Sean Percival, ancien vice-président du marketing de Myspace, est revenu sur les causes de l’échec du réseau social, lancé en 2004, dans un discours donnée à Oslo la semaine dernière. Il rappelle tout d’abord que « Myspace n’existait pas réellement en tant qu’entreprise« :
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« Il y avait une entreprise de marketing qui faisait du commerce en ligne: ils vendaient tout et n’importe quoi, en gros. Ils vendaient des pilules amaigrissantes, des hélicoptères télécommandés ».
Myspace s’est créé en réponse à Friendster (réseau social dédié aux jeux vidéo): « Ils ont regardé Friendster, et ils se sont dit « ouaouh, les gens passent un nombre incroyable d’heure sur ce site. Nous devrions le copier. Et tout ce qu’ils voulaient faire c’est créer un réseau social afin de refourguer leurs pubs pour les produits horribles qu’ils commercialisaient. C’est comme ça que ça a commencé. »
Par la suite, Myspace a cherché à attirer des membres influents, à commencer par des « filles hot qui s’étaient fait virer de Friendster », comme Tila Tequila, et des groupes.
Sean Percival rejoint l’entreprise en 2009, au moment où elle commence à décliner face à la concurrence de Facebook. « Je me rappelle de la première réunion avec toute l’équipe. C’était la réunion la plus bizarre et la plus triste que j’ai jamais faite. Tout le monde s’avouait vaincu. » Percival met la défaite de Myspace sur le compte de son éparpillement, de la musique aux célébrités en passant par le sport.
« Je peux vous dire que les nerds n’allaient pas sur Myspace pour débattre du dernier livre de John Grisham! Myspace allait un peu partout et ça a été leur grosse erreur. Facebook a fait le très bon choix de ne pas faire ça… La leçon à retenir est: fais un truc très bien, pas plein de choses moyennes. Dans notre cas, nous faisions pleins de choses plutôt nulles. »
La deuxième raison de l’échec de Myspace tient à sa mauvaise gestion financière. Sean Percival assure que le réseau social claquait un maximum d’argent dans le développement, sans suivre de réelle stratégie:
« Combien d’argent perdu ? Je ne sais même pas, mais ça se chiffre en milliards de dollars. Le site était un gigantesque sac de nœuds. (…) Ils n’avaient aucun respect pour les utilisateurs. Tout ne tournait qu’autour de la monétisation. Faire de l’argent. (…) Et si vous regardez Facebook, le gagnant, il n’y a jamais eu de focus sur la monétisation au départ. Très peu de pubs. Et quand ils s’y sont mis, ils ont fait de belles pubs. »
Sean Percival regrette encore aujourd’hui que Myspace n’ait pas changé de nom et ne se soit pas concentré exclusivement sur la musique:
« Nous n’avons jamais voulu admettre que nous avions perdu la bataille du réseau social. Facebook avait remporté la guerre de l’identité. Sur Facebook, vous aviez votre vrai nom, vous étiez vous-même. Sur Myspace, vous étiez quelque chose comme 420princessxxx ou un autre de ces pseudonymes bizarres. »
Pour lui, le successeur actuel de Myspace est Spotify, dans la mesure où il mêle réseau social et streaming de musique. « Nous avons cherché à acheter Spotify, révèle-t-il au passage, et ils ne voulaient absolument pas nous vendre leur entreprise. Ils n’en avaient pas besoin. »
Mais si Percival parle de l’échec retentissant de Myspace, il s’agirait de ne pas oublier que le réseau social, racheté par Justin Timberlake en 2011, est toujours en vie. En novembre dernier, Myspace comptabilisait 50,6 millions de visiteurs uniques, soit une hausse de 575% par rapport au mois de novembre 2013.
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