artiste qui fait part de ses expériences. Outre l’entretien avec l’invité, cœur de l’émission, des sons, reportages ou lectures de textes, densifient la discussion.
Le thème choisi pour cette semaine spéciale est le rêve. “Nous sommes partis du fait qu’enregistrer cinq émissions en deux jours, avec des élèves qu’on ne connaissait pas, c’était une sacrée dose de travail et de possibles complications. Nous avons donc décidé de changer d’approche et d’imaginer deux journées ‘de rêve’ au lycée, explique Marie Richeux. Partant de cette petite remarque entre nous, nous avons considéré que le thème du rêve pouvait leur parler, offrir plusieurs lectures, angles et domaines différents de pensée.”
L’animatrice trace sur un tableau blanc une grille récapitulant les jours de la semaine et le programme de chacune des émissions, celles qui sont sur la bonne voie et celles qui vont demander un peu plus de temps. Une partie du travail a déjà été menée au cours d’un premier atelier.
Le rêve de Martin Luther King
Il n’y a pas encore de sujet pour le mercredi, un groupe va se former pour en trouver un. Des lycéennes et collégiennes réfléchissent à ce que signifie “le rêve américain” pour l’émission du jeudi. Elles analysent les codes du rap US et leur adoption par des artistes français.
L’émission du mardi est centrée sur le rêve comme objectif politique. Le groupe qui est chargé de la préparer discute activement. Si Nivethan ne semble pas convaincu par l’utilité de s’engager pour ses idées, Sarah n’en démord pas : “Il faut parler, s’engager, même si c’est juste à ton niveau.” Le nom de Martin Luther King est prononcé, comme un symbole pour rappeler qu’il est possible de changer les choses en suivant un rêve.
Les plus jeunes sont des élèves de sixième. Il leur a été demandé de réfléchir à ce que serait l’école de leurs rêves. Ce collège idéal comporterait, à l’unanimité, “moins de profs et moins de travail !” Si les terminales pensent au rêve comme projet de vie, les sixièmes restent attachés à leur expérience nocturne. “C’est important de rêver, explique Paul. Parfois on fait des cauchemars, on aimerait que ça s’arrête, mais on peut pas arrêter de rêver !”
Philip K. Dick à la rescousse
Après une heure trente de discussions, Marie Richeux met un terme à l’atelier et demande à chaque table de faire le bilan. L’animatrice veut que les élèves parlent sans lire de feuille et que tous s’écoutent. Le groupe qui s’intéresse au rêve américain prend la parole. Ses membres envisagent d’inviter une rappeuse pour qu’elle parle de ses influences. Peut-être même qu’un réalisateur de clips sera de la partie.
Un sujet a finalement été trouvé pour le mercredi : ce sera “Rêve et technologies”. Peut-être une incursion chez Philip K. Dick et son roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Les élèves sont enthousiastes et attentifs.
“Nous avons pour projet d’ouvrir le cercle des personnes qui ont la parole” Marie Richeux
Ce n’est pas la première fois que l’émission se déroule dans un établissement scolaire. En novembre déjà, Les Nouvelles Vagues avait été délocalisé dans un lycée de Saint-Denis pendant une semaine. Pour Marie Richeux, il est essentiel que la radio se rapproche de la parole des jeunes.
“Nous avons pour projet d’ouvrir le cercle des personnes qui ont la parole. Nous appliquons cette idée chaque jour à travers le choix des gens qui passent à l’antenne, explique-t-elle. Cependant, aller au lycée directement, c’est non seulement ouvrir ce cercle mais aussi changer radicalement la manière de fabriquer la radio. Nous ne faisons pas semblant de réfléchir avec eux. Ils sont associés pleinement à la radio qui émettra depuis leur endroit. Ce n’est pas ‘parler à la place’ mais bien ‘parler avec’”, insiste-t-elle.
Les Nouvelles Vagues du lundi au vendredi, 14 h, France Culture
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