Après l’assassinat de l’ex-président par ses anciens alliés outhistes, la situation est de plus en plus confuse au Yémen et de plus en plus dramatique pour ses premières victimes, les populations civiles.
Autrefois surnommé, bien mal, “Arabie heureuse”, le Yémen est soumis à une grave crise militaire et humanitaire depuis 2014, sans que cette tragédie parvienne à briser le mur de l’indifférence, contrairement à d’autre conflits comme ceux de Syrie ou d’Irak. Peut-être est-ce dû pour une large part à la difficulté pour les médias de pénétrer dans ce petit pays montagneux, pauvre et bordé par la mer Rouge, sillonnée par des navires saoudiens qui pratiquent un blocus inhumain.
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La guerre est due à la rébellion houthiste, du nom de son fondateur Hussein al-Houthi, issue d’une minorité de l’islam chiite qui représente un tiers de la population. On y retrouve l’éternel conflit entre chiisme et sunnisme, qui passe pour l’occasion par l’affrontement géopolitique entre l’Iran, soutien des rebelles et l’Arabie Saoudite, championne du sunnisme, en lutte pour la suprématie au Moyen-Orient.
Les Saoudiens dirigent une coalition d’États arabes appuyant le dernier président, Abd Rabbo Mansour Hadi. En face la rébellion houthiste s’était alliée à l’avant-dernier président, Ali Abdallah Saleh.
Les rebelles ont réussi à conquérir Sanaa, la capitale en 2014 et à s’emparer du port stratégique de Hodeida situé sur la mer Rouge. Ultime imbroglio, Ali Abdallah Saleh avait fait volte-face et s’était rallié à l’Arabie saoudite. Les houthistes l’ont exécuté pour cette trahison. La guerre continue à faire rage.
La guerre et le choléra
L’ONU affirme que la situation au Yémen constitue “la pire crise humanitaire au monde”. Plus de 20 millions de personnes, dont 11 millions d’enfants, ont désespérément besoin d’aide humanitaire. La semaine dernière, cinq ONG présentes sur le terrain ont appelé à la cessation immédiate des hostilités dans le pays, et demandé la possibilité d’un “accès humanitaire total et sans entraves aux personnes dans le besoin”. Car comme dans de nombreux conflits actuels, ce sont les civils qui sont les premiers touchés. Les réfugiés qui ont dû fuir les combats sont très nombreux et touchés de plus par une très grave épidémie de choléra.
Selon Frédéric Joli porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) “le choléra touche plus de 600 000 personnes aujourd’hui au Yémen. En détruisant de façon indiscriminée les systèmes d’approvisionnement en eau, et bien les eaux usées et sales se sont mélangées à l’eau potable et le choléra est apparu.” Pour l’OMS, plus de 960 000 cas ont été recensés depuis avril, et l’épidémie a fait plus de 2 200 morts.
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