Il est courant d’entendre que “l’électorat musulman” aurait voté en masse pour François Hollande en 2012, lors de l’élection présidentielle. Il est tout aussi courant d’entendre que ce même “électorat” se serait détourné par la suite du PS après l’adoption du mariage pour tous. Pour y voir plus clair dans ce marigot, la Fondation Jean […]
Il est courant d’entendre que « l’électorat musulman » aurait voté en masse pour François Hollande en 2012, lors de l’élection présidentielle. Il est tout aussi courant d’entendre que ce même « électorat » se serait détourné par la suite du PS après l’adoption du mariage pour tous.
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Pour y voir plus clair dans ce marigot, la Fondation Jean Jaurès a réalisé une étude sur le vote de l’électorat d’origine « arabo-musulmane » dans sept villes (Marseille, Roubaix, Toulouse, Perpignan, Aulnay-sous-Bois, Mulhouse et Creil). Les statistiques ethniques étant interdites, l’étude s’est basée sur les prénoms des électeurs et porte non pas sur les seuls musulmans, mais sur l’ensemble des électeurs de culture ou d’origine musulmane.
Plusieurs tendances se retrouvent confirmées par cette étude : en 2012, les bureaux de votes où la proportion de personnes d’origine arabo-musulmane était important ont été marqués par une forte domination de la gauche. A Marseille, François Hollande arrive donc en tête dans les 2/3 des bureaux de vote comprenant plus de 8 % de cet « électorat », dans 84 % de ceux qui comptent entre 11% et 16% et dans tous ceux qui en comptent plus de 16%.
Pas d’effet « Mariage pour tous »
Pour l’auteur de l’étude, Jérôme Fouquet, la défaite de la gauche à Marseille, lors des municipales de 2014 s’explique donc pour partie par la perte de cet « électorat ». Reste à savoir ce qui les a motivés. Pour ce faire, l’auteur a réalisé une trentaine d’entretiens qualitatifs avec des électeurs de Marseille et de Roubaix. « L’adoption du mariage pour tous a sans doute contribué à accroître la déception mais n’en constitue pas le principal ressort », souligne l’étude. Cependant, les débats autour de l’enseignement de “la théorie du genre” à l’école aurait suscité « une opposition plus aigüe » .
C’est principalement la dégradation des conditions de vie dans certains quartiers des villes ciblées qui serait à l’origine de ce désamour et qui « a pesé plus lourd que les questions sociétales dans la volonté de sanctionner la gauche au pouvoir », complète l’étude. La tendance va-t-elle s’inverser ? Pour Jérôme Fouquet, c’est peu probable mais il ajoute que ces voix perdues ne profitent ni à la droite « qui peine à pénétrer cet électorat » ni au FN qui « conserve un très fort pouvoir répulsif. »
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