Un François Hollande plus candidat que président de République lors de cette rentrée 2015.
A quoi reconnaît-on un président de la République en exercice bien décidé à se représenter – quoi qu’il arrive, quoi que Mélenchon et les sceptiques en disent, et malgré ses anciens mais aventureux propos concernant la conditionnalité de l’inversion de la courbe du chômage ?
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Eh bien il promet de baisser les impôts, figurez-vous, et réserve cette annonce à la presse quotidienne régionale, loin du microcosme, au plus près des vrais gens qui en bavent, eux. Franchement, là, chapeau bas : Jacques Chirac n’aurait pas fait mieux.
Dans un premier temps, cette excellente nouvelle était subordonnée à “l’amplification de la croissance” – ce vocabulaire d’énarque ! Et puis non, en fait : les impôts baisseront de toute façon, qu’on se le dise, mais ils baisseront davantage si la croissance est forte, cela se comprend.
La ficelle est grosse et le numéro éculé. Faut tout de même oser, serait-on tenter de se dire, si on ne reconnaissait pas là le culot hollandais à l’état chimiquement pur, cette façon tranquille, débonnaire, d’énerver son monde en ne croyant qu’à sa bonne étoile.
Le bilan du quinquennat risque fort d’être mauvais, voire très mauvais ? Toutes les élections intermédiaires auront été perdues dans les grandes largeurs ? Et cette croissance, c’est pour quand, au juste ?
Certes, certes, mais entre un encore plus détesté et une aventure qui fera froid dans le dos du plus grand nombre, qui saura mieux que lui incarner la raison et la modération, l’endurance et la ténacité ? Hollande y croit. Lui pense qu’il gagnera cette élection, surtout si elle est à un seul tour – Marine Le Pen oblige, si celle-ci n’implose pas d’ici vingt mois.
Sortants et revenants
François Hollande sait pourtant que les Français ont pour coutume de sortir les sortants. Seuls Chirac et Mitterrand y ont échappé mais c’était après un accident électoral inédit pour l’un et après deux années de cohabitation pour l’autre, pendant lesquelles la droite avait accumulé les bêtises et les brutalités, croyant que le grand jour libéral était arrivé alors qu’il ne faisait que poindre.
Les sortants, oui, mais face à un revenant honni ? En découvrant la couverture de Paris Match, avec un Sarkozy en pleine rechute bling-bling, Hollande a dû se dire que ça serait décidément plus facile contre lui. Choisi car il représentait tout son contraire, élu seulement parce qu’il n’était pas lui, il sait que le schéma de 2012 peut fonctionner en 2017, aussi sinistre et stérile soit le remake.
Face à Juppé, ce serait beaucoup plus dur, bien sûr, pas assez clivant pour que ça marche, pas assez de droite ou plus intelligemment. Alors que contre Sarkozy, qu’il a déjà battu et qui perdra le peu qu’il lui reste de génie politique dans une épuisante course à l’échalote avec Le Pen, à grands coups de dérapages très contrôlés et d’outrances qui rendront Patrick Buisson encore plus amer, le miracle n’est pas absolument exclu.
Pour peu que cette fichue courbe du chômage daigne enfin s’inverser, même d’un chouïa, tout à fait symboliquement. Car, pour l’instant, toutes catégories confondues, on compte 1 100 000 demandeurs d’emplois en plus depuis le début du quinquennat.
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