Annoncé il y a quelques jours, le nouvel épisode de Wolfenstein fait déjà polémique chez les partisans de l’extrême droite qui y voit encore une fois, une preuve d’un jeu prônant le “racisme anti-blanc”.
Décidément, l’alt-right américaine et les prochaines sorties vidéoludiques ne font pas bon ménage. Après les remous provoqués par le cas du Far Cry 5 d’Ubisoft, c’est au tour du nouvel épisode de la série Wolfenstein d’être la cible de critiques de la part de certains internautes véhéments.
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Annoncé en grande pompe par l’éditeur Bethesda le 12 juin dernier lors de sa conférence au salon de l’E3, Wolfenstein II: The New Colossus est le nouvel épisode de cette saga ayant donné ses lettres de noblesse à la fois au genre du FPS, mais aussi au massacre de nazis pixelisés.
Wolfenstein II: The New Colossus sortira le 27 octobre sur PC, PS4 et X1. Plus d'infos : https://t.co/2kWN21hTDS #BE3 #Wolf2 pic.twitter.com/qs9fMMiIoZ
— Bethesda France (@Bethesda_fr) June 12, 2017
Les nazis ont gagné la guerre
Suite directe de l’épisode The New Order sorti en 2014, les joueurs retrouveront donc l’emblématique armoire à glace B.J. Blazkowicz tout juste sortie du coma après les événements du premier opus. Jouant sur le principe de l’uchronie, le monde de Wolfenstein prend place dans une réalité alternative selon laquelle les nazis auraient gagné la guerre et régneraient en maître sur le monde des sixties à la manière du roman de K.Dick Le Maître du Haut Château. Alors que les premiers événements de New Order se déroulaient principalement en Europe, ce nouvel épisode exporte la chasse aux nazis sur le sol américain. À la tête d’une troupe de résistants, les joueurs devront vaincre l’oppresseur sur les terres de l’oncle Sam à grand renfort de plomb et de lasers meurtriers. Jouable à l’E3, les premiers retours des sites spécialisés sur le jeu annoncent un jeu plus que prometteur.
« Casual racism is fine if it’s white people »
Présenté dans une bande-annonce de 8 minutes qui compile quelques délires uchronique comme un épisode d’une version nazie de Lassie, ou de publicités sauce troisième Reich, ce sont surtout les séquences cinématiques du jeu qui ont posé problème à certains partisans de l’extrême droite américaine.
A la 3eme minute et 20 secondes, on peut apercevoir un nazi discutant tranquillement avec des membres du groupuscule du Ku Klux Klan en tenue et leur demandant s’ils ont pris des cours d’allemand. Pour les défenseurs de ce groupe de suprématistes blanc, ce rapprochement est insultant dans la mesure où l’idéologie prônée par le KKK diffère de l’idéologie nazie.
Un autre point de discorde survient quelques instants plus tard (4:45) lorsqu’un des personnages du jeu, une résistance afro-américaine, interpelle le héros d’un “White boy” ou « putain de blanc » en VF. Alors que certains crient d’ores et déjà à un jeu prônant le « racisme anti-blanc », d’autres s’insurgent en réalité de devoir faire équipe avec une membre des Black Panthers.
Autre personnage, autre spectre cher à l’extrême droite américaine avec le protagoniste du nom de Horton qui exprime avec véhémence dans le trailer sa haine de “la machine de guerre impérialiste” et de tous ces “rats de Wall Street qui avaient hâte d’envoyer les enfants du prolétariat mourir”. Il n’en fallait pas plus pour le voir directement assigné d’une étiquette de communiste. Un terme usuel en Europe mais une véritable insulte chez nos amis outre-Atlantique.
« Trop politiquement correct »
Comme l’ont repérés d’autres médias comme Motherboard ou The Verge, des commentaires à la fois négationnistes, antisémites, complotistes et racistes n’ont donc pas tardé à émerger que ce soit sur le fil Youtube du trailer, sur 4chan, ou encore Reddit (où un subreddit spécifique a été ouvert pour l’occasion par un internaute). Si la plupart des commentaires font la guerre au “racisme anti-blanc”, d’autres font preuve de leur véhémence face à ce nouveau jeu des studios “à la solde des Social Justice Warrior”, c’est à dire des progressistes. Ainsi certains n’hésitent pas à critiquer le “ton Black Matters” et la pression du “politiquement correct” qui pèseraient selon eux sur les développeurs et demandent expressément à Bethesda de rester “subversif”.
Tueurs de nazis de père en fils
Ce n’est pas la première ni la dernière polémique qui touchera la saga Wolfenstein. Cette série emblématique débuta sur Apple II en 1981 avec Castle Wolfenstein. Ce jeu est alors développé par le studio Muse Software et consiste en un jeu d’infiltration dans une forteresse nazie. Laissé à l’abandon après un second épisode, c’est réellement en 1992 avec Wolfenstein 3D, développé par le studio id Software et mené par le duo John Carmack/John Romero que la série démarre sa véritable ascension. La vue FPS dans des niveaux en 3D, ses labyrinthes, ses armes mais aussi son ambiance à la fois violente et subversive (ce n’est pas tous les jours que l’on peut affronter un mécha-Hitler) font rapidement le succès du titre.
Un succès qui se confirmera que ce soit par la suite du jeu Spear of Destiny, sortie seulement quatre mois plus tard ou dans les autres licences du studio avec bien sûr Doom et Quake, qui feront les belles heures du débat sur les jeux vidéo et le rapport à la violence.
Après quelques tentatives ratées de remettre la série sur le devant de la scène avec Return to Castle Wolfenstein (2001) et Wolfenstein (2009), c’est véritablement avec le rachat du studio id Software par Zenimax, branche mère de Bethesda que la licence retrouvera le salut. Tandis que l’épisode The New Order fera office de reboot en testant l’uchronie, l’épisode The Old Blood (2015) place le joueur dans un retour aux sources avec l’attaque d’une forteresse nazie, le château Wolfenstein.
En attendant la sortie de Wolfenstein II: The New Colossus, prévue pour le 27 octobre, l’alt-right ne s’arrête pas en si bon chemin puisque paradoxalement, ces derniers reprochent aussi aux développeurs d’une autre licence phare, le prochain Call of Duty WW2 de n’avoir pas su intégré correctement la croix gammée dans le nouvel opus.
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