Depuis le début de la campagne présidentielle américaine, Donald Trump ne cesse d’adresser des flatteries au président russe, Vladimir Poutine. Sont-ils pour autant sur la même longueur d’onde ?
En Lituanie, sur le mur d’un restaurant de la capitale Vilnuis, une oeuvre de « street art » a fait parler en mai 2016. Elle brosse le portrait de deux hommes s’embrassant passionnément : Donald Trump et Vladimir Poutine. A contre-courant, le candidat républicain à la présidentielle américaine ne cache pas son admiration pour Poutine. Et le flatte régulièrement, au point d’être dépeint par Slate comme « le pantin de Poutine ». En juillet dernier, la candidate démocrate Hillary Clinton a même accusé Trump d’« allégeance absolue aux objectifs russes en matières de politique étrangère ».
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Street art in Vilnius, Lithuania at keuleruke #MakeAmericaGreatAgain#Trump#Putin#makeout#session#Vilnius ???????????????? pic.twitter.com/JnZ90vxOAB
— charlie amter (@charlieamter) July 1, 2016
Aux Etats-Unis et même dans son propre parti, son admiration décomplexée pour le président russe détonne. Le New York Times y a consacré un article qui élucide la russophilie du candidat républicain à la présidentielle américaine. Nous vous l’avons traduit ci-dessous.
Poutine, un modèle présidentiel pour Trump
Comme les médias russes pro-Kremlin, Donald Trump est convaincu que Poutine est un faire-valoir nécessaire à une puissance américaine agressive mais incomplète. Mercredi dernier, lors d’un forum sur la défense nationale, Trump a à nouveau flatté le président russe, assurant qu’il était beaucoup plus respecté qu’Obama. Si le président américain a essuyé de nombreux affronts sur la scène mondiale, il a aussi été le seul chef d’Etat privé de tapis rouge, à la sortie de son avion au sommet du G20 de Hangzhou (Chine), début septembre. Un accueil embarrassant, qui révèle d’après Trump le manque de leadership d’Obama.
« [Poutine] est un leader, bien plus que notre Président », a affirmé Trump dans la foulée.
Sans surprise, la candidate démocrate Hillary Clinton a vivement critiqué ces propos, tout comme certains républicains. Le Président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a rappelé que Poutine n’était pas un potentiel allié des Etats-Unis, mais un adversaire.
« Le leader du monde libre »
Pour Trump comme pour les partis nationalistes européens, Poutine est tout l’opposé de Barack Obama, qu’il juge inefficace et trop compliqué. En Syrie par exemple, l’intervention russe n’a pas été hésitante, au contraire de la politique étrangère américaine.
En 2013, alors que les Etats-Unis avaient menacé Bachar el-Assad de frappes aériennes s’il ne mettait pas son armement chimique sous contrôle, Poutine a réussi à le pousser à accepter de démanteler ses armes chimiques. Le président russe a ainsi empêché des bombardements américains en Syrie, et a été vu par certains conservateurs comme le « leader du monde libre ». Quant aux journalistes du Forbes magazine, ils l’ont classé homme le plus puissant du monde à plusieurs reprises.
« Trump voit Poutine comme un homme fort, qui fait bouger les choses, note Angela E. Stent, professeure à Georgetown university, citée par le New York Times. Tout le monde fait attention à lui. Depuis l’année dernière, les opérations militaires russes en Syrie l’ont remis au centre de la diplomatie mondiale. »
Malgré ses succès, Poutine attise les critiques. Entre une économie corrompue et une démocratie défaillante, la Russie marginalise toute opposition politique. En 2014, elle a subi des sanctions internationales après avoir annexé la Crimée. S’en est suivi une période d’isolement diplomatique pour Poutine. Lors du meeting du G20 en Australie en 2014, le président russe a dû déjeuner seul, puis a quitté le sommet avant sa fin, rappelle Angela E. Stent.
Deux dirigeants autoritaires
D’après Nina Khrushcheva, professeure d’études internationales également interrogée par le New York Times, Poutine et Trump partagent la même vision du leadership : autoritaire et coriace. « Trump aspire à être un leader ferme, capable de tenir tête aux grands de ce monde », note Khrushcheva. Il aimerait être comme Poutine, qui n’a pas hésité à fixer avec insistance Obama, lors du dernier meeting du G20 en Chine.
Instantly iconic shot: Obama-Putin death stare @McFaul @Hubriscorpus pic.twitter.com/0n3TSN36OZ
— Adam Khan (@Khanoisseur) September 7, 2016
Mais Trump n’a jamais évoqué les nombreux sujets qui divisent les Etats-Unis et la Russie. Une présidence de Trump n’augurerait pas forcément un réchauffement important des relations entre les deux pays. Toutefois, Trump se plaît à répéter les compliments que lui a adressé Poutine en décembre dernier. Le président russe l’avait alors qualifié de « yarki », un adjectif russe qui peut signifier « brillant », ou « haut en couleurs ».
Poutine nuance
Enthousiasmé, Trump a assuré ce mois-ci que les Etats-Unis et la Russie pourraient s’unir pour la lutte contre Daesh, s’il est élu. « Ne serait-il pas merveilleux de pouvoir travailler ensemble et vaincre Daesh ? », a-t-il lâché. Bien que Poutine ne semble pas décidé à changer sa politique en Syrie, il accueillerait à bras ouverts une administration américaine dirigée par Trump, qui lui serait forcément plus favorable.
Si les médias du Kremlin ne cessent de louer Trump, Poutine affiche cependant une opinion bien plus nuancée sur l’élection présidentielle américaine. Avant le dernier meeting du G20, dans une interview à la chaîne de télévision Bloomberg, le président russe a raillé les « méthodes de choc » de Trump et Clinton. « Je ne pense pas qu’elles soient très exemplaires », a-t-il soufflé.
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