“Les temps où nous pouvions totalement nous reposer sur d’autres sont en partie révolus, a déclaré Angela Merkel, de retour des sommets du G7 et de l’OTAN. J’ai vécu cela les derniers jours.” C’est sous une tente à bière, lors d’une réunion du parti conservateur en Bavière, que la Chancelière allemande a fait cette déclaration fracassante sur l’état de politique internationale. “Nous, les Européens, nous devons vraiment prendre en main notre propre destin”, a-t-elle ajouté devant les 2 500 militants présents.
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D’aucuns y voient l’annonce d’une nouvelle ère en rupture avec l’ordre établi depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. “Aujourd’hui, les Etats-Unis s’engagent dans une direction qui semble diamétralement opposée à celle de l’Europe, en ce qui concerne les sujets majeurs », explique au New York Times Ivo Daalder, ancien envoyé des Etats-Unis à l’OTAN et chercheur à la Brookings Institution, « les commentaires de Merkel sont une reconnaissance de cette nouvelle réalité.”
Désaccords politiques
Le sommet de Taormine (Italie) a été marqué par de graves désaccords à propos de la Russie, de l’écologie, des échanges commerciaux et de l’OTAN.
“Toutes les discussions portant sur le climat ont été très difficiles, pour ne pas dire insatisfaisantes, a souligné Angela Merkel, évoquant une situation à “six, sept en comptant l’Union européenne, contre un”.
En Sicile, le président Américain ne s’est pas lassé de fustiger les pratiques commerciales des autres membres du G7, qualifiant l’excédent commercial allemand de “très, très mauvais”. Il a laissé planer le doute sur la sortie ou non de son pays de l’accord de Paris, signé en 2015 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
I will make my final decision on the Paris Accord next week!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 27, 2017
Je prendrai ma décision sur les Accords de Paris la semaine prochaine.
Si le sommet a été qualifié par la presse « d’atypique”, Paolo Gentiloni, hôte de l’événement, et Emmanuel Macron se sont montrés plus positifs, arguant que Donald Trump avait – au moins – été attentif aux arguments des autres chefs d’Etats. Sur Twitter, ce dernier s’est félicité de ses visites en Europe.
Just returned from Europe. Trip was a great success for America. Hard work but big results!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 28, 2017
Je viens de rentrer d’Europe. Ce voyage a été un grand succès pour l’Amérique. Beaucoup de travail, et de gros résultats !
Une autre forme de coopération
En pleine campagne pour garder une majorité après les législatives, Angela Merkel a également évoqué le Brexit. Elle voit pour l’Allemagne un avenir dans une Europe à 27 dont l’Angleterre ne fera plus partie.
“Bien sûr, nous devons rester amis avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, en bons voisins, là où cela est possible, ainsi qu’avec la Russie. Mais nous devons le savoir : nous devons lutter nous-mêmes, en tant qu’Européens, pour notre avenir et notre destin”
Derrière ces mots, un sujet d’inquiétude soulevé par la position des Etats-Unis : celui de la défense collective. Lors de son discours au QG de l’OTAN, la semaine dernière, Donald Trump, avait omis de mentionner son attachement à l’Article 5, selon lequel les pays doivent intervenir pour défendre leurs alliés.
Pour Ivo Daalder, ce flou ainsi que “ses reproches continus sur l’Allemagne et les autres alliés au sujet du commerce, son apparente volonté de se retirer des Accords de Paris – tout cela suggère que les Etats-Unis sont moins enclins à diriger le monde qu’ils ne l’ont été lors des 70 dernières années.”
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