Chocolat à lécher à même la peau, macarons sur Japonaises et bataille de fromages blancs : pour les 15 ans de Fooding, son fondateur Alexandre Cammas nous raconte quinze anecdotes drôles, insolites ou bizarres qui ont fait ce phénomène. 1 – 3 heures du mat’ à Nova Magazine, naissance du petit “Fooding” En 1993, je suis journaliste à Nova […]
Chocolat à lécher à même la peau, macarons sur Japonaises et bataille de fromages blancs : pour les 15 ans de Fooding, son fondateur Alexandre Cammas nous raconte quinze anecdotes drôles, insolites ou bizarres qui ont fait ce phénomène.
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1 – 3 heures du mat’ à Nova Magazine, naissance du petit « Fooding »
En 1993, je suis journaliste à Nova Magazine – alors dirigé par Jean-François Bizot. On est en plein bouclage d’un gros article sur les nouveaux types de restauration à Paris. Il est 3h du matin, je suis avec Vincent Borel, le rédacteur en chef. Il faut faire le titre et le chapeau de l’article. Je fais une rime en ajoutant -ing à Food. Sans le savoir encore, je crée le mot qui va changer ma vie.
2 – Le Fooding chez Thierry Ardisson
Cinq jours plus tard, je suis chez moi et je regarde « Rive droite / Rive gauche » de Thierry Ardisson sur Paris Première. Il y a un débat sur les nouvelles tendances de la nuit. Un type dit : « La nouvelle tendance c’est le fooding, ça nous arrive de Londres, il s’agit de manger dans un restaurant avec des DJs, etc. » J’hallucine un peu. J’appelle un copain, journaliste à TimeOut Londres, un city magazine londonien, et je lui demande si le terme existe. Il me répond : » Non, « to food » ce n’est pas un verbe, donc c’est une invention ». J’éteins le poste et cours déposer la marque « Fooding ».
3 – Les histoires commencent toujours au déjeuner
Le Fooding, association de « Food » et « Feeling », servira à défendre une approche plus libertaire de la gastronomie. J’organise un déjeuner avec Julie Andrieu, présentatrice TV et critique gastronomique, Emmanuel Rubin du Figaroscope, et Jean-Christophe Napias, qui dirige une collection de guides chez Parigramme. Il y a aussi des gens de Nova, de Colette, du restaurant l’Alcazar et de la Grande Epicerie de Paris. Tout le monde est enthousiaste à l’idée de faire quelque chose de plus moderne sur la gastronomie. On décide de créer la semaine du Fooding en décembre 2000, l’histoire du Fooding et de son guide commence.
4 – Edouard Baer remet les premiers prix Fooding
La première remise des prix Fooding, présentée par Edouard Baer et Henri Chapier, a lieu en décembre 2000 et correspond au premier « vrai » guide Fooding. On récompense aussi bien des grands restaurants que des plus petits, moins conventionnels. Alain Ducasse et Mourad Mazouz sont primés Fooding d’honneur. Dans la salle, une voix s’exclame qu’on mélange « les torchons et les serviettes ». Pour ces gens-là, il y a bien les bas morceaux et les hauts morceaux, deux catégories différentes.
5 – Les pages assassines de Libération
Au moment où sort le premier guide Fooding, Libération publie un papier à charge sur deux pages. Le titre : « Fooding : du flan pour la crème ». Le journaliste explique que j’ai trois téléphones portables – alors que je n’en ai pas -, que je m’habille en costume Paul Smith – je n’ai jamais porté de costume de ma vie. Un « tendanceur » du bureau de style Nelly Rodi prévoit notre mort après 15 jours. D’une cabine téléphonique, j’appelle Jean-François Bizot, patron de Nova, avec des trémolos dans la voix. Il me répond en m’engueulant et ajoute : « Je ne suis jamais cité! ». A ce moment-là, je comprends qu’un mauvais papier, c’est toujours mieux que rien. Bizot me donne une superbe leçon de communication, une leçon de vie même.
6 – Bataille géante de fromages blancs
Décembre 2001, le deuxième festival Fooding se déroule à l’Alcazar. Il fait chaud, il y a trop de monde après le succès de l’année d’avant – les gens mangent à huit sur des tables de quatre. Pour le dessert, on sert des fontainebleaux, des fromages blancs mousseux et crémeux. Karl Zéro en attrape un et le jette en direction d’un des chefs, ça explose en bataille de fontainebleaux dans le restaurant.
Il y a 400 personnes. L’Alcazar appartient à un grand monsieur, Terence Conran. Il est présent et prend peur pour son restaurant. La soirée est écourtée. Je pense à ce moment-là que c’est la fin du Fooding, qu’on a perdu tous les sponsors. Pas du tout. Je tombe sur un responsable marketing de San Pellegrino, caché derrière un pilier. Il me crie « C’est génial! » avec le pouce levé.
