Programmation spéciale sur Arte à l’occasion de l’exposition Bowie à Paris : un inventaire complet des masques successifs avec lesquels l’artiste a brouillé les pistes de sa personnalité.
Arte profite de l’exposition David Bowie Is, importée du Victoria & Albert Museum de Londres à la Philharmonie de Paris, pour proposer deux documentaires et deux mini-émissions spéciales. Au film de Gilles Nadeau, Dr. Bowie et Mr. Jones, datant d’il y a quinze ans et relevant plus du collage d’archives que du documentaire stricto sensu (malgré une interview spéciale du chanteur servant de fil rouge), les aficionados préféreront celui de Francis Whately, David Bowie en cinq actes, plus récent et mieux construit, où l’on examine la genèse des albums du chanteur entre 1971 et 1982, commentés par ceux qui y ont collaboré – de Brian Eno à Carlos Alomar en passant par Tony Visconti.
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La face cachée de Bowie
Dans cet hommage de la chaîne franco-allemande, on trouve par ailleurs les petits modules, comme le graphique Tout est vrai (ou presque) et le synthétique Personne ne bouge ! Spécial Bowie, qui explore à sa manière non seulement la carrière de Bowie, mais certains de ses à-côtés. Par exemple l’étrange épisode Labyrinth, pénible film fantastique du créateur des Muppets, qui fut l’occasion du look le plus hideux de la carrière de Bowie, en roi des Goblins à la chevelure arachnéenne ; ou son dérapage nazi lors de sa période Thin White Duke (Station to Station) ; ou la bowiemanie de la comédienne Tilda Swinton, clone féminin de David. La pépite de l’émission étant un document sur l’étrange directrice du fan-club de Bowie, Natacha Smolianoff, mamie gâteau assistant aux concerts en pantoufles.
Le problème d’un tel florilège de films, tous en partie constitués d’archives diverses, c’est qu’ils se recoupent sans cesse. On revoit toujours les mêmes interviews, les mêmes extraits de clips et de concerts – y compris dans le film de Whately, qui comporte heureusement, en sus, des documents inédits (les interviews de musiciens).
Il s’est toujours avancé masqué
Ce maelström d’images illustrant les multiples périodes de Bowie (surtout jusqu’en 2000), marquées par ses diverses incarnations (Ziggy, Aladdin, etc.) correspondant à des concepts-albums, a pour effet d’éclipser totalement sa vraie personnalité et sa vie privée.
C’est que Bowie est avant tout un acteur. Il s’est toujours avancé masqué. Cette première icône autoproclamée du rock a tenu ses meilleurs rôles dans ses disques, ses chansons et concerts. Le cinéma n’a jamais vraiment pu se l’approprier. Il est trop petit pour celui qui, comme le dit le batteur des Spiders From Mars, Woody Woodmansey, était une star même lorsqu’il prenait son petit déjeuner. La “prettiest star”.
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