A dix jours du premier tour de la primaire socialiste, les six candidats ont débattu une nouvelle fois ce mercredi soir, n’hésitant pas cette fois à aborder franchement leurs divergences.
On a retrouvé mercredi soir des candidats PS plus semblables à leur image que lors du premier débat télévisé du 15 septembre: Ségolène Royal était offensive, Martine Aubry batailleuse, François Hollande synthétique et rassembleur, Arnaud Montebourg et Manuel Valls prêts à l’affrontement idéologique. Même Jean-Michel Baylet a endossé sans hésiter le costume du radical républicain attaché à la laïcité.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
http://www.dailymotion.com/video/xld91o
« Je vais rallumer tous les soleils, comme disait Jean Jaurès», a lancé Ségolène Royal à son arrivée dans les studios de Boulogne. Veste rouge, la « candidate des solutions » est entrée sans attendre dans la confrontation, coupant la parole aux autres candidats, appuyant sur ses propositions concrètes, comme le blocage des prix de l’essence et de 50 produits de première consommation. Une radicalité qui n’effarouche pas ses camarades. Beaucoup lui donnent du « je suis d’accord avec toi, Ségolène ».
La cible, ce soir, était bien naturellement le favori des sondages, François Hollande. Lui la joue force tranquille, au-dessus des partis et de la mêlée, en un mot présidentiel. Aucune prise de risques pour le Corrézien qui essuie sans broncher les attaques de Ségolène Royal sur la contribution écologique –« Mais qui va payer François ? »- et celles de Martine Aubry sur le Contrat de génération, sa proposition-phare qui vise à unir jeunes et seniors dans l’emploi. La maire de Lille s’appuie sur les réticences de certains syndicats pour dénoncer « un effet d’aubaine » et un dispositif coûteux.
François Hollande reprend alors la formule fâcheuse de François Mitterrand sur le chômage – « On a tout essayé » – pour la retourner en sa faveur: « Non, on n’a pas tout essayé ! » Pas facile à attraper, François Hollande se fait quand même tacler gentiment par Manuel Valls, qui a vite compris la tactique du Corrézien : laisser les autres parler, distribuer des bons points – « il y a de bonnes idées ! »- et conclure. « Vas-y François, fais la synthèse ! » ou encore « vas-y François, pour une fois ne conclus pas ! », lui lance-t-il en riant.
Avec Arnaud Montebourg, l’autre outsider de la primaire, Manuel Valls a été beaucoup plus tranchant. Lorsqu’Arnaud Montebourg défend la démondialisation et pique son adversaire sur son aspect « droitier », le député-maire d’Evry joue Giscard face à Mitterrand: « Personne ici, Arnaud, n’a le monopole de la gauche ! »
Pour Martine Aubry, le pari était d’apparaître comme une alternative crédible à François Hollande. En rassurant ses soutiens sur sa détermination. On l’a entendue dire à plusieurs reprises : « Comme je veux être présidente de la République » ou encore « si je suis comme je le pense présidente de la République ».
De sérieux points de désaccord sont toutefois apparus, sur la TVA sociale que Manuel Valls souhaite instaurer, sur l’interdiction des licenciements boursiers défendue par Ségolène Royal mais repoussée par Martine Aubry et François Hollande. Autre pierre d’achoppement : la régularisation des sans-papiers, Ségolène Royal repoussant « les critères généreux » d’Arnaud Montebourg. Mais aussi l’encadrement militaire des mineurs délinquants défendu par l’ex-candidate de 2007, que François Hollande rejette d’une phrase : « Pour le personnel, on verra ! » Un vif échange a aussi opposé Arnaud Montebourg, procureur implacable du système Guérini dans la fédération PS des Bouches-du-Rhône, et Martine Aubry, attachée à l’indépendance de la justice.
En revanche, les candidats étaient presque tous d’accord pour rééquilibrer le partage des profits entre actionnaires et salariés, François Hollande proposant même l’interdiction des stock options, et aussi sur la politique sécuritaire. Prochain épisode, le 5 octobre, sur BFM.
Hélène Fontanaud et Marion Mourgue
{"type":"Banniere-Basse"}