7 – Le festival de Cannes Fooding au Palais de Tokyo
Décembre 2002, le Palais de Tokyo vient juste d’ouvrir. Il n’y a rien à l’intérieur. On met du gazon par terre, des frigos numérotés, et les gens se servent dans ceux qui leur sont attribués. La bataille de fontainebleaux a tellement fait parler d’elle que le Palais de Tokyo, c’est le festival de Cannes. A la porte, on voit José Garcia, Emmanuelle Devos, Bob Sinclar, Christian Boltanski, Annette Messager, Bertrand Lavier, les grands patrons de télé, des écrivains, etc.
8 – « Le plus grand rassemblement bobo de l’histoire »
Juin 2003, quais de Seine. On décide cette année-là de faire un pique-nique en mettant les grands chefs aux barbecues avec des DJs. C’est super tendu, parce qu’on n’a jamais organisé un tel évènement. Au moment d’ouvrir, après avoir balayé et nettoyé, on découvre qu’il y a 2 500 personnes en train de faire la queue pour entrer. A l’époque, Zurban et le Figaroscope ont appelé ça le « plus grand rassemblement bobo de l’histoire ».
9 – Le 20h de Claire Chazal
En 2005, on a l’idée de demander à des grands chefs de palaces de faire de la « street food », réinventer les basiques du room service, comme les burgers ou les clubs sandwichs. On a invité le chef du Meurice, du Crillon, du Carlton, etc. pour qu’ils fassent du kebab, des croque-monsieur. On passe au 20h de TF1.
10 – Japonaises aux macarons
En 2005, lors de la soirée de remise des prix au Lutetia, en plus du grand dîner, on récupère une chambre de l’hôtel. Une amie trouve deux japonaises qu’elle déshabille, allonge sur le lit et qu’elle couvre de macarons. Les gens montent dans la chambre un par un, et mangent un macaron sur le corps des Japonaises – c’était assez drôle de voir Wes Anderson les manger sur des têtons.
11 – Le chocolat liquide de Trish Deseine
On fait un nouvel évènement en 2006, lors d’une autre fête Fooding pour la remise des prix et le lancement du guide à l’hôtel Amour, qui vient d’ouvrir. Trish Deseine, une auteure de livre de recettes qui cartonne en France, fait fondre du chocolat pour le déposer sur le corps des gens, là où ils voulaient. Après quoi ils se le faisaient lécher directement sur le corps… Jacques Audiard, Christian Lacroix sont là… J’ignore qui lèche qui… (Rires).
12 – Le Fooding au MoMa de New-York
En 2009, on est une petite poignée à partir aux Etats-Unis pendant cinq mois pour organiser un événement Fooding au MoMA PS1, une annexe du célèbre musée new-yorkais. En deux heures, on écoule la totalité des 3 000 tickets mis en vente. C’est la première fois que la France montre à l’étranger qu’il y a une autre gastronomie que Ducasse et Robuchon.
13 – Les 10 ans avec Joeystarr et Frédéric Mitterrand
En 2010, on privatise une nuit le parc des Buttes Chaumont. On fait venir des artistes et des chefs pour qu’ils cuisinent ensemble. Le chef du Châteaubriand Iñaki Aizpitarte cuisine avec Philippe Katherine, celui des Papilles avec Joeystarr, qui fait la soupe et la sert. Le comble, c’est quand Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, vient faire un discours. Les critiques lui demandent comment il peut défendre la gastronomie française et le guide du Fooding dans le même temps. Il répond que c’est comme en art contemporain : « On peut aimer Rembrandt et Basquiat. C’est en appréciant Basquiat que l’on en vient à goûter Rembrandt, et réciproquement. »
14 – La violence en cuisine à Sciences Po
En 2014, on décide d’organiser un colloque à Sciences Po, dans un amphi rempli, sur les violences en cuisine. On avait d’abord appelé ça ironiquement un « pétard allumé par le Fooding », avant de s’apercevoir que le sujet est ensuite devenu une petite bombe médiatique, couvert par les médias, sur tous les grands journaux, en TV.
15 – Nudisme à Radio Nova
Le 10 mai dernier, dans le cadre de notre émission radio-gastronomique itinérante et mensuelle « Je mange donc je suis » sur Nova, le tandem d’animateurs Mathilde Serrel (Grand Journal) et Matthieu Jauniau-Dallier (Fooding) reçoit l’architecte du Mucem Rudy Riciotti dans le parc d’une table d’hôte à Marseille. Tout en provoc’, Rudy débarque en retard et, comme il a chaud, il se dévêtit. Pour le mettre à l’aise, Mathilde en fait autant. Tout le monde se retrouve à moitié à poil autour des micros, du poisson cru et de la 1664… Je n’en dirai pas plus.
Les 5, 6 et 7 juin, à l’occasion des 15 ans du Fooding, trente-quatre chefs, designers, musiciens et DJs viennent spécialement de Brooklyn, Mission District, Shoreditch, Mitte, Hollywood Strip Mall, et Saint-Gilles entre autres, sans oublier l’Est et le Nord de Paris. C’est La Revanche des Faubourgs !
Programme détaillé des évènements à retrouver ici.
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