Et si les sites de rencontres favorisaient l’entre-soi des élites? C’est le postulat de l’émission « Clubs fermés sur internet » dans Les Nouvelles vagues sur France Culture du mercredi 12 avril.
« Ils étaient faits pour se rencontrer. » La voix faussement enjouée de Michelle Laroque imite une présentatrice d’émission télévisée des années 1980, Tournez manèges. Durant le programme, des inconnus se rencontraient avec pour ambition de trouver l’âme soeur. Aujourd’hui, ce n’est plus à la télévision que des inconnus se mettent en relation, mais sur internet. Meetic, Attractive World, Tinder. Autant de sites et d’applications qui laisseraient penser que n’importe qui peut avoir un rendez-vous avec un parfait inconnu, aux origines socio-culturelles très différentes.
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Les faits contredisent ces espérances. Marie Bergström, docteure en sociologie et auteure d’une thèses sur les sites de rencontre constate que Meetic et ses concurrents favorisent finalement un entre-soi sociologique. Autrement dit, un cadre préfère rencontrer un cadre, un patron, un autre patron et ainsi de suite. Cette tendance se voit surtout avec l’apparition de nouveaux sites encore Attractive World ou le service Meetic VIP, réservé aux « célibataires exigeants ».
Outre la classe sociale, l’appartenance religieuse représente aussi un critère de sélection avec des plateformes comme Mektoube.fr dédié aux musulmans ou Theotokos pour les catholiques. « Ces sites seraient le reflet d’un nouvel entre-soi », analyse la docteure en sociologie au micro de France Culture.
Des pratiques déjà existantes
Internet n’a pas inventé ces critères de sélection. Pour la sociologue, la toile ne fait qu’accentuer des comportements déjà présents dans la vie quotidienne. Et ce depuis le XIXe siècle. Marie Bergström a relevé que ces petites annonces élitistes existaient dans les milieux bourgeois. Aujourd’hui, les sites utilisent de nombreux procédés à l’œuvre dans les classes sociales aisées. Par exemple, certaines plateformes utilisent des procédés comme la cooptation (on ne peut rentrer que si on a le parrainage d’une personne qui appartient au cercle en question). Certains sites comme Happy few concept vont même jusqu’à vérifier les diplômes que l’internaute dit posséder.
Des basses lourdes retentissent. Une patronne de bar crie pour couvrir la musique de fond. Inscrite sur attractive world, elle témoigne au micro de Maylis Besserie: « Le mythe du patron qui épouse sa secrétaire c’est un peu fini. Sur ce site, on peut rester entre personnes du même milieu. En plus, c’est relativement cher, ça montre qu’on est prêt à s’engager. » Autant de critères qui favorisent un entre-soi entre personnes d’un même milieu.
Des critères différents
Pour sélectionner sa future âme soeur, de nouveaux éléments entrent en jeu. La patronne de bar note que:
« Dans la vraie vie, on est attentif à la manière dont la personne tient son verre, fume sa cigarette. Sur attractive world, on est sensible à l’orthographe, aux mots, à d’autres choses qu’on ne voyait pas avant. »
Un constat partagé par Marie Bergström: « Le profil se substitue à l’apparence. Il faut se présenter en photo et sa présentation. L’écrit aussi tient une place importante. L’orthographe, et la ponctuation sont cruciaux car ils représentent des critères sociaux. »
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