Créateur de la marque Pigalle Paris, capitaine du collectif Pain O Chokolat et architecte du terrain de basket Duperré, Stéphane Ashpool a tout de l’homme-orchestre. La preuve : il dirige cette semaine “Sound of Paris”, une comédie musicale pas comme les autres invitant sur scène Ichon, Bonnie Banane, Papooz, Bonita ou encore Larry V, pour un spectacle présenté demain à la Salle Pleyel. Rencontre.
Comment vous est venue l’idée de cette comédie musicale ? C’est un genre qu’on estime plutôt désuet de nos jours…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Stéphane Ashpool : J’aime faire des choses originales. Ce projet est venu vraiment simplement, tous les gens qui participent sont des personnes que je connais depuis des années, parfois même depuis quinze ans. Je voulais créer un objet qui unit musique, danse et chant. On peut appeler ça une comédie musicale, un spectacle dansant, une pièce de théâtre ou peut-être juste un concert.
https://www.instagram.com/p/BkNMcgWj9po/?taken-by=bonnie.banane
De quoi parle Sound of Paris ?
Ça parle avant tout de Paris, les sons de Paris, ville que je kiffe et que j’ai passé ma vie à parcourir. C’est un véritable hommage. Je préfère ne pas trop parler de la narration, mais chacun des personnages est emmené dans des scénettes interprétées par nos artistes et danseurs.
Vous avez travaillé avec Ill Studio pour la représentation visuelle. A quoi ressemble le Paris de Stéphane Ashpool ?
L’idée ici était de créer une imagerie, des odeurs – plus que des visuels premier degré – qui vont évoquer un Paris fantasmé, futuriste, mélangé à des éléments d’hier et d’aujourd’hui.
https://www.instagram.com/p/BjuhxTChaQ6/?taken-by=pigalleparis_official
Vous avez également collaboré avec le compositeur et violoniste Thomas Roussel…
Il a fait la bande-son de mes deux derniers défilés : le défilé fait l’an dernier au Musée d’Arts Moderne, puis celui avec le Conservatoire de danse en janvier 2018. Mais le travail est différent pour Sound of Paris, car ici le son était déjà composé par Grande Ville, sans parler du travail avec les musiciens. Le rôle de Thomas était de créer un lien entre les différentes parties.
Et côté mode, qu’est-ce qu’on peut s’attendre à voir ?
J’ai travaillé ce spectacle comme une collection : un thème couleur avec des détails qui correspondent à l’histoire de chaque personnage. L’idée était de rester dans l’univers de chaque artiste. J’ai décidé de ne pas dépareiller les danseurs de manière à ce que le spectateur puisse véritablement se concentrer sur le mouvement.
C’est quoi le “son de Paris” pour vous ?
Il faut lire le titre à plusieurs niveaux. Il y a le son de Paris quand je traverse la ville à vélo tous les jours et que j’écoute la bande-son de la ville, le son de ceux qui créent de la musique à Paris ou y sont basés… Une interprétation aussi diverse que la ville elle-même au final. L’autre jour, je quittais les Papooz à St Germain pour revenir à l’atelier (dans le IXe arrondissement, ndlr) et je me suis dit, c’est ça Paris : la diversité de tous les quartiers et de leur architecture. J’espère avoir réussi à la représenter.
La diversité semble un point crucial du projet. Les artistes que vous avez sélectionnés appartiennent eux aussi à des genres musicaux différents, voire hybrides.
De Papooz à Bonnie Banane, en passant par Ichon, on a choisi des gens différents à 360 degrés. C’est avant tout des gens que j’écoute, que j’ai vus devenir matures, qui ont des personnalités fortes, une esthétique forte et une véritable présence scénique – c’est ce qui fait lien. Malheureusement Oko et Myth Syzer ne pourront pas être présents à cette représentation, mais ils ont participé au projet.
Il y aura d’autres représentations ?
Il faut voir ce spectacle comme une première. L’idée est que le projet soit vu, qu’il plaise et qu’on puisse l’emmener dans différentes villes de France – voire du monde ! L’intention de base, au-delà d’être des gens qui s’aiment, c’est un peu dans la même veine que le terrain de basket que j’ai créé : on n’avait pas d’endroit pour jouer alors j’en ai créé un. Là, j’avais l’impression qu’il n’y avait pas suffisamment de mise en lumière de ces artistes. Il y a de petites vagues, mais l’idée est de tout réunir et de créer une grande vague qui leur apporte de la visibilité à l’étranger. Il est vraiment là mon souhait.
Le monde entier est inspiré par Paris, mais je trouve que ça reste beaucoup à sens unique, surtout ces dernières années. Beaucoup d’artistes viennent prendre l’énergie – elle leur est due, la ville est à tout le monde – mais il faut qu’on puisse nous aussi montrer ce qu’on est capable de faire. Donner une vision plus large, esthétique, travaillée…
>> A lire aussi : “Cinq choses à savoir sur Stéphane Ashpool, fondateur de la marque Pigalle” <<
Plus moderne ?
Oui, vraiment plus moderne. En France, on est des latins, on n’a pas ce côté anglo-saxon qui est dans la présentation du produit jusqu’au bout. On pense qu’arriver sur scène habillé comme dans la vie de tous les jours, quelque part c’est cool. Moi, je ne trouve pas. Si t’as la chance d’être sur une scène, autant tout donner. Après la French Touch, peut-être qu’on pourra porter une nouvelle vague hybride de tous ces artistes qui sont vraiment talentueux. J’ai l’habitude de prendre le rôle de capitaine, si ça peut servir, c’est super.
Sound of Paris, le 21 juin 2018 à la Salle Pleyel, Paris VIIIe. Entrée libre.
{"type":"Banniere-Basse"}