La semaine dernière, le secrétaire d’Etat au Logement, Benoist Apparu, déclarait dans une interview à Libération vouloir sutaxer les loyers supérieurs à 40 euros du mètres carrés pour des logements de moins de 13m2. Suite à cette annonce, les Inrocks ont pris la température auprès des propriétaires concernés.
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« Non, non je ne souhaite pas vous répondre, mais s’il y a des lois, on les respectera! »
Souvent frileux à l’évocation d’un projet qui sonne déjà pour eux comme une injustice, de nombreux propriétaires ont refusé de nous répondre, ne souhaitant pas commenter une loi avant qu’elle ne soit votée. D’autres ont accepté, souvent pour justifier le niveau de leur loyer, dont la moyenne atteint plus de 53 euros le mètre carrés à Paris et jusqu’à 750 euros pour 11m2.
« Nous ne sommes pas des marchands de sommeil », se défendent-ils, mettant en avant l’agencement de leur « studette » tout confort, pensée et équipée pour que les étudiants, qui sont les principaux locataires de ces surfaces, puissent y vivre dignement:
« Il y a des taudis à des prix scandaleux, il faut le reconnaître, c’est honteux, mais tous ne sont pas comme ça. »
Pour le prouver, plusieurs vont même jusqu’à nous proposer une visite guidée! Autre argument récurent: la hausse du prix d’achat et les crédits immobiliers, qu’ils remboursent grâce à leurs loyers. C’est le cas de ce propriétaire, qui a dû contracter un emprunt sur vingt ans et a fixé le loyer en fonction du montant de ses mensualités: « Je prépare ma retraite. »
Un point fait l’unanimité: pas question de baisser les loyers pour échapper à la taxe, quitte à envisager de revendre ou à trouver d’autres solutions: « Je la ferai payer au locataire », nous déclare ainsi un propriétaire. « J’augmenterai encore plus mon loyer », avoue un autre.
L’autre risque évoqué par les intéressés, c’est d’arriver à un « prix plancher », comme le souligne l’un d’entre eux:
« Ça poussera tous les propriétaires à fixer leurs loyers à 39 euros du mètre carré. On ne trouvera plus qu’un prix unique pour les petites surfaces. Et celles qui étaient moins chères risquent de s’ajuster sur les autres. »
Reste la question de la spéculation, encouragée par une demande qui ne tarit pas. « J’ai reçu plus d’une trentaine de dossier en 3 jours, au bout d’une semaine, mon studio était loué », indique un propriétaire. Un autre a loué en deux jours et un troisième assure avoir reçu près de 250 mails. En moyenne, une semaine suffit à louer une studette de 12 mètres carrés.
Face à cette inflation, certains déclarent avoir décidé de baisser le loyer, qu’ils trouvent eux-mêmes parfois un peu « surestimé ». Mais « pas en raison du projet de loi », explique une propriétaire, « uniquement parce qu’il m’a semblé excessif ». Et de conclure:
« C’est une loi idiote qui n’est pas cohérente avec le marché de l’immobilier, c’est de la pure démagogie à l’approche des élections. »
Jeanne Chaumier
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