Etre un homme et féministe. Deux termes opposés pour certains, une nécessité pour d’autres. Slate a cherché à comprendre ce qui pousse ces hommes à s’engager pour cette cause, voire à militer activement dans des associations.
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C’est notamment l’objet d’un livre du chercheur Alban Jacquemart, intitulé Les hommes dans les mouvements féministes. Socio-histoire d’un engagement improbable (Presses universitaires de Rennes, Archives du féminisme). Les hommes restent encore aujourd’hui très minoritaires dans ces associations, y compris dans celles ouvertes à la mixité, comme Les Chiennes de garde ou Osez le féminisme.
« Des hommes militants féministes, il n’y en a quasiment pas »
En 2009, seuls 20 des 220 adhérents des Chiennes de garde étaient de sexe masculin. Et « le même constat semble pouvoir être établi pour Osez le féminisme », note Alban Jacquemart. « Des hommes militants féministes, il n’y en a quasiment pas, ou très peu. Pour des raisons évidentes : quand on a des privilèges, on n’a pas envie de les perdre », abonde Patric Jean, fondateur de ZeroMacho, qui se définit comme « le réseau des hommes contre la prostitution ».
A première vue, on aurait tendance à croire qu’ils ont dû être attirés là par une rencontre humaine, une mère militante, qui les aura convaincus. En réalité, c’est tout un ensemble de raisons personnelles, certains milieux sociaux favorisant cette prise de conscience. Tout dépend aussi de la forme que prennent ces associations, selon qu’elles soient plus ou moins ouvertes à la mixité.
Se « réconcilier avec une identité stigmatisée »
L’association Mix-Cité Paris, qui faisait de la mixité une priorité, a compté jusqu’à un sixième d’hommes. Les associations mettant en avant la lutte contre les stéréotypes plutôt que l’égalité des droits sont aussi, selon Alban Jacquemart, « plus attractives » dans la mesure où elles tendent « à mettre en parallèle la domination des hommes et la domination des femmes » et leur permettent ainsi « de ne pas se confronter au rapport de pouvoir concret entre hommes et femmes ».
Certaines professions ou domaines d’études sont aussi plus propices à l’engagement, de manière générale, voire à l’engagement féministe, comme les avocats, les médecins, et les chercheurs en sociologie. Alban Jacquemart montre que l’influence directe des mères féministes existe, mais elle est minoritaire. Beaucoup évoquent cependant l’influence de femmes émancipées dans leur entourage. Cela peut aussi s’expliquer par l’absence de figure paternelle. Près de la moitié des militants rencontrés par Slate ont déclaré avoir un père défaillant ou absent. L’influence des compagnes ou épouses féministes est aussi un facteur important.
Certains de ces militants voient une manière de se « réconcilier avec une identité stigmatisée », en décalage avec le modèle masculin hégémonique.
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