Le candidat d’En marche ! a dévoilé ce jeudi, lors d’une conférence de presse, les grands axes de son programme présidentiel, d’inspiration clairement social-libérale.
Tout vient à point à qui sait attendre – même le programme d’Emmanuel Macron. Pressé de toutes parts d’abattre ses cartes, le candidat d’En Marche ! organisait ce jeudi matin une conférence de presse pour couper court à la petite musique d’un « candidat sans projet« , sinon celui de montrer un visage avenant. Devant un parterre d’environ 300 journalistes, réunis au très chic Pavillon Gabriel (à une centaine de mètres de l’Elysée…), le désormais favori de l’élection présidentielle a exposé les grands chantiers de son programme. L’ancien locataire de Bercy en a défini six principaux : l’éducation et la culture, la société du travail, la modernisation de l’économie, la sécurité, le renouveau démocratique et la stratégie internationale.
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« Esprit de conquête »
Rappelant que la présentation de son projet intervenait à un moment « important et grave« , car « deux candidats ont choisi de s’attaquer délibérément à l’Etat de droit » – François Fillon et Marine Le Pen pour ne pas les nommer –, Emmanuel Macron a vanté « l’esprit de conquête » de son programme face aux « projets de repli » de ses deux principaux adversaires, qu’il a renvoyés dos à dos. Sans oublier d’envoyer une pique à Benoît Hamon : « Je ne dirai pas dans mon projet que nous avons perdu la bataille du travail« .
N’en déplaise à tous ceux qui l’accusent de pratiquer le grand écart permanent, Macron s’est posé pour sa part comme le candidat de l’équilibre : celui qui veut conjuguer « l’efficacité et la justice« , réconcilier « la liberté et les protections« , « les droits et les devoirs » mais aussi « l’exigence et la bienveillance« .
Une formation pour deux millions de personnes
Sur les volets éducatif et culturel, Macron souhaite « porter un projet de transmission de nos valeurs et d’émancipation« . Parmi ses mesures phares : la limitation à 12 élèves par enseignant des classes de CP et de CE1 en zone prioritaire, la création d’une prime de 3 000 euros net par an pour ces enseignants, l’ouverture des bibliothèques en soirée et le week-end ou encore la création d’un « Pass Culture« , qui permettra à chaque Français de 18 ans d’effectuer 500 euros de dépenses culturelles.
Sur le volet économique, Macron promet « un plan inédit pour la formation » auprès d’un million de jeunes et d’un million de demandeurs d’emplois peu ou pas qualifiés. Soucieux de « libérer le pays des carcans et des blocages » tout en inventant « de nouvelles protections« , il souhaite rétablir les exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, supprimer le régime social des indépendants (RSI) et ouvrir les droits à l’assurance-chômage aux salariés démissionnaires et indépendants. L’ancien ministre de l’Economie confirme également sa volonté d’exonérer de la taxe d’habitation 80% des ménages, s’en prenant à cet « impôt injuste, à la fois sur le plan social et territorial« .
Macron 2017 > Juppé 1995 ?
Afin que les règles « soient les mêmes pour tous« , Macron propose la fin des régimes spéciaux de retraite et une « vraie fin des inégalités entre fonctionnaires et salariés du privé« . Tout en se refusant à repousser l’âge de départ à la retraite et à modifier le montant des indemnités, il envisage la mise en place « d’un système universel dans lequel un euro cotisé donnera les mêmes droits à la retraite pour tous ». Pourquoi réussirait-il là où Alain Juppé a échoué en 1995 ? « Il n’y a pas de fatalité à la grève et au refus », veut croire le candidat. « Si je suis élu, il y aura une légitimité démocratique sur la base d’un projet clair ». S’il le dit…
Conscient de l’image qu’il renvoie parfois – à savoir celle d’un candidat dont le discours porte surtout auprès de « la France qui va bien » –, Macron a tenu à s’ériger en « candidat des classes moyennes et populaires« . « Le projet que nous portons n’est pas là pour aider ceux qui ont déjà réussi, mais pour favoriser la mobilité« , a-t-il assuré. Pour encourager l’embauche des habitants des 200 quartiers prioritaires de la ville, le natif d’Amiens propose de créer des « emplois francs » : toute entreprise qui recrutera en CDI un habitant de l’un de ces quartiers bénéficiera ainsi d’une prime de 15 000 euros sur trois ans.
Discrimination et moralisation
Toujours dans l’optique d’accélérer l’intégration, le programme macronien envisage de « faire de la lutte contre la discrimination une priorité nationale« . Des opérations de contrôle aléatoires et imprévues seront organisées à grande échelle, que ce soit en matière d’accès à l’emploi ou au logement.
Le candidat enfin annoncé a promis une grande loi de moralisation de la vie publique, telle que souhaitée par son allié François Bayrou. Lui, président, Macron mettra fin à la possibilité, pour les parlementaires, d’exercer des activités de conseil parallèlement à leur mandat. Il interdira également toute embauche par un élu ou un ministre d’un membre de sa famille, tout comme le cumul de plus de trois mandats identiques successifs. Tout est dans le « identique » … « Je souhaite réduire d’un tiers le nombre de parlementaires, tout en leur donnant plus de pouvoir d’évaluation« , a-t-il en outre précisé. La recherche du point d’équilibre, encore et toujours…
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