“Le Parlement devrait rejeter ces changements constitutionnels qui ne sont pas nécessaires et qui entraînent la discorde”. Tels sont les mots sévères du quotidien The New York Times, dans son éditorial du 4 janvier, à propos du projet de révision de la constitution porté par François Hollande. Mettre en place la déchéance de nationalité pour les binationaux […]
« Le Parlement devrait rejeter ces changements constitutionnels qui ne sont pas nécessaires et qui entraînent la discorde ». Tels sont les mots sévères du quotidien The New York Times, dans son éditorial du 4 janvier, à propos du projet de révision de la constitution porté par François Hollande. Mettre en place la déchéance de nationalité pour les binationaux coupables de crimes terroristes ou constitutionnaliser l’état d’urgence « diminuerait les libertés », assure le quotidien.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Les musulmans particulièrement visés
Pour The New York Times, la majorité des presque 3 000 perquisitions administratives réalisées depuis l’instauration de l’état d’urgence après les attentats visait les musulmans, que ce soient leurs maisons, leurs entreprises, leurs mosquées ou leurs salles de prières. Le Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) a noté une flambée des actes islamophobes en France en 2015, et 222 actes islamophobes auraient été commis depuis les attentats du 13 novembre. Parmi ces actes, 119 sont liés à l’état d’urgence. Selon le porte-parole du CCIF Yasser Louati, « il s’agit soit de perquisitions abusives, soit d’assignations à résidence abusives ».
Le Défenseur des droits Jacques Toublon assurait d’ailleurs le 22 décembre sur France 2 qu‘ »on va s’apercevoir qu’il y a un certain nombre de cas dans lesquels les mesures [de restriction de liberté] ont été excessives ». A ce titre, le New York Times rappelle que « les personnes perquisitionnées peuvent porter plainte contre le gouvernement seulement après les faits. Et beaucoup ne savent pas pourquoi elles ont été visées ».
« Les risques d’abus de pouvoir augmentés, sans que cela n’assure la sécurité de la population »
Quant au Syndicat de la magistrature, cité par la revue Regards, il confirmait les réserves du quotidien américain.
« La France a tout à perdre à cette suspension – même temporaire – de l’État de droit. Lutter contre le terrorisme, c’est d’abord protéger nos libertés en refusant de céder à la peur et à la spirale guerrière. Et rappeler que l’État de droit n’est pas l’État impuissant ».
Outre l’état d’urgence, The New York Times ne se prive pas de critiquer la déchéance de nationalité. Il affirme que les trois millions Français binationaux concernés par cette mesure sont majoritairement issus d’un pays musulman. Arguant que ce projet ne respecte pas l’égalité des citoyens devant la loi, The New York Times rappelle que François Hollande avait lui-même dénoncé l’extension de la déchéance de nationalité proposée par l’ancien président Nicolas Sarkozy en 2010. Ce dernier souhaitait alors l’étendre à ceux ayant tué des policiers, gendarmes ou personnes dépositaires de l’autorité publique.
{"type":"Banniere-Basse"}