Elu créateur pour femmes de l’année aux Etats-Unis, le duo Proenza Schouler poursuit son irrésistible ascension.
Il est peut-être en passe de devenir aussi célèbre que Dolce & Gabbana ou Viktor & Rolf. Depuis huit ans, le duo Proenza Schouler gravit en tout cas les échelons de la mode américaine et accumule frénétiquement les distinctions. Déjà couronné en 2007, il vient d’être élu créateur pour femmes de l’année aux Etats-Unis par le très prestigieux Council of Fashion Designers of America.
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A l’origine de la marque, il y a une simple amitié, celle de deux créateurs que rien ne semblait devoir rapprocher, Lazaro Hernandez et Jack McCollough. Le premier, l’enfant latino, a grandi dans un salon de beauté tenu par sa mère ; le second, issu d’une lignée de banquiers, est un digne membre de la bourgeoisie wasp de San Francisco. Pourtant, lorsqu’il se rencontrent en 1999 sur les bancs de l’école de stylisme Parsons, c’est un coup de foudre. Leur amour pour la couture française des années 50 et leur fascination pour l’esthétique teenager américaine façon MTV les rapprochent et les unissent.
Au fil de leurs quatre années d’études, constatant les ressemblances évidentes entre leurs collections, Hernandez et McCollough décident d’unir leurs talents afin de créer ensemble leur collection finale. Ils accolent les deux noms de jeune fille de leurs mères et créent Proenza Schouler. Le succès est immédiat. Incroyablement aboutie pour un travail d’étudiants, leur collection est intégralement achetée par Barneys, le grand magasin chic de l’Upper East Side new-yorkais, qui s’empresse de commander une nouvelle collection. La couleur est donnée.
3,7 millions de dollars pour décrocher 45% des parts de la marque
En 2002, lors de la fashion week new-yorkaise, le premier défilé de Proenza Schouler fait un carton. Remarqué et plébiscité par les figures les plus influentes de la presse, d’Anna Wintour à Carine Roitfield en passant par André Leon Talley du Vogue américain, totalement extatique devant les coupes et les finitions parfaites de la collection, le style de la marque s’impose très vite.
Dans un remarquable numéro d’équilibrisme, il mélange les codes preppy aux influences de la couture parisienne des années 50, tout en rendant un hommage à l’esthétique grunge des années 90. Sous le crayon de Proenza Schouler, la panoplie de la working girl new-yorkaise est revisitée à la sauce street et pimentée de références aux cultures de la jeunesse américaine, tels le surf ou le skate.
http://youtu.be/ALHNKgwR2fA
Mais ce qui marque chez Proenza Schouler, c’est la ligne, toujours la ligne. Architecturale, ultrastructurée, elle ne s’embarrasse d’aucun détail et semble comme limée. Elle est également servie par un sens aigu du stylisme et de l’accessoire. En 2008, le sac PS1, inspiré du cartable d’écolier et des besaces des années 50, est un vrai it-bag. Leurs chaussures s’arrachent aussi. En juillet 2009, la maison mère de Valentino et d’Hugo Boss Men déboursera pas moins de 3,7 millions de dollars pour s’offrir 45% des parts de la marque.
Coolitude extrême
Naturellement, les icônes indé se sont toutes entichées de Proenza Schouler. Chloë Sevigny, les soeurs Olsen, Kirsten Dunst ou encore Maggie Gyllenhaal portent régulièrement les créations du tandem, qui jouit d’une aura de coolitude extrême servie par un remarquable sens de l’image. En 2010, ils demandent ainsi à Harmony Korine de réaliser un film promotionnel. Le réalisateur livre Act da Fool, étrange court métrage dans lequel de jeunes adolescentes black de Nashville, dont le passe-temps consiste à boire des litres d’alcool en fumant des cigarettes, arborent la collection automne-hiver 2010-2011. Le film surprend et dérange, dans un milieu d’ordinaire si aseptisé.
http://vimeo.com/15428714
Un peu plus tard, dans un documentaire que leur consacre Loïc Prigent, on découvre deux jeunes hommes sympathiques, deux copains enthousiastes, complètement stupéfaits de leur succès et des réactions que provoque leur travail. Ils vont devoir s’y faire…
Géraldine de Margerie
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