Alors que l’identité de ce prisonnier mystère vient d’être officiellement dévoilée, le silence prolongé des autorités et les véritables raisons de l’emprisonnement de Ben Zygier font débat en Israël.
C’est l’un des secrets d’Etat les mieux gardés d’Israël qui vient d’être révélé. Mercredi, le gouvernement a admis que Ben Zygier, australien d’origine et probable agent du Mossad (les services secrets israéliens), était le fameux « prisonnier X » détenu pendant plusieurs mois dans la prison d’Ayalon, au sud de Tel Aviv. Arrêté en février 2010 par le Shin Bet, les services israéliens de sécurité intérieure, Ben Zygier a été retrouvé pendu dans sa cellule de haute sécurité en décembre 2010.
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Après les révélations, le temps est désormais aux questions en Israël : pourquoi l’identité de Zygier a-t-elle été cachée pendant si longtemps ? Quel secret l’agent du Mossad pouvait-il détenir pour que la justice israélienne réussisse à imposer une telle censure aux médias et aux organisations des droits de l’Homme qui ont tenté d’enquêter sur l’affaire ? Ben Zygier était soupçonné de rendre compte de plusieurs opérations du Mossad aux services de renseignements australiens. Une version corroborée par la télévision australienne qui affirme qu’il aurait livré des informations sur une mission secrète du Mossad en Italie à des responsables de l’Australian Security Intelligence Organisation (ASIO). Il aurait également fait partie d’un groupe de trois Australiens travaillant pour le Mossad qui auraient changé d’identité à plusieurs reprises, utilisant différents passeports lors de voyages au Moyen-Orient et en Europe.
Ouverture d’une enquête parlementaire dédiée à l’affaire
Depuis la révélation du scandale, les représentants de l’Etat hébreu tentent de justifier l’omerta qui entoure l’affaire depuis 2010 en multipliant les commentaires rassurants. Samedi, le vice-premier ministre israélien, Moshé Yaalon, a tenu à réaffirmer l’engagement d’Israël en matière de droit des prisonniers.
« Nous ne sommes pas un pays qui agit dans la pénombre », a-t-il assuré. « Quand, dans une extrême mesure, nous devons isoler un prisonnier ou même l’incarcérer sous une fausse identité, cela se fait sous supervision légale, en informant les autorités et sa famille », a-t-il martelé.
Dimanche, le ministère de la Justice a lui aussi cédé à la pression médiatique et a annoncé le lancement d’une enquête parlementaire entièrement dédiée à l’affaire. De son côté, Benyamin Netanyahou est prêt à tout pour défendre le Mossad : « Dans la situation où vit l’État d’Israël, la sécurité doit primer », a-t-il lancé dimanche soir.
Relations tendues entre Israël et l’Australie
Ces déclarations sont loin de satisfaire les observateurs et analystes politiques du pays. « Les questions sont nombreuses et troublantes. Y a-t-il eu une tentative des différents organismes gouvernementaux, dont le procureur général et les agences de sécurité, de blanchir l’affaire et d’empêcher une enquête indépendante sur les circonstances de la mort de Ben Zygier ? », se demande Shimon Shiffer, éditorialiste du populaire quotidien Yediot Aharonot.
En attendant les premiers résultats de l’enquête, les relations sont de plus en plus tendues entre Israël et l’Australie. Le pays vient d’annoncer qu’il mènerait ses propres investigations sur le parcours de Ben Zygier au sein des services secrets. Les enquêteurs australiens ont déjà en ligne de mire l’attentat de Dubaï, qui avait coûté la vie à un cadre militaire du Hamas en janvier 2010. Selon les autorités de l’émirat, un faux passeport australien aurait été utilisé par l’un des membres du commando. Appartenait-il à Ben Zygier? C’est l’une des nombreuses questions qu’il reste à élucider pour enfin connaître toute la vérité sur le « prisonnier X ».
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