Au moment où sort Harvey Milk en France , le débat sur l’homoparentalité reste bien stérile.
Au moment où sort Harvey Milk, le beau film de Gus Van Sant sur l’un des premiers leaders du mouvement gay américain, les ministres de notre gouvernement ferraillent sur l’homoparentalité. Tentant de tenir au moins une promesse du candidat Sarkozy, Nadine Morano propose un projet de loi facilitant l’exercice de l’autorité parentale par les beauxparents des familles recomposées (1,7 million d’enfants concernés). Cela inclut les parents de même sexe (entre 30 000 et 300 000 enfants). L’Interassociative lesbienne, gay, bi et trans a salué ce premier pas tout en regrettant que le projet n’aille pas jusqu’à l’adoption, une réaction qui résume bien la situation : le gouvernement pourrait passer pour être à la pointe de la modernité alors qu’il reste en deçà de pas mal de nos voisins européens qui ont légalisé depuis belle lurette le mariage gay ou l’adoption par les couples homos.
Mais l’inénarrable Christine Boutin, notre Sarah Palin nationale, part en croisade contre le projet Morano, visant bien sûr l’homoparentalité et ce qu’elle considère comme “une adoption par les couples homos de façon détournée”. Ça chauffe au sein des troupes sarkoziennes et c’est un spectacle étonnant, voire inédit dans la Ve République. Et la gauche ? Allô, Martine ? Olivier ? Marie-George ? Jean-Luc Mélenchon peutêtre ? L’égalité en droit pour les homos, ça vous dit quelque chose ? Ne seraitce pas l’occasion de pousser Sarko et Morano dans leurs retranchements pour que la France se mette à l’heure des démocraties les plus avancées ? Nos leaders de gauche sont sans doute occupés à des tâches plus urgentes comme la constitution des listes pour les européennes…
Si on comparait notre vie politique à un couple, la droite faisant l’homme et la gauche prenant le rôle de la femme (les fameux Mars et Vénus tels que définis par des politologues américains pour parler des Etats-Unis et de l’Europe), on vivrait comme une homosexualité permanente : la droite fait seule la majorité et l’opposition, la droite débat et s’ébat avec la droite, et la gauche tient la chandelle. Et pourtant, dommageable paradoxe, c’est encore la gauche qui se fait bien baiser. Pendant que les partisans homos attendront encore un peu pour la pleine égalité de droit, on se retrouve avec une vie politique homopartisane.