Ebay l’affirme : les reventes de cadeaux de Noël explosent cette année le 7 janvier. Véritable phénomène ou stratégie de com’ bien rodée ? Et quels rôles les médias jouent-ils là dedans ? Explications.
Vous connaissez la rengaine : si vous n’aimez pas le pull en mohair rose de Mamie ou l’album de Taylor Swift de Tatie, reçus à Noël, vous pouvez toujours les revendre sur un des nombreux sites de vente en ligne. Et d’après un communiqué de presse de Ebay, vous deviez sauté le pas en majorité le 7 janvier, soit deux semaines plus tôt que l’année dernière. Pourquoi ? Parce que les analystes du site de vente en ligne l’ont prévu. « On n’a pas de boule de cristal, on anticipe ! » s’amuse Leyla Guilany-Lyard, porte-parole de Ebay France. Ses arguments sont imparables :
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1) Les Français sont les premiers, avec les Italiens, à revendre leurs cadeaux de Noël.
2) L’application Ebay pour smartphone permet de mettre un article en vente en 3 minutes top chrono (c’est ce qu’elle affirme, on n’a pas testé).
3) La revente des cadeaux de Noël permet de se faire plaisir pendant les soldes, qui commencent le 16 janvier.
4) Aujourd’hui signe la fin des vacances scolaires, le retour au train-train quotidien et à la morne réalité. En gros, on se rend soudainement compte des dépenses réalisées à Noël et on a bien envie de les compenser.
Selon la porte-parole d’Ebay France, le pic s’est confirmé : à 14h, 25 millions d’annonces avaient été postées sur le site, contre 15 millions le 24 décembre. Même son de cloche du côté de Price Minister, qui n’a pas communiqué la date du 7 janvier mais n’en est pas moins d’accord avec son concurrent. Pour Olivier Mathiot, co-fondateur du site de vente en ligne, ce phénomène tient aussi au fait que Noël est devenue « une fête marketing« . Il explique également que ce sont les 18-24 ans qui revendent le plus à cette période car « Il sont très touchés par la paupérisation, très à l’aise avec les nouvelles technologies et ont une relation à la famille et à Noël plus détendue qu’avant« . Price Minister a été le premier à lancer une campagne de communication sur la revente des cadeaux de Noël en ligne, en janvier 2002 :
« A ce moment là c’était une blague potache. C’est devenu plus sérieux à partir de 2008, avec une inflexion écologique due au Grenelle de l’environnement, à l’idée de recycler un objet, de lui donner une seconde vie, et une autre liée à la crise économique, au pouvoir d’achat. Ces deux critères se sont maintenus jusqu’à présent. Mais les raisons principales sont souvent plus pragmatiques : « ça ne me plaît pas », « je n’en ai pas l’usage », etc. » explique-t-il.
Ce sont aussi et surtout les médias qui ont accru le phénomène, à force d’en parler à tort et à travers. Leyla Guilany-Lyard a donné sa première interview sur le sujet mi-octobre. Oui, deux mois avant Noël. « Les médias ont retiré tout type de tabou de ce phénomène » analyse-t-elle. Pour Olivier Mathiot, « En mettant en scène des témoins qui revendent, les médias montrent que c’est simple, faisable. C’est de la projection identitaire. ça donne l’idée et ça la rend possible. Les médias décomplexent les gens » explique-t-il.
Plus surprenant : la concurrence les sert. On imaginait Price Minister et Ebay se tirer dessus à boulets rouges. Mais non. « C’est comme avec les médias, assure Olivier Mathiot, la concurrence nous aide à développer le phénomène car ce sont d’autres sites que nous qui en parlent. » Price Minister et Ebay ne devraient donc pas s’inquiéter de l’arrivée sur le marché des cadeaux de Noël d’autres sites, comme Troc.com ou Leboncoin.fr. Ce dernier est en pleine hausse de popularité. Selon Lemonde.fr qui lui a consacré un dossier, le 25 décembre dernier, le site, qui ne cesse d’ouvrir de nouvelles rubriques, a reçu quatre millions de visites. En clair : vous n’avez pas fini d’entendre parler du phénomène.
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