Des images censées faire rêver les enfants, mais version cauchemar. C’est le pitch de cette nouvelle campagne anti-inceste, signée par l’artiste Saint Hoax.
Aujourd’hui, Ariel la petit sirène n’ira pas jouer avec les poissons. Elle est tétanisée : son père, le roi Triton, l’a embrassée sur la bouche. Pareil pour Jasmine et la Belle au Bois Dormant : l’artiste américaine Saint Hoax a représenté les trois princesses Disney dans une situation d’inceste, enlacées par leur père contre leur bon vouloir.
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« Journal d’une Princeste »
En-dessous de chaque image (dont l’intégralité est visible sur la page Facebook de Saint Hoax), juste une phrase, toujours la même : “46 % des mineurs violés sont victimes de membres de leur famille.” Et un rappel : “Il n’est jamais trop tard pour dénoncer un abus.” Le tout est enrobé d’un titre pour le moins évocateur, « Princest Diaries » (dont l’équivalent français pourrait être, à quelques subtilités près, « Journal d’une Princeste », en référence aux romans à succès de Meg Cabot).
L’artiste est une habituée des détournements en tout genre (elle se définit d’ailleurs comme une artiste « pop-litique »). Cette fois-ci, elle a imaginé une série de posters « choc » pour lutter contre les abus sexuels sur mineurs – et en particulier l’inceste. L’idée lui est venue en apprenant que l’une de ses meilleures amies avait été abusée par son père à l’âge de 7 ans, précise le Huffington Post.
Le détournement Disney, choquant mais pas inédit
Le but de cette campagne est clair : il s’agit de détourner l’imaginaire Disney, pas toujours ouaté mais néanmoins spécialiste du « happy ending », pour sensibiliser le public. Mais si les images en elles-mêmes sont fortes et perturbantes (et ne manqueront certainement pas de faire polémique), le mode opératoire, lui, n’a rien de bien nouveau.
Depuis quelques temps, en effet, la Toile grouille de détournements de l’imaginaire Disney, à vocation tantôt politique (à l’image de ces héroïnes aussi barbues que la dernière gagnante de l’Eurovision, Conchita Wurst), tantôt simplement parodique, comme cette Reine des Neiges version film d’horreur, ou ce Paperman option plan à trois et ecstasy…
Aux origines, le conte
La démarche, présentée comme un détournement suprême, transgressif, revient en fait aux fondamentaux du conte, des frères Grimm à Charles Perrault : enfant décapité par une belle-mère excédée puis servi en dîner à son père, Petit Chaperon rouge qui entre dans le lit du loup… le genre a toujours été, avant de passer à la grande machine à édulcorer de Disney, un haut lieu de mise en scène du danger, de l’équivoque de la cruauté.
Pour ce qui est de l’inceste, on pense notamment à Peau d’Âne. Dans ce conte de Charles Perrault, une petite princesse se voit obligée de fuir son royaume cachée sous une peau d’âne pour échapper à ses noces : son père, veuf et inconsolable, l’a demandée en mariage…
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