Dans le grand amphi de Sciences Po Paris, et en direct sur I-Télé, la candidate du PS, Anne Hidalgo, et une des candidates de l’UMP, Rachida Dati ont débattu pendant une heure du mariage pour tous, de la moralisation de la vie publique, du logement, des classes moyennes, des transports, des rythmes scolaires, et très brièvement de la police municipale armée et du Grand Paris.
Le décor
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Dans un grand amphi bondé d’étudiants et aussi de journalistes accrédités pour l’occasion, avec photographes autorisés à photographier au début et à la fin, les deux candidates sont arrivées ensembles. Mais Anne Hidalgo cinq centimètres un peu devant quand même… D’où un geste de la main de Rachida Dati sur le bras de sa challenger pour ne pas se laisser devancer. Pour le reste, c’était à se demander si elles ne s’étaient pas appelées avant tant elles étaient habillées en négatif l’une de l’autre. Veste blanche pour Anne Hidalgo, noire pour Rachida Dati. Et bien sûr écharpe rouge pour Christophe Barbier, l’animateur du débat. Aucune des deux n’avaient de notes sur la table. On a en revanche vu Anne Hidalgo s’accrocher à son pupitre quand elle trouvait le temps un peu long et la temps de parole de son adversaire un peu long. A l’inverse, Rachida Dati, les mains bien rangées, préférait jeter des petits coups de regards à la salle où figurait d’ailleurs son père et son frère installés au premier rang.
Du fond, rien que du fond
Ça a parlé idées : mariage pour tous, éducation, diesel, embouteillages, pollution, logement, classes moyennes et on en passe. A tel point que Christophe Barbier a dû demander de répondre par « oui » ou par « non » aux deux élus si elles étaient favorables à la police municipales armées et au Grand Paris. Pour la première question, c’est plutôt non, quoique Rachida Dati ait fait une réponse trop longue. Et pour l’élection du maire du Grand Paris, c’est plutôt oui pour les deux bien que là aussi Rachida Dati ait fait une réponse trop longue.
Sinon Anne Hidalgo a pris au cours de l’interview deux engagements. Le premier sur la question du logement, cruciale à Paris, en voulant en faire « la bataille des batailles ». Une manière de répondre favorablement à une demande de ses alliés communistes, qui plaident pour que cette question soit au centre de la campagne des municipales. Dès lors, elle a réaffirmé l’objectif de 25% de logements sociaux imposés par la loi et évoqué un « pacte » pour Paris en travaillant avec les investisseurs institutionnels pour proposer une offre locative privée abordable pour les classes moyennes, voire « geler les prix du foncier » sur certaine parcelles et peut-être transformer 200 000 m2 de bureaux en logements. Du tact au tac, Rachida Dati, maire du VIIème arrondissement et dans la course pour la primaire UMP a critiqué ces propositions et taclé son adversaire, adjointe de Bertrand Delanoë, sous les applaudissements de la salle en rappelant que la gauche était au pouvoir « depuis 2001 ». « Je me réjouis qu’on se préoccupe enfin des Parisiens. La gauche est à Paris depuis 2001, donc tout ce qu’ils annoncent aurait pu être fait depuis 10 ans. » Bim bam boum. Deuxième engagement d’Anne Hidalgo, en cas d’élection à la Mairie de Paris, l’interdiction des bus du tourisme au diesel et la demande à la Ratp pour revoir son parc au bus roulant au diesel.
Quant à Rachida Dati, également députée européenne et qui est donc, dans ce cadre-là, soumise soumise à une déclaration de son patrimoine, elle ne s’est pas dit contre la publication des patrimoines des élus à condition qu’il y ait de meilleurs contrôles et donc des sanctions à la clé « avec une inéligibilité lourde » en cas de viol de loi. Elle s’est aussi prononcée pour « oxygéner la vie politique, pour le cumul des mandats dans le temps ». Des propositions plus générales, en sommes, et moins axées sur Paris. En revanche, elle a demandé à l’adjointe de Bertrand Delanoë plus de pouvoirs accordés aux maires d’arrondissements à Paris, alors dit-elle, que la gauche se fait le chante de la démocratie participative.
Des anicroches
Au moment où les deux élues parisiennes ont abordé la moralisation de la vie publique, les deux se se sont balancées l’une l’affaire Cahuzac, l’autre les affaires politico-financières de la droite parisienne avant 2001 à Paris. La salle a réagi à cette partie de ping-pong en live, sur scène. Au départ, Rachida Dati ne semblait pas préparée à ce que son adversaire attaque: « Je ne vous ai jamais balancé des affaires à la figure, ce n’est pas ma manière de faire de la politique », explique-t-elle comme pour reprendre la main. Et d’ajouter : « Il y a Cahuzac, Kucheida, Dalongeville », autant d’affaires nationales qui touchent le PS. Plus loin Anne Hidalgo, comme un peu dépassée, insiste « Je propose qu’on ne vienne pas perturber le débat. La question de la transparence et des gens défaillants existent dans toutes les formations. » Et Rachida Dati, en bonne copine, de glisser : « Je n’ai pas parlé des affaires, je ne voulais pas vous gêner », provoquant l’hilarité de la salle et le sourire de celle qui avait à l’instant parlé… Elle ajoute : « C’est toujours comme ça avec la gauche. Sur les affaires, la gauche donne toujours des leçons mais ne voit pas la poutre dans son propre oeil ». Et Anne Hidalgo essayant de reprendre la main et de revenir dans le débat : « Mais on ne parle pas de la même chose ».
Des maladresses…
Première maladresse d’Anne Hidalgo au tout début du débat sur le mariage pour tous. Appelant au vote de cette réforme pour une plus grande égalité, dit-elle, et pour un droit qui n’enlève rien, ajoute-t-elle aux couples hétéros, elle explique qu’il faut respecter les institutions et ne pas entraver le travail du Parlement. Et de lâcher : « Les Français sont beaucoup plus évolués et les Parisiens sont beaucoup plus évolués aussi ». Frémissement et brouhaha dans la salle qui comprend que l’adjointe de Bertrand Delanoë sous-entend que les Parisiens sont supérieurs au reste des Français. Rachida Dati, ne commente pas, mais regarde la salle. Un peu de rose vient au joue d’Anne Hidalgo qui saisit qu’elle n’a pas dit ce qu’elle voulait.
Deuxième maladresse au milieu du débat quand Rachida Dati fait un lien entre le pénurie de logements et la fraude des fonctionnaires ou des élus de la Ville. Ce qui permet à Anne Hidalgo de premièrement s’étonner du lien fait « entre la fraude et la pénurie » puis de rebondir sur « la longue histoire de droite parisienne avant 2001 ».
Au bout d’une heure, les photographes reviennent près de la tribune. Les deux adversaires se serrent la main tout sourire et s’engouffrent par le fond de la salle. Dans le hall, Anne Hidalgo entame une conférence de presse quand Rachida Dati commence à s’engouffrer dans les escaliers. Anen Hidalgo s’interrompt pour la suivre, suivi par l’ensemble de la presse qui s’arrête au bout de quatre étages, bloquée par une porte. Les deux candidates sont derrière. Le staff de Sciences Po arrive pour faire redescendre tout ce petit monde là. Fin du premier round. La primaire de l’UMP aura lieu fin mai. Pour le moment, six candidat sont toujours en lice. Au PS, Anne Hidalgo, elle, est tranquille.
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