Opposée à la « repentance », la présidente du Front national a affirmé ce dimanche 9 avril, dans l’émission « Grand Jury » que la France n’était pas responsable de la rafle du Vél d’Hiv. Des associations juives dénoncent ce « révisionnisme »
Des propos qui rappellent ceux de son père. Invitée dans l’émission Grand Jury, diffusée sur RTL ce dimanche 9 avril, la présidente du Front national a déclenché une polémique en niant la responsabilité de la France dans la rafle du Vél d’Hiv, à Paris. Conduite par la police française en 1942, 13 000 juifs avaient été arrêtés et déportés. « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél d’Hiv », a affirmé la candidate frontiste.
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« Je pense que, de manière générale, plus généralement, d’ailleurs, s’il y a des responsables, c’est ceux qui étaient au pouvoir à l’époque, ce n’est pas la France. La France a été malmenée dans les esprits depuis des années. En réalité, on a appris à nos enfants qu’ils avaient toutes les raisons de la critiquer. De n’en voir que peut-être que les aspects historiques les plus sombres. Je veux qu’ils soient à nouveau fiers d’être Français », a-t-elle ajouté.
« Papa, l’homme du détail, doit être content »
Des propos très critiqués sur la toile, notamment chez ses adversaires. « En niant la responsabilité de l’Etat français sur le Vél’ d’Hiv, Marine Le Pen rejoint son père sur le banc de l’indignité et du négationnisme », a réagi Christian Estrosi. « Papa, l’homme du détail, doit être content », a tweeté la sénatrice EE-LV, Esther Benbassa.
#Déportation ds #Juifs @MLP_officiel nie la responsabilité de la France. Papa, l'homme du #détail, doit être content https://t.co/BQch2e0qNT
— Esther Benbassa 🌻 (@EstherBenbassa) April 9, 2017
« D’aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen, a réagi de son côté Emmanuel Macron sur BFM-TV. C’est une faute grave ce qu’elle a fait. » Le candidat d’En marche ! a ensuite salué l’initiative de Jacques Chirac, qui « avait justement pris ses responsabilités et eu un geste courageux ».
Le « révisionnisme » de Marine Le Pen
Dans des communiqués, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a dénoncé le « révisionnisme » de Marine Le Pen.
« La rafle du Vél’ d’Hiv est un événement marquant de l’antisémitisme d’Etat du régime de Vichy. En réécrivant l’histoire, Marine Le Pen salit la mémoire des Français juifs déportés en raison de la politique antisémite et collaborationniste de ‘l’Etat français’« , déplore l’UEJF.
L'UEJF dénonce le révisionnisme de @MLP_officiel. https://t.co/wSSkHEvUvA
— UEJF (@uejf) April 9, 2017
Le 16 juillet 1995, Jacques Chirac, président de la République, avait officiellement reconnu la responsabilité de la France dans la déportation, et notamment la rafle du Vél d’Hiv.
« La France, patrie des Lumières et des droits de l’homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français », avait-il déclaré.
A l’époque, Jean-Marie Le Pen avait qualifié ça de « dette électorale » envers la communauté juive. Puis, comme le rappelle Libération, en 2010, il avait jugé que la rafle du Vél d’Hiv n’avait « pas été d’initiative française » ajoutant que la police avait aussi sauvé quelques juifs. Invité en 1987 sur la même émission que sa fille ce dimanche, il avait qualifié les chambres à gaz de « point de détail » de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
« Fidèle à son habituel refus de toute ‘repentance’ «
Le 1er mars dernier, le président d’honneur du FN a été condamné par la cour d’appel de Paris à 30 000 euros d’amende pour avoir avoir qualifié, une deuxième fois, en avril 2015, les chambres à gaz de « détail » de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Il a été condamné pour contestation de crime contre l’humanité.
« En revenant sur cette ligne, consensuelle depuis plus de vingt ans, Marine Le Pen est fidèle à son habituel refus de toute ‘repentance’ nationale, et peut prétendre se placer dans la continuité gaulliste », analyse Libération.
Un retour en arrière pour Marine Le Pen ?
La candidate frontiste avait pourtant, dès sa nomination à la tête du parti, balayé d’un revers de main les propos de son père en qualifiant la Shoah de « summum de la barbarie ». Elle s’est justifiée dans un communiqué publié dimanche soir.
« Comme Charles de Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’Occupation et que le régime de Vichy n’était pas la France. C’est une position qui a toujours été défendue par le chef de l’Etat, avant que Jacques Chirac et surtout François Hollande, à tort, ne reviennent dessus », indique-t-elle avant de qualifier le régime de Vichy de « régime collaborateur et illégal ».
Dans un statut publié sur Facebook, le spécialiste des droites extrêmes Nicolas Lebourg, rappelait quant à lui certaines évidences historiques :
« Il est vrai qu’une partie de l’action avait été privatisée, le Parti Populaire Français ayant prêté ses nervis. Il est vrai que Victor Bartéhémy, n°2 du PPF, fut trente ans plus tard le numéro 2 du FN. Soyons donc conciliants avec madame Le Pen et reconnaissons lui que certains furent plus responsables que d’autres. «
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