Sur France 2, Nicolas Sarkozy a souhaité balayer le méli-mélo Woerth-Bettencourt d’un claquement de doigts. Comme si l’affaire n’avait pas secoué la France depuis 3 semaines.
Nicolas Sarkozy était-il sur la Lune depuis trois semaines? Ou a-t-il vécu comme nous la crise Woerth-Bettencourt? Alors qu’il s’échine à balayer le sujet d’un revers de manche –10 minutes sur une heure d’interview– seuls ses nouveaux cheveux grisonnants et sa toux nerveuse trahissent la tension du Président.
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Car sur le fond, Nicolas Sarkozy n’a pas bougé d’un iota. S’abstenant de répondre à toutes les questions restées en suspens depuis trois semaines, réitérant sa totale confiance à son ministre du Travail « blanchi » à ses yeux de tout soupçon, après la publication du rapport de l’IGF. Et qualifiant de « honte », les accusations portées contre lui d’avoir « ramassé des enveloppes » chez Liliane Bettencourt.
Après les affirmations de Claire T, l’ex-comptable de l’héritière de l’Oréal sur le site Mediapart, partiellement démenties ensuite, Sarkozy s’est contenté de répondre par une question:
« Vous m’imaginez, pendant un dîner, devant les convives à table, repartant avec de l’argent? »
Tout juste a-t-il proposé la création d’une commission pluraliste pour se pencher sur les conflits d’intérêt et conseillé à Eric Woerth d’abandonner la casquette de trésorier de l’UMP, ce que le ministre s’était jusque-là refusé à envisager.
Sarkozy se dit visé parce qu’il « bouscule les intérêts »
Tout cette affaire ne serait donc pour Nicolas Sarkozy qu’une « campagne de calomnie » dont il serait la première victime, à cause de sa politique de réformes:
Quand on « bouscule des intérêts, des situations acquises », on « gêne un certain nombre de gens. La réponse, c’est bien souvent la calomnie, et voilà qu’avec la réforme des retraites, on me décrit comme quelqu’un qui depuis vingt ans, irait chez Mme Bettencourt pour ramasser des enveloppes. J’ai promis une République irréprochable et c’est ce que nous faisons ».
Aucun changement à la réforme des retraites, avec départ à 62 ans
Dans ce contexte, Nicolas Sarkozy a insisté sur sa volonté de ne rien changer, en respectant le calendrier de la réforme des retraites (présentation en conseil des ministres ce mardi 13 juillet, débat à l’Assemblée nationale à partir du 7 septembre) et l’architecture du texte.
Pas question a-t-il souligné de toucher aux 62 ans comme âge de départ légal à la retraite, annoncé par Eric Woerth il y a trois semaines. Tout juste a-t-il expliqué que le gouvernement serait « très à l’écoute » de ce que lui diront les partenaires sociaux et les parlementaires sur les questions de la pénibilité, des carrières longues ou des « polypensionnés » (ceux qui ont cotisé à plusieurs caisses de retraites).
Un remaniement en octobre, comme prévu
L’argument est simple et martelé. S’il n’y pas d’affaire pour Sarkozy, pas question de s’arrêter dessus. Ni de remanier pendant l’été, ce qui signifierait céder à une quelconque « agitation »:
« Si je devais écouter tous les conseils qui me sont donnés, j’aurais fait un premier remaniement après les régionales et j’aurais fait un deuxième remaniement maintenant. Et sans doute les mêmes auraient recommandé un troisième remaniement après la réforme des retraites. Cela donne la valse des ministres et des ministères et une image ridicule de notre pays. »
Le remaniement se fera donc, comme annoncé fin juin devant les députés UMP , à l’automne, avec une équipe resserrée, une fois que la réforme des retraites sera votée. Ajoutant au passage que la réforme de la dépendance se ferait dans la foulée.
Sarkozy martèle les fondamentaux
Presque trop épaisse, la ficelle d’un Président qui tente de reprendre la main est agitée pendant une heure par Sarkozy. Dès lors, le chef de l’Etat revient à ses fondamentaux qu’il décline un à un : lutte contre la délinquance, baisse du nombre de fonctionnaires et des déficits publics.
Dans un contexte de forte chute de popularité, Sarkozy s’échine donc à rassurer son électorat, insistant sur les moments passés en famille plutôt que de parler politique, sur son rapport pacifié à l’argent – « Si j’avais été un homme d’argent, j’aurais fait une autre carrière que de m’engager dans la vie politique au service de mon pays » -, sur sa concentration pleine et entière sur sa tâche, sans penser avant l’automne 2011 à sa réélection.
Au bout d’une heure, Sarkozy remercie d’une petite voix David Pujadas d’une interview qui tombe à pic. Circulez, il n’y a rien à voir.
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