Samedi, jour de reprise du championnat de Ligue 1, 249 personnes ont été interpellées aux abords du Parc des princes et 9 d’entre elles placées en garde à vue. Les ultras du PSG se sont heurtés à un gros dispositif policier.
Opération coup de poing au Parc des princes ce samedi, de la part des supporters comme des policiers. Les premiers entendaient manifester contre les nouvelles règles de placement au stade, les seconds montrer, dès la première journée de Ligue 1, que la violence ne sera plus tolérée les soirs de match. Quelques images amateur, d’assez mauvaise qualité, rendent compte de l’ambiance tendue aux abords du stade.
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Bilan : 249 interpellations (dont deux Stéphanois), surtout chez les supportes rivaux du PSG: ceux de la tribune Boulogne et ceux du virage Auteuil. Neuf d’entre eux ont été placés en garde à vue. La préfecture de Paris a promis dimanche de « tout faire » pour qu’elles fassent l’objet d’une interdiction administrative de stade « dans les prochaines heures« .
On apprenait lundi que quatre des neufs gardés à vue ont été déférés pour des faits de violences en réunion sur agent de la force publique et outrages. Ils ont également été placés sous contrôle judiciaire, ce qui leur interdit de se rendre dans des stades.
“Tous PSG »
Retour au contexte. En mai dernier, fin d’une saison émaillée par de nombreux affrontements entre groupes de supporters du PSG concurrents, dont la tragique apogée a été la mort de Yann Lorence, le club annonce un plan de sécurité, appelé “Tous PSG”. Il prévoit:
– la fin (provisoire) des abonnements
– le placement aléatoire dans les tribunes
– la commercialisation de billets nominatifs
– la limitation des achats à quatre places par personne
– la gratuité pour les femmes
– demi-tarif pour les moins de 16 ans
Outre le nouveau plan de placement, sept associations de supporters ont été dissoutes par le ministère de l’Intérieur, malgré le recours de deux d’entre elles devant le Conseil d’Etat. Tout ceci dans le but d’éviter les regroupements par affinités de supporters “violents” et de ramener un public familial qui avait déserté le Parc.
Habitués à une répartition géographique selon leur appartenance, les ultras ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ils ont donc décidé de manifester le jour de la reprise, en deux cortèges distincts matérialisant la distinction historique entre Boulogne et Auteuil.
Philippe Pereira, supporter historique de la tribune Boulogne et ancien abonné depuis vingt ans, dit avoir essayé plusieurs fois de se procurer des places, sans succès, confronté à de trop longues files d’attente.
Selon Jean-Louis Fiamenghi, directeur de cabinet du préfet de police de Paris interrogé par France Info, les manifestants auraient empêché certains spectateurs munis de billets d’entrer dans l’enceinte du stade.
“Comme toujours, ils font pression avec des groupes de 100 à 150 personnes. Ils sont très violents au niveau verbal et physique et donc empêchent les supporteurs normaux, les familles de se glisser un passage pour parvenir au stade. »
Des accusations que réfute Philippe Pereira.
“L’entrée qu’utilisaient les gens sur le côté gauche s’est faite tout à fait normalement, ils racontent n’importe quoi. Nous n’étions pas au même endroit”.
Lui parle d’un “sit-in sous les yeux des CRS”, pendant lequel sont allumés deux fumigènes et deux pétards. “A aucun moment il n’y a eu de jets de projectiles”, affirme-t-il, des faits reprochés à certains gardés à vue. Les forces de l’ordre auraient alors utilisé du gaz lacrymogène pour les disperser.
Sur ces images amateur postées sur Youtube, on aperçoit l’interpellation de supporters de Boulogne, encerclés par les forces de l’ordre.
Plus familial ou plus chiant?
Sur Rue89, deux interpellés exposent leur version des faits et protestent contre le club, qui “n’a jamais initié le dialogue avec ses anciens fidèles abonnés, et promet toujours un retour des abonnements tel une carotte au bout du bâton”.
Pour une fois d’accord sur le fond, les habitués de Boulogne et d’Auteuil se retrouvent sur les forums dédiés pour dénoncer la politique de Robin Leproux. Et débattent pour savoir s’il faut toujours aller au Parc, comme bourneuf :
“’j’étais contre le boycott et le suis toujours […] mais si l’ambiance reste identique je supporterai l’équipe devant ma télé : ce sera comme au stade sauf que je serai mieux assis, et la bière sera meilleure..”
Pour Gwadadom, l’atmosphère de ce match de reprise était troublante :
“Le vrai point positif c’est qu’il y avait des blancs, des noirs, des reubeus unis derrière leur équipe, à la mi-temps on a discuté avec d’autres supporters. Le point négatif c’est qu’on a grave perdu en ambiance il y avait des moment de silence qui étaient très impressionnants.”
“On rentrera, je vous le dis”
La querelle de virages a pu passer inaperçue pour le spectateur lambda, tel cet habitué non affilié :
“Je n’ai pas vu grand-chose, juste beaucoup de policiers en arrivant et en repartant. Tout se passait près des virages. A l’intérieur du Parc, il y a avait simplement moins de monde.”
Les plus remontés des ultras n’hésitent pas à envisager d’autres techniques pour entrer malgré tout. L’un d’entre eux, qui a souhaité rester anonyme, évoque les tactiques possibles :
“On rentrera, je vous le dis. On achètera les billets en tribune présidentielle s’il le faut, et on les pourrira toute la saison. N’importe qui peut rentrer grâce aux invitations, qui ne sont pas nominatives, il y en a 10000 par match.”
Quant aux règlements de compte entre supporters de Boulogne et d’Auteuil, qui se produisent bien souvent dans la rue ou dans le métro depuis la mort de Yann Lorence, en dehors des jours de match, ce ne sont pas, selon ce supporter anonyme, les interdictions de stade qui pourront y mettre fin.
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