Quelle est en France, la ville la plus Rock & Roll ? Quel est le foyer hexagonal de la culture indépendante et underground ? Clermont-Ferrand. Qui l’eût cru ? L’Auvergne, cœur de la culture indé et alternative. Une petite Californie européenne. En partenariat avec Rue89.
[attachment id=298]A l’occasion du festival Fnac Indétendances, Clermont-Ferrand a dérobé le titre de capitale rock au grand favori, Bordeaux. Ville de Noir Désir, vivier punk dans les années 1980, ayant fait l’objet d’un remarquable ouvrage en 2006, « Bordeaux Rock(s) », la capitale girondine a mis en avant en vain ses jeunes talents de Kid Bombardos à Magnetix, en passant par Adam Kesher.
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Il faut donc se poser cette question : pourquoi Clermont est-elle la capitale du rock ? Car si le titre a été délivré dans le cadre d’un duel plutôt humoristique et festif, il n’en est pas moins révélateur de certaines tendances de la géographie musicale.
Cocoon, la star du terroir
Vainqueur en 2007 du concours CQFD des Inrockuptibles, Cocoon a incontestablement marqué la scène folk des deux dernières années. La même année, leur premier album, « My Friend All Died In A Plane Crash », fait un véritable carton. (Voir la vidéo)
Un vivier incomparable
Mais avec plus de 500 groupes, il serait bien réducteur de limiter la scène auvergnate à ces super-stars.
En tête vient bien sûr le label Kütu Folk Records, qui produit Pastry Case, Leopold Skin, St.Augustine et The Delano Orchestra. Ces derniers se sont rapidement imposés comme des figures de la scène folk indé, avec leurs deux albums : « A Little Girl, A Little Boy, And All The Snails They Have Drawn » (2008), « Will Anyone Else Leave Me ? » (2009).
Ajouter à cela Kaolin, ou des groupes plus rock, comme Quidam ou The Elderberries. Sans compter Jean-Louis Murat, qui représente fièrement la région depuis 1982.
Mais pour ceux qui en douteraient encore, écoutez plutôt le son rock made in Auvergne, avec « The Little House » de The Elderberries.
Un dynamisme qui ne date pas d’hier
Stéphane Gille, du label indépendant Sober and Gentle, qui produit à la fois Cocoon et les coqueluches bordelaises de Kid Bombardos, était dans une position idéale d’observateur au moment du festival Fnac Indétendances. Ses favoris en compétition étaient les Kid Bombardos, et c’est pourquoi il « aurait voté Bordeaux ». Mais il reconnaît qu’à Clermont-Ferrand, le dynamisme est « hallucinant » :
« Clermont à pris le jeu beaucoup plus à cœur en amont. Et le nombre de groupes là-bas est un vrai truc de fou. On a vu les groupes émerger il y a trois ans. Mais ça fait au moins cinq ans que ça bouge durement. Et beaucoup plus longtemps qu’il y a un gros travail de fond. »
Stéphane Gilles estime que ce dynamisme est particulièrement dû aux structures capables d’accueillir les petits groupes :
« La Coopérative de Mai y est pour beaucoup. Elle organise des concerts super et laisse jouer de jeunes groupes. Ça passe forcément par les petites salles. »
Créée en 2000, la Coopérative de mai est gérée par l’association Pop’Art, et a programmé plus de 1000 concerts, soit plus d’une centaine par an. Plusieurs festivals de musiques actuelles animent par ailleurs la région, dont le festival Europavox, et les Volcaniques de mars.
Ce sont les petites salles qui font les grandes capitales rock. Un principe que la politique culturelle semble avoir oublié à Bordeaux. En effet, cette année plusieurs salles bordelaises (La Centrale, le Son’Art, l’Inca) ont dû mettre la clé sous la porte, faute de subventions et suite à l’augmentation des plaintes d’un voisinage qui change avec la politique d’urbanisme.
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