“En attaquant la France, Daesh est devenu notre ennemi public numéro un, explique le spécialiste de l’islam Olivier Roy, dans une tribune publiée dans le New York Times. Depuis, les messages de solidarité pleuvent de tout le monde occidental. Et pourtant elle est curieusement seule. Jusqu’à maintenant, aucun autre Etat ne traitait Daesh comme la principale […]
« En attaquant la France, Daesh est devenu notre ennemi public numéro un, explique le spécialiste de l’islam Olivier Roy, dans une tribune publiée dans le New York Times. Depuis, les messages de solidarité pleuvent de tout le monde occidental. Et pourtant elle est curieusement seule. Jusqu’à maintenant, aucun autre Etat ne traitait Daesh comme la principale menace stratégique dans le monde aujourd’hui.” Bien que les États-Unis frappent Daesh, il n’envisage pas d’envoyer des troupes au sol, à la différence de l’après-11 Septembre.
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« Au Moyen-Orient, les principaux acteurs ont d’autres adversaires qui leur semblent plus importants, analyse Olivier Roy. Pour Bachar al-Assad, il s’agit de l’opposition syrienne, maintenant aussi la cible principale de l’intervention militaire russe qui le soutient. Bachar al-Assad gagnerait en effet à ce qu’il n’y ait rien entre lui et Daesh. Cela lui permettrait de se poser en ultime rempart contre le terrorisme islamique, et de regagner aux yeux de l’Occident la légitimité qu’il a perdue en réprimant la population syrienne aussi violemment que son régime l’a fait. »
En supprimant les opposants à son régime, Bashar al-Assad devient l’ultime rempart contre Daesh. De leur côté, les Turcs se battent contre l’irrédentisme Kurde, puisque si ces derniers gagnent contre Daesh, le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) pourrait reprendre sa lutte armée en Turquie.
Les limites de Daesh
Selon Olivier Roy, « une guerre ne se gagne pas sans infanterie au sol ». Pour autant, l’expansion de Daesh est bornée, parce que le mouvement a atteint la limite des zones où les populations arabes sunnites voient en lui un défenseur. Et d’ajouter :
« Comme Al Qaeda, Daesh n’a aucun soutien populaire dans les populations musulmanes vivant en Europe ; il n’y recrute qu’à la marge. »
Si une opération occidentale terrestre massive comme celle conduite en Afghanistan en 2001 est à exclure, Olivier Roy met en avant l’idée d’une « offensive terrestre coordonnée des acteurs locaux ». Même si à ses yeux, ce scénario « reste improbable tant sont diverses leurs motivations et leurs arrière-pensées. Pour cela il faudrait d’abord trouver un accord politique entre les acteurs régionaux, à commencer par l’Arabie saoudite et l’Iran. ».
« La route est donc encore longue, à moins d’un effondrement soudain de Daesh du simple fait de la vanité de son projet d’expansion permanente ou des tensions entre ses volontaires étrangers et les populations arabes locales. En tout cas, Daesh est son propre pire ennemi », conclut Olivier Roy.
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