Nommée déléguée à l’environnement au sein des Républicains, la nouvelle égérie verte de Nicolas Sarkozy a un profil surprenant : amie des grands patrons, pro-OGM et pro-nucléaire. Celle qui entend défendre une « nouvelle vision de l’écologie » a beau séduire les people, elle peine à convaincre dans les milieux écolos. Et elle assume. Portrait.
Ce 4 juin au soir, dans le très chic hôtel Bristol, à Paris. La planète VIP s’est donné rendez-vous pour assister au gala de charité donné par l’ancienne navigatrice Maud Fontenoy. On y croise Louise Bourgoin, Michel Drucker, le magicien Eric Antoine ou Sydney Toledano, PDG de la maison Dior. Mais c’est surtout une personne qui a attiré les objectifs : Nicolas Sarkozy, venu en personne, claquer une bise à sa nouvelle protégée. Une visite qui ne doit rien au hasard : dès le lendemain, la sportive est bombardée déléguée à l’environnement au sein de la direction des Républicains.
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“Ecolo de papier”
Grande navigatrice, « amoureuse » des océans et « viscéralement engagée sur la protection de l’environnement depuis plus de quinze ans ». Sur le papier, le profil de la nouvelle caution verte de la droite est parfait. Son discours, aussi, a de quoi séduire les militants de l’ancienne UMP. Proche des grands patrons – elle remercie Pierre Gattaz ou Vincent Bolloré dans son dernier livre – elle défend pêle-mêle les OGM, le nucléaire, le diesel et les gaz de schiste (ouf)… Un grand écart totalement assumé par celle qui prétend défendre “une écologie réaliste et innovante”.
“Une écologie de papier, vilipende Julien Bayou, porte-parole d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV). Dans le discours politique un écologiste doit porter un changement de paradigme. On ne peut pas se revendiquer écolo et opter pour le statut quo”. Même Corinne Lepage, l’ancienne ministre de l’Environnement d’Alain Juppé, n’est pas convaincue : “Avoir une vision libérale de l’écologie, pourquoi pas ? Mais de là à défendre le gaz de schiste et le nucléaire… Je ne vois pas ce qu’elle a d’écolo en dehors du fait qu’elle a été navigatrice et qu’elle aime les océans. Soit. C’est très bien, et alors ?” Même sa consœur navigatrice, Isabelle Autissier, n’est pas tendre. “Ce n’est pas un problème qu’elle soit proche de l’UMP, mais qu’elle ait de vraies propositions environnementales et on en reparle”, balançait-elle dans Terra Eco, l’année dernière.
Des kits pédagogiques polémiques
Le vaisseau amiral de l’engagement de Maud Fontenoy c’est sa fondation éponyme. Fondée en 2008 – hébergée aux Pays-Bas – elle s’est fixé un objectif simple : “Sauver les océans pour sauver l’homme”. Une fondation “reconnue d’intérêt général”, est-il précisé un peu partout sur son site. Même si la notion est avant tout fiscale et ne doit pas être confondue avec la reconnaissance d’utilité publique, statut qu’elle n’a pas obtenu. Depuis sept ans, la navigatrice oriente l’essentiel de son action sur l’éducation, en accueillant les scolaires sur son voilier, Tahia, et en produisant des “kits pédagogiques”, envoyés gratuitement aux professeurs. Le ministère de l’Education nationale a même officiellement encouragé à les utiliser dans le cadre de la préparation de la COP21.
Politique, engagement et éducation. le mélange commence à faire grincer des dents dans les milieux écolos. “C’est une militante UMP, soit. Sa fondation fait des kits, c’est très bien. Mais le fait que le ministère encourage à les utiliser, ça pose un problème. On préférerait qu’elle travaille main dans la main avec le ministère de l’Ecologie sur ce genre de sujets”, nuance Julien Bayou, d’EELV. Une pétition, “débarquons Maud Fontenoy des écoles”, demandant le retrait des kits a de son côté recueilli 8 000 signatures.
“Accro à la lumière”
Maud Fontenoy, “bombardée de sollicitations” depuis sa nomination au sein de la direction des Républicains, a choisi de ne pas s’exprimer “tout de suite” dans les médias. Elle nous a répondu par mail concernant la polémique. Déplorant que l’on confonde “une personne – aussi publique soit-elle – et une entité”, elle assure que ses kits sont réalisés par des “éducateurs, enseignants, et auteurs de supports pédagogiques professionnels, dont les travaux sont avisés et pointés par un comité d’experts indépendants”.
Elle souligne par ailleurs que pendant ses actions, elle n’a manifesté “à aucun moment, un quelconque soutien à une énergie plus qu’à une autre, aux OGM, ou je ne sais quelle fantaisie didactique”. “Devoir de neutralité oblige”.
Pas sûr que l’argument de la neutralité tienne longtemps avec son entrée dans le grand bain de la politique. Maud Fontenoy n’a pour l’instant pas officiellement d’ambitions personnelles. Mais il y a quelques années, nos confrères de L’Express avaient publié un portrait sans concession de cette navigatrice, “accro à la lumière”.
Ils rapportaient alors une anecdote : “En janvier 2008, quand elle s’est rendue aux Music Awards, à l’hôtel Carlton de Cannes, elle a demandé au père de son fils, le photographe Thomas Vollaire, de marcher 10 mètres derrière elle pour éviter qu’il n’apparaisse sur les photos.” Avec un tel caractère, nul doute qu’elle est armée pour sa nouvelle carrière.
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