La page Facebook « Coordination 1ers secours » a publié un communiqué alarmant, incitant les victimes de la répression à « ne pas accepter de se faire prélever dans de telles conditions ». « Franceinfo » a mené l’enquête.
Dans le tumulte des manifestations des Gilets jaunes, des pratiques illégales ont-elles été effectuées par de prétendus « street medics », ces secouristes bénévoles qui arpentent les cortèges avec une croix rouge sur le casque ? C’est ce qu’indiquent plusieurs témoignages et vidéos rassemblés par Franceinfo.
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Le 20 avril, assis par terre dans un nuage de gaz lacrymogène, Maurice (prénom modifié) est assisté par trois personnes qui lui font décliner son identité, tandis qu’ils lui prélèvent son sang : “On va t’envoyer les analyses chez toi, t’inquiète”, lui garantit-on. En fait, il n’en est rien. Plusieurs vidéos authentifiées par Franceinfo montrent les mêmes scènes de prélèvements sanguins inopinés, dans le contexte très trouble des journées de mobilisation des Gilets jaunes, à Lyon et à Paris. D’autres médias avaient déjà alerté sur le sujet, comme Le Parisien.
https://twitter.com/LPLdirect/status/1127144411249422336
“Du cyanure” dans les bombes lacrymogènes ?
Claire, autre manifestante qui témoigne dans l’article, rapporte que les « street medics » ont prétexté vouloir savoir si elle avait “du cyanure” dans le sang. Ils sont repartis après un prélèvement, sans lui donner de moyens de les contacter. A la faveur des situations confuses crées par le contexte de la répression, les victimes cèdent d’autant plus facilement qu’elles font confiance aux street medics, et finissent “dans le coltard” sans avoir le temps de dire “ouf”. Des rumeurs de présence de cyanure dans les bombes lacrymogènes lancées dans les manifestations circulent sur les pages Facebook de certains Gilets jaunes, ce qui explique aussi le crédit qui leur est accordé.
La Coordination 1ers Secours, qui rassemble d’authentiques street medics, s’est alarmée de ces pratiques suite au visionnage de vidéos. Sur leur page Facebook, ils ont publié un communiqué clair à ce sujet : “Nous ne sommes pas là pour faire des gestes longs sauf en cas de défaillance vitale. Seule la prise en charge, la sécurisation et l’évacuation des victimes nous concernent. […] Nous conseillons vivement aux victimes de ne pas accepter de se faire prélever dans de telles conditions, même avec les meilleures explications du monde.”
Etude sauvage
La Coordination a par ailleurs identifié quatre des « préleveurs de sang », dont un généraliste. Alexander Samuel, un docteur en biologie qui en fait partie, explique à France info être persuadé que les manifestants sont exposés à des doses importantes de cyanure, et ont des symptômes comme « des vertiges, parfois des pertes de connaissance à la suite de gazage intensifs ». Ces individus se seraient donc lancés dans une étude sauvage pour prouver leur théorie. Mais plusieurs spécialistes interrogés par Franceinfo pointent du doigt les risques que représentent des prélèvements dans de telles conditions.
Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes, est plus catégorique : “C’est complètement interdit : on n’a pas le droit de s’installer dans la rue et de faire une consultation, alors encore moins de prendre du sang. Pourquoi prélever du sang dans des conditions aussi peu favorables ? Là, on est dans l’insécurité totale.” La vigilance est donc de mise.
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