La plateforme de mise en relation de conducteurs et de passagers est notamment accusée de faciliter l’exercice illégal de la profession de taxi
La traversée de Paris de Porte de Saint-Cloud à la Villette pour une quinzaine d’euros ne sera peut-être plus qu’un lointain souvenir. Hier s’ouvrait le procès de la start-up française Heetch. Bien connue des 18-25 ans, la plateforme de mise en relation de conducteurs et de passagers est notamment accusée de faciliter l’exercice illégal de la profession de taxi alors que ses deux fondateurs soutiennent effectuer du covoiturage, « au sens légal du terme« . Leur est aussi reproché l’exercice d’une pratique commerciale trompeuse et « de mise en relation de particuliers se livrant au transport à titre onéreux sans autorisation« .
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Teddy Pellerin et Mathieu Jacob, respectivement directeur général et président de l’application au pouce levé comparaissaient hier et aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Paris. Ironie du sort, l’audience se passait dans la même salle que feu UberPop, il y a quelques mois, tombé pour les mêmes chefs d’accusation. Les deux trentenaires, ingénieurs de formation, risquent jusqu’à 300 000 euros d’amende, deux ans de prison et l’interdiction de leur application.
1500 parties civiles
Le procès qui devait avoir lieu le 22 juin dernier a été reporté au dernier moment à cause d’une centaine de chauffeurs de taxi ayant décidé de se porter partie civile devant la porte de la salle d’audience. Un élément sur lequel la défense a tenté de faire annuler le procès, accusant hier les enquêteurs d’être responsables de vices dans la procédure et la majorité des parties civiles de n’être la que par opportunisme pur et simple pour les dommages et intérêts.
Les 1500 parties civiles accusent Heetch de leur faire de la concurrence déloyale, pourtant d’après leur avocat, ils n’ont donné aucune preuve du fait qu’ils travaillaient la nuit, sur les mêmes horaires que l’application.
Une « sécurité » pour les jeunes ?
Sur son compte Twitter, la start-up se définit comme « un service de mobilité partagé ouvert uniquement la nuit (20h – 6h), idéal pour les jeunes en soirée« . C’est sur cette ligne qu’ils ont basé leur défense. D’après les deux fondateurs, un conducteur Heetch ne peut gagner plus de 6000 euros par an, les gains étant plafonnés par l’application. Ces chiffres ont été calculés sur le coût de possession d’une voiture, l’application permettant de les amortir mais pas de s’enrichir. Si les conducteurs tentent de le dépasser, ils n’ont plus accès à l’appli. D’après eux, les 30 000 conducteurs inscrits gagnent en moyenne 1800 euros par an, donc pas de bénéfices, seulement du partage de frais.
Deuxième point, le tarif affiché par l’application est une suggestion et n’est pas imposé comme un prix. L’utilisateur peut choisir de le baisser jusqu’à zéro ou de le monter pour donner un pourboire.
Pour eux, Heetch est indispensable aux jeunes, notamment pour effectuer des trajets de Paris vers la banlieue, où d’après eux nombre de taxis « refusent d’aller » où des trajets de banlieue à banlieue, extrêmement difficile, voire impossible, via les transports en commun. De plus leur prix permettrait aux jeunes éméchés de pouvoir rentrer chez eux en toute sécurité après une soirée pour un coût compatible avec leurs petits moyens.
La question de l’économie collaborative
Le député des français de l’étranger, Frédéric Lefebvre est venu témoigner en faveur de la start-up. Celui qui dit avoir mainte fois défendu les taxis pour qu’ils puissent exercer leur profession le mieux possible explique que cette fois-ci, « les taxis se trompent de cible, les conducteurs ne s’enrichissent pas à travers cette application (…) Ce procès est celui de l’économie du partage« . Pour les fondateurs, Heetch est quasiment sur le même modèle que Blablacar.
Durant l’audience, une reportage du Supplément a été diffusé, on y voyait notamment les fondateurs auprès d’Emmanuel Macron. La suite du procès se tient ce vendredi après-midi.
Notre procès a lieu le 8 décembre et rien n'est plus fort que vos mots pour nous défendre. Faites entendre votre voix ! #TouchePasAMonHeetch pic.twitter.com/6EA3QFgbel
— Heetch (@Heetch) November 29, 2016
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