La nouvelle ambassade américaine, jusqu’alors située à Tel Aviv, a été inaugurée le lundi 14 mai à Jérusalem : jour du 70ème anniversaire de la création d’Israël et veille du “Nakba”, l’exode palestinienne. Une guerre des symboles qui met le feu à Gaza.
Alors que les manifestations sur la bande de Gaza sont sévèrement réprimées, les rues de la “Ville Sainte” sont en fête. Ce lundi 14 mai, les États-Unis inaugurent leur ambassade à Jérusalem .En réaction, des dizaines de milliers de Palestiniens ont protesté à Gaza, une cinquantaine d’entre-eux ont trouvé la mort. Si ce déménagement a provoqué des heurts aussi violents, c’est que le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem est très symbolique. Il entérine la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël alors que son statut est source de tensions.
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Un brasier historique
En 1947, le plan de partage de la Palestine par l’ONU prévoit trois entités : un État juif, un État palestinien, et Jérusalem sous régime international spécial. Mais un an plus tard, Israël est créé et fait de Jérusalem-Ouest sa capitale. Jérusalem-Est reste, elle, sous administration jordanienne.
Israël investit massivement dans Jérusalem-Ouest. Sa population double, atteignant 190 000 habitants en 1967. Scindée en deux, la ville se développe à deux vitesses. Mais lors de la guerre des Six Jours en 1967, Israël annexe Jérusalem-Est. L’État Hébreu se félicite d’avoir enfin réunifié Jérusalem.
Le 30 juillet 1980, le Knesset entérine ce statut. Le parlement israélien proclame Jérusalem comme capitale d’Israël “une et indivisible.”
L’ONU qui considère Jérusalem-Est comme un territoire occupé réagit. Elle déclare la loi comme “nulle et non avenue”. Pour les Nations-Unis, Jérusalem n’est pas la capitale d’Israël et doit rester sous statut international. Pour l’organisation internationale, les ambassades n’ont donc pas à y siéger.
La question du statut de Jérusalem est d’autant plus épineuse que la ville est sainte pour musulmans, juifs et chrétiens.
“C’est un coup fatal à un processus de paix déjà mort depuis plusieurs dizaine d’années”
Pour Israël, cette reconnaissance de Jérusalem par les États-Unis est capitale, comme l’explique Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien : “ La décision du président Trump de déplacer l’ambassade des États-Unis à Jérusalem affirme une grande et simple vérité – Jérusalem a été la capitale du peuple juif au cours des 3 000 dernières années ; elle a été la capitale de notre État au cours des 70 dernières années ; elle restera notre capitale pour toujours.”
Du côté palestinien, ce déménagement est perçu comme le summum de la provocation. Pierre Puchot, auteur de La paix n’aura pas lieu aux éditions Don Quichotte le confirme : “Reconnaître Jérusalem comme capital, c’est nier le fait que les Palestiniens ont le droit à un État, à une souveraineté.” Alain Gresh, journaliste spécialiste du Proche-Orient et directeur d’Orient XXI renchérit : “ Les États-Unis et Israël méprisent les revendications palestiniennes. L’image de l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem l’a bien montré. Pendant que des Palestiniens meurent à Gaza, on boit du champagne.”
Une situation qui divise davantage les deux peuples. Pour le directeur d’Orient XXI, “la situation à deux états étaient déjà difficile à envisager mais désormais elle est encore plus problématique.”
Pierre Puchot fait le même constat et s’alarme “de l’absence de relance du processus de paix”. “ C’est un coup fatal à un processus de paix déjà mort depuis plusieurs dizaine d’années.” ajoute Alain Gresh.
Les États-Unis disent agir pour la paix
Lors du point presse quotidien de la Maison Blanche, l’administration Trump a réaffirmé son soutien au processus de paix entre Israël et les Palestiniens. Selon eux, le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem en fait partie.
« En reconnaissant enfin Jérusalem comme capitale d’Israël, les Etats-Unis ont choisi les faits au détriment de la fiction. Et les faits sont les seules vraies fondations pour une paix juste et durable« , a déclaré le vice-président Mike Pence.
Un anniversaire mortuaire
Ces événements sont survenus à une date importante pour l’histoire d’Israël et de la Palestine. Le 14 mai est le jour de la création de l’État hébreu et la veille du « Nakba » (catastrophe en arabe) qui commémore l’exode palestinien. A la suite de la création d’Israël, de nombreux Palestiniens ont du fuir leurs terres.
Le 14 mai 2018 qualifié de « grand jour pour Israël » par Donald Trump est aussi la journée la plus sanglante depuis la guerre de 2014.
Big day for Israel. Congratulations!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 14 mai 2018
